Marc Sanchez : "On ne peut pas être fier d'avoir les Jeux si on ne développe pas les infrastructures sportives partout en France"
L'Association nationale des élus en charge du sport (Andes) organise son congrès annuel les 5 et 6 octobre 2017 à Nice, un événement qui marque le vingtième anniversaire de cette structure en expansion et toujours très sollicitée dans son domaine d'expertise. Marc Sanchez, son président, présente à Localtis les principaux thèmes de ce rassemblement et revient sur l'actualité de l'association.
Localtis : Comment l'Andes aborde-t-elle son congrès et quels en seront les principaux sujets ?
Marc Sanchez : Notre congrès revêt cette année deux particularités. D'une part, nous fêtons nos vingt ans. D'autre part, il s'agira d'un congrès électif avec l'élection d'un nouveau bureau, ce qui arrive chez nous tous les trois ans. Quant aux sujets d'actualité, nous traiterons des événements sportifs et des nouvelles politiques sportives dans le cadre des fusions de collectivités, des communes nouvelles, de la création des métropoles...
Une autre question d'actualité a beaucoup fait réagir dans le monde des collectivités et du sport, celle de la suppression des contrats d'accompagnement dans l'emploi…
C'est effectivement un thème brûlant pour la vie associative et les collectivités. La fin des contrats d'accompagnement pénalisent très fortement le milieu associatif. Elle peut avoir des conséquences graves, mettre en péril certains projets sportifs ou tout simplement certaines associations. Nous avons eu des remontées de terrain sur ce sujet et nous avons écrit à plusieurs ministres. Nous avons également fait part de nos inquiétudes à un conseiller du Premier ministre. Nous avons été écoutés, j'espère que nous serons entendus.
D'autres sujets font l'objet, de votre part, d'un travail de longue haleine. Parmi eux, la redevance des stades et les normes des équipements…
La redevance des stades fait toujours partie de nos chevaux de bataille, mais là nous attendons toujours des décisions venant de la Commission européenne. Sur ce sujet-clé concernant les rapports avec le sport professionnel, de nombreuses collectivités commencent à s'impatienter.
Et sur les normes, où en êtes-vous alors que la Cerfres (Commission d'examen des projets de règlements fédéraux relatifs aux équipements sportifs) s'est faite discrète ces derniers mois ?
Nous allons essayer de remettre de la dynamique à tous les niveaux après des changements dans les directions de certaines structures, comme la Cerfres ou le CNDS. En tous cas, nous ne lâcherons rien au niveau des normes. C'est un des sujets sensibles dans nos collectivités. Dès que tout le monde sera installé dans ses nouvelles fonctions, nous nous remettrons au travail pour rendre vivantes ces commissions.
Vous évoquiez le CNDS (Centre national pour le développement du sport). Quels souhaits émettez-vous alors que les discussions sur le projet de loi de finances doivent décider dans les prochaines semaines de son niveau de financement et de ses orientations ?
Nous espérons tout d'abord que la possibilité d'intervention de la DETR (dotation d'équipement des territoires ruraux) pour la mise aux normes des équipements sportifs, que nous avions obtenue, soit maintenue, même si on entend dire que la DETR va baisser [en 2016, 653 projets sportifs ont reçu une subvention DETR pour un montant total de 41 millions d'euros, ndlr]. Concernant les subventions d'équipements, certes, le programme de l'héritage de Paris 2024 mis en place par le CNDS compense en partie la suppression de la part territoriale, mais nous souhaitons surtout, d'une part que le prélèvement sur la Française des jeux [qui finance l'essentiel des ressources du CNDS, ndlr] soit revalorisé, et d'autre part qu'on ne touche pas aux 25 petits millions d'euros de l'enveloppe réservée aux équipements structurants au niveau local, qui constituent un véritable levier pour les collectivités. On ne peut pas être fier d'avoir les Jeux olympiques si on ne met pas en place un véritable plan de développement des infrastructures sportives sur l'ensemble du territoire français.
Avez-vous pu porter ce message jusqu'à Laura Flessel, la nouvelle ministre des Sports ?
Oui, nous avons rencontré Laura Flessel à plusieurs reprises. Elle a eu une oreille attentive envers nous. Elle a bien compris l'intérêt d'une association comme la nôtre, notamment au regard des échanges avec l'ensemble des collectivités et avec le mouvement sportif. Tout le monde comprend que nous sommes là pour faire avancer le milieu sportif, dans la collaboration et non dans la concurrence. D'ailleurs, le ministère des Sports nous sollicite car notre réseau de plus de 4.000 villes est susceptible d'apporter beaucoup de réponses dans un temps limité. Cette place qui est la nôtre nous donne par ailleurs l'obligation de mieux structurer notre association. Nous avons aujourd'hui huit techniciens permanents pour répondre à toutes les sollicitations dont nous sommes l'objet, notamment de la part des élus, avec l'appui d'un cabinet juridique. Dans cette même logique de structuration, nous mettons en place une nouvelle commission consacrée au sport féminin. Nous évoluons et la nouvelle équipe issue des élections de notre congrès sera amenée à proposer de nouvelles actions et de nouvelles méthodes de fonctionnement ainsi que des partenariats avec l'ensemble du mouvement sportif.
Propos recueillis par Jean Damien Lesay
Les temps forts du congrès de l'Andes
Jeudi 5 octobre
14h15 – 16h30 :
Atelier 1 : "L’accueil d’évènements sportifs : quel impact pour les villes hôtes ?", avec, notamment, la participation de Christian Prudhomme, directeur du Tour de France.
Atelier 2 : " Les nouvelles politiques sportives territoriales : fusion de communes et d’intercommunalités, nouvelles métropoles et nouvelles régions".
Parmi les thèmes abordés dans cet atelier, notons : les évolutions récentes du paysage institutionnel français et ses conséquences sur les politiques sportives, par Cédric Roussel, député des Alpes-Maritimes, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation ; un premier état des lieux des politiques sportives régionales après la fusion des régions, par Jean-Paul Omeyer, président de la commission sport de Régions de France ; et le rôle et les outils d’accompagnement de la Caisse des Dépôts en faveur des collectivités nouvellement réorganisées, par Fabien Ducasse, directeur territorial Côte-d’Azur de la Caisse des Dépôts.