Energie - Lutte contre la précarité énergétique : les collectivités en quête de solutions
A priori accessible à tous, l'énergie devient de plus en plus dans les faits, par son coût croissant, un facteur d'exclusion sociale. C'est dans ce contexte alarmant que l'Ademe, l'Amorce (association de collectivités et de professionnels concernés par les questions énergétiques) et l'Anah (Agence nationale de l'habitat) ont organisé le 1er avril, à Paris, le premier colloque dédié à la prévention de la précarité énergétique et au rôle joué en la matière par les collectivités. Selon la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés, 10% des familles n'ont pas les moyens de se chauffer correctement. De 1992 à 2000, le nombre de ménages ayant bénéficié d'une aide pour une situation d'impayé de facture d'énergie est passé de 52.000 à 230.000.
Les conseils généraux sont directement concernés par le poids croissant du traitement des impayés, estimés à 150 millions d'euros par an. Par le biais des Fonds de solidarité énergie mis en place et intégrés dans une quinzaine de départements aux Fonds de solidarité pour le logement, ces collectivités fournissent en effet une aide d'urgence pour aider ces ménages à alléger leurs factures.
Avec près de 300 participants, le colloque du 1er avril, ouvert par Martin Hirsch, haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, a permis d'échanger très concrètement sur le sujet. Après avoir passé en revue le cadre réglementaire, le montant moyen des factures, le mode de quantification de la précarité énergétique et le projet d'observatoire dédié que propose le Centre scientifique et technique du bâtiment, les actions de trois départements à la pointe de la prévention ont été présentées. Dans l'Oise par exemple, une chaîne de partenariats se construit depuis plus de dix ans pour prévenir ce type d'exclusion. "Environ 80 foyers bénéficient chaque année d'un diagnostic suivi d'une préconisation de travaux, portant le plus souvent sur des compléments d'isolation et l'installation d'énergies adaptées au budget familial", explique Bruno Pete du pôle insertion du conseil général de l'Oise. Autres collectivités pouvant être impliquées : les syndicats intercommunaux d'énergie (celui du Calvados soutient les usagers en difficulté), les régions, via les antennes de l'Ademe, les villes, via les opérations de réhabilitation nécessitant un diagnostic énergétique...
Selon Didier Chérel de l'Ademe, l'agence "collabore également de façon de plus en plus étroite avec les conseils généraux dans un rôle à la fois d'initiateur, de formateur, de cofinanceur et d'accompagnateur des programmes, tant en sensibilisant le public que grâce à des outils d'information coédités avec les collectivités ou les associations".
Morgan Boëdec / Victoires Editions