Renouvellement du réseau ferré - Martin Malvy : "Les travaux d'infrastructures ne sont pas à la charge des régions"
L'état du réseau ferré français sera-t-il la prochaine pomme de discorde entre le Gouvernement et les régions ? Dans un communiqué publié mardi 23 mai, l'Association des régions de France (ARF) dénonce l'incohérence entre les efforts que les collectivités territoriales ont consentis à travers les trains express régionaux (TER) et le manque d'entretien de certaines lignes. Ce manque d'entretien est à l'origine de ralentissements à répétition et de retards qui mécontentent les voyageurs... et les élus. "Au moment où la plupart des régions sont engagées dans une phase de préparation de nouvelles conventions avec la SNCF sur les TER, les régions rappellent la responsabilité de l'Etat quant à l'entretien des infrastructures ferrées", note l'ARF. Le plan de rajeunissement du réseau présenté lundi 22 mai par le ministre des Transports, Dominique Perben, ne répond que partiellement à leurs attentes. Ce plan, qui fait suite à un audit de l'Ecole polytechnique fédérale de Genève, prévoit une hausse des dépenses de maintenance entre 2006 et 2010. L'enveloppe globale, d'un montant de 2,7 milliards en 2005, devrait gonfler chaque année de 100 à 150 millions d'euros pour les dépenses de renouvellement, et atteindre 3,4 milliards en 2010. L'audit suisse prônait une véritable remise à neuf avec un effort financier de l'ordre de 3,2 milliards par an jusqu'en 2025. Dans son scénario le plus noir, cet audit estime que 60% du réseau actuel pourrait ne plus être exploité d'ici à 2025, faute d'entretien suffisant.
Les régions mises à contribution
"Les régions prennent acte de l'effort supplémentaire annoncé par l'Etat et de la perspective d'un plan pluriannuel de financement, même si les montants annoncés sont très en deçà de ceux préconisés par l'audit", constate le communiqué de l'ARF. En revanche, les régions se montrent très prudentes dans la mise en oeuvre de ce plan. Le ministre des Transports s'en est tenu, lundi, à évoquer la possibilité de discussions, dans le cadre des contrats de projets, "des travaux à faire sur un certain nombre de lignes". Les régions demandent, elles, de ne "pas être simplement informées mais associées à la définition détaillées des plans d'actions et à leur programmation". Le principal point d'achoppement tient au financement du plan. La rallonge prévue serait en partie financée par les gains de productivité de Réseau ferré de France, mais l'Etat envisage également de mettre les régions à contribution. Pour Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, il n'est pas question que les régions puisent dans leur escarcelle. Le Gouvernement "oublie que les régions participent déjà à l'entretien de ce réseau par le biais des péages versés à Réseau ferré de France", rappelle-t-il. "Chaque fois qu'un train régional s'arrête dans une gare, chaque fois qu'il parcourt un kilomètre, les régions paient et le montant de ces péages a plus que doublé depuis 2003", souligne l'élu, qui est chargé du suivi des transports à l'ARF. Les régions assurent déjà la couverture des déficits de fonctionnement et le renouvellement du matériel. Pour Martin Malvy, "les travaux d'infrastructures ne peuvent pas être à leur charge". Les régions ont rendez-vous le 7 juin avec Dominique Perben pour trouver un terrain d'entente.
Michel Tendil