Environnement - Météo France lance un portail inédit de prévisions climatiques régionales à long terme
Combien de jours de gel ou de canicule connaîtrons-nous dans 30 ou 60 ans ? Quelles régions seront les plus touchées par de fortes précipitations ou un déficit de neige ? Pour répondre à ces questions, qui intéressent au premier chef les agriculteurs, les chefs d'entreprise mais aussi les élus qui ont tous besoin d'anticiper les conséquences du changement climatique, les climatologues s'attellent à la "régionalisation" de leurs projections. Parmi les mesures phares du plan national d'adaptation au changement climatique adopté il y a un an figurait le développement d'un "site de référence pour diffuser les informations scientifiques". Le portail Drias les futurs du climat présenté ce 24 juillet par Météo France répond à cet objectif en permettant d'accéder aux projections réalisées dans les laboratoires français de modélisation du climat.
Les données, issues de plusieurs modèles et de différents scénarios d'émissions de CO2, sont accessibles en quelques clics et présentées de façon particulièrement précise, via des cartes nationales et régionales, avec certaines projections utilisant une résolution de seulement 8 kilomètres. "C'est une première internationale avec ce niveau de précision", a fait observer Pierre-Franck Chevet, directeur général de l'énergie et du climat au ministère de l'Ecologie.
A l'échelle mondiale, les modèles climatiques se rejoignent pour prévoir une hausse de plusieurs degrés du thermomètre d'ici quelques décennies. Mais ils ont souvent plus de mal à s'accorder au niveau régional. Pour la France, par exemple, le réchauffement global moyen fait consensus mais les changements à attendre en termes de précipitations, dans le Sud-Ouest, en Bretagne ou dans l'Est, sont eux assez variés selon les modèles. "L'échelle régionale est intrinsèquement difficile", rappelle le climatologue Hervé Le Treut, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace, l'un des laboratoires associés à cette opération. "La notion de précision est délicate, cette connaissance est assortie d'incertitudes", souligne-t-il. "En tant que laboratoire public, c'est un devoir de diffuser ce que l'on sait. Il faut simplement, quand on sort des informations de manière brute, les accompagner d'efforts de traduction", ajoute-t-il, en référence aux nombreuses fiches explicatives également mises en ligne.
"L'idée est d'aller aux limites de ce qu'on pense pouvoir raisonnablement fournir pour faire des études", précise Philippe Dandin, directeur de la climatologie à Météo-France, qui estime que ces innombrables données s'adressent en premier lieu à un public averti. Ces projections régionalisées pourront ainsi être utiles, estime-t-il, à des scientifiques désormais amenés à prendre en compte le climat, sur des sujets comme "la biodiversité ou la santé publique" ou aux bureaux d'étude travaillant pour des entreprises ou des collectivités sur des projets d'infrastructures industrielles ou de transports.
Aujourd'hui limité à la métropole, le portail sera étendu en 2013 à l'outre-mer.