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Lutte contre les bandes : un nouveau plan national d'ici début mai

Suite aux récentes rixes mortelles entre jeunes, les ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Éducation ont réuni ce lundi 1er mars les préfets, procureurs et recteurs d'Île-de-France. Le plan national de lutte contre les bandes de 2010 va être réactivé et rénové, avec une déclinaison en plans départementaux.

Le gouvernement entend prendre à bras le corps le phénomène des rixes entre jeunes qui ont endeuillé la région parisienne fin février, après une réunion des ministres de l'Intérieur, de la Justice et de l'Éducation ce lundi 1er mars.

"On pense tous à cet instant au sang de ces enfants tués pour rien au fond", a déclaré le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, à l'issue de cette visioconférence avec les préfets, procureurs et recteurs d'Île-de-France. Ce rendez-vous avait été fixé par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, après la mort d'une collégienne et d'un collégien, de 14 ans, poignardés au cours de rixes différentes, dans l'Essonne les 22 et 23 février. Pour éviter de nouveaux drames, il faut une généralisation "des bonnes pratiques", a plaidé Éric Dupond-Moretti, évoquant une "meilleure collaboration entre les différents parquets généraux" et un recours décuplé aux "interdictions de paraître". "Il faut développer" ces alternatives aux poursuites qui sont actuellement en expérimentation à Bobigny, Montpellier et Senlis et qui permettent "d'extraire" des jeunes "de la bande".

Le garde des Sceaux a également mis en avant le nouveau code de justice pénale des mineurs, qui entrera en vigueur le 30 septembre et doit permettre de réduire les délais de jugement. "On va passer de délais extrêmement longs où on voit des gamins de 16 ans qui sont jugés quand ils en ont 22" à "une justice qui peut être rendue très très vite", a-t-il assuré. "Si on laisse filer et qu'aucune réponse n'intervient, on a un risque de réitération."

Selon le ministère de l'Intérieur, 357 affrontements entre bandes ont été recensés en 2020, contre 288 en 2019, soit une hausse de près de 25%, et trois personnes ont été tuées et 218 blessées lors de ces affrontements. À l'échelle nationale, le ministère recense 74 bandes, dont 46 sur le ressort de la préfecture de police de Paris, qui comprend aussi la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine. "La multiplication des affrontements (…), le très jeune âge des protagonistes (13 à 15 ans) et la tendance à la provincialisation du phénomène qui s’étend à des rixes entre jeunes non liées à des quartiers et développant via les réseaux sociaux des rivalités pour des motifs divers, appellent un renforcement de l’action interministérielle", insistent les trois ministres dans un communiqué commun. Qui rappellent qu'un plan de lutte contre les bandes a été initié en 2010 (loi "renforçant la lutte contre les violences de groupes" issue d'une proposition de loi signée Christian Estrosi, puis circulaire de Brice Hortefeux en tant que ministre de l'Intérieur) pour "améliorer le recueil du renseignement, spécialiser les services, recourir à la vidéoprotection, développer l’action judiciaire, le partenariat et la prévention", plan ensuite "consolidé en 2019 par la désignation de référents bandes au sein des forces de l’ordre, la mobilisation de la police technique et scientifique et la veille des réseaux sociaux".

En amont de la réunion, le ministre de l'Intérieur a écrit jeudi à tous les préfets pour leur demander la "réactivation" de ce plan de lutte. Dans sa note consultée par l'AFP, il leur demande de réaliser avant le 10 mars un "diagnostic départemental", avec un "historique" et une "cartographie" des affrontements, l'âge des jeunes impliqués ou encore leur utilisation ou non d'armes et des réseaux sociaux. À partir de ce diagnostic et "en fonction de l'importance du phénomène", les préfets devront mettre en oeuvre un "plan départemental de repérage, d'accompagnement, d'information préventive et sensibilisation des publics fragiles" ainsi que des moyens "d'investigation et de lutte" contre les bandes. Le ministre recommande aussi de recourir "selon le contexte" à des groupes locaux de traitement de la délinquance, associant police, mairie et services éducatifs, sous l'égide du parquet.

L'objectif est d'adopter un plan national rénové décliné en plans départementaux d'ici le 1er mai. Une réunion ministérielle se tiendra prochainement à cette fin. Les quatre axes sont déjà déterminés : le renseignement (suivi des échanges sur les réseaux sociaux, mise à contribution des groupes locaux de traitement de la délinquance…) ; la "sécurité du quotidien" et la présence sur la voie publique dans les secteurs les plus sensibles ; le renforcement aux abords des établissements scolaires et lieux de rassemblement ; "l’emploi de la police technique et scientifique pour les investigations post-affrontements, l’assistance éducative et le recours aux dispositions de la loi du 2 mars 2010 sur les violences de groupe".