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Mesures économiques en faveur du sport : entre satisfaction et scepticisme

Les annonces d'Emmanuel Macron en faveur du sport ont satisfait la plupart des observateurs. Certains font néanmoins remarquer que plusieurs mesures ne sont pas financées et que les soutiens financiers devront être pérennisés.

Après une première enveloppe de 120 millions sur deux ans annoncée au mois de septembre, le sport s'est vu octroyer de nouveaux moyens financiers pour faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire. À l'issue d'une réunion tenue en visioconférence le 17 novembre avec certains acteurs du secteur, le président de la République a annoncé un nouveau train de mesures. Certaines étant à rattacher à des engagements financiers pris auparavant (voir notre article du 17 novembre).
L'enveloppe des nouvelles mesures se répartit entre les mesures destinées au sport amateur et celles visant le sport professionnel. Pour le sport amateur, il s'agit tout d'abord d’une aide à la prise de licence dans les clubs sous la forme d’un Pass’Sport pour 100 millions d’euros. 15 millions iront à un fonds d’urgence géré par l’Agence nationale du sport pour venir en aide aux petites associations non employeuses. Le sport professionnel bénéficiera d'un mécanisme de compensation de perte de billetterie à hauteur de 110 millions d’euros et d'une exonération de cotisations sociales patronales devant être payées en octobre, novembre et décembre à hauteur de 105 millions.

"Signal de soutien fort"

Les réactions du monde du sport expriment en premier lieu la satisfaction d'avoir été entendus, à l'image du CNOSF, qui a salué "l’écoute bienveillante et constructive du président de la République". Sur les aides évoquées par Emmanuel Macron, le mouvement sportif précise qu'il portait depuis plusieurs mois la proposition visant à créer un Pass'Sport comme "outil pérenne de soutien au secteur associatif fédéré". Sur les autres annonces en faveur du sport amateur, le CNOSF estime qu'elles "constituent un signal de soutien fort et permettront de soutenir le sport fédéré français à la fois dans le contexte de la crise mais aussi dans le cadre de la relance, dès que le pic épidémique sera passé". Et plus globalement, il juge qu'à travers les différentes mesures, "le président de la République a […] clairement affiché sa volonté de maintenir un niveau d’équité entre le sport professionnel, le sport de haut niveau, et les clubs amateurs".
Le Conseil social du mouvement sportif (Cosmos, représentants les employeurs du secteur) note pour sa part "avec satisfaction que le président de la République a apporté et confirmé des mesures concrètes pour répondre à l’urgence de la crise". Il ajoute néanmoins que "cet engagement de l’État, compte tenu des conséquences économiques prévisibles à moyen terme, doit se poursuivre sur l’année 2021 par un accompagnement conséquent du sport".

"Aucun financement prévu"

Michel Savin, sénateur de l'Isère et président du groupe d’études sur les pratiques sportives et les grands évènements sportifs, demande également l'extension des mesures en faveur du sport professionnel en 2021. Quant aux mesures pour le sport amateur, il déplore qu'elles ne soient pas financées et souligne que "les pertes de licences des fédérations […] sont estimées à 376 millions d'euros par le CNOSF".
Autre parlementaire spécialiste du sport, Régis Juanico a également réagi. Après avoir pointé que "l’impact de la crise Covid-19 sur le plan financier et sociétal a clairement été sous-estimé au sommet de l’État", le député de la Loire juge qu'"il n’y a toujours pas à ce jour de plan de sauvetage à la hauteur de la situation" face, notamment, aux de 260 millions d’euros de pertes pour les clubs. À propos du Pass'Sport, qu'il avait proposé avec le sénateur Jean-Jacques Lozach en juin 2019, Régis Juanico pose notamment la question du calendrier : "Ce soutien à la dépense sportive des familles doit intervenir dès le premier trimestre 2021 afin d’accompagner la reprise des activités en club et pas à la rentrée de septembre, trop tard, alors qu’aucun financement n’est prévu dans les budgets 2021."
Enfin, à l'occasion de son dialogue avec les acteurs du sport, le chef de l’État a précisé qu'il souhaitait un retour effectif des mineurs dans les associations sportives au mois de décembre selon des protocoles sanitaires à travailler avec le ministère chargé des Sports et les acteurs locaux. Il n'a rien dit en revanche de la possibilité d'élargir les pratiques individuelles, limitées durant le confinement à une fois par jour dans une limite d'une heure et dans un rayon d'un kilomètre autour du domicile. 
Dans une tribune du 18 novembre, l’ensemble des fédérations et associations concernées par l’activité physique individuelle en extérieur (dont le Club Villes & Territoires Cyclables, la Fédération française des usagers de la bicyclette, Vélo & Territoires, la Fédération française d’athlétisme, la Fédération française de cyclotourisme, la Fédération française de cyclisme et la Fédération française de la randonnée pédestre) ont réagi. Elles estiment la restriction de distance "totalement contre-productive" et porteuse "de nombreux effets pervers". Et demandent "la levée de la limite d’un kilomètre du domicile pour le motif d’activité physique, comme dans les autres pays européens".