L'OMT estime à 4% la croissance du tourisme en 2021 et ne voit pas de reprise avant le troisième trimestre
Le "Baromètre du tourisme mondial" montre que les arrivées de touristes internationaux en 2021 restent inférieures de 72% à leur niveau d'avant la crise sanitaire. L'Europe et la France s'en tirent plutôt mieux que les autres pays. Les deux-tiers des experts de l'OMT estiment que le retour aux niveaux de 2019 n'interviendra pas avant 2024. Le "tourisme interne" atténue en partie les choses.
L'organisation mondiale du tourisme (OMT) publie son traditionnel "Baromètre du tourisme mondial". Cette livraison présente les premiers résultats de 2021 et trace – ou tente de tracer – les perspectives pour 2022. Dans une année ordinaire, ces résultats de 2021 seraient passé pour satisfaisants. Mais ils montrent en réalité la persistance de l'effondrement du tourisme mondial. Et, dans un contexte marqué par la cinquième vague de la pandémie, les perspectives pour 2022 sont des plus incertaines.
Des arrivées 2021 encore inférieures de 72% à leur niveau de 2019
Ces données sur le tourisme mondial sont d'autant plus importantes que la France, première destination touristique mondiale, est fortement tributaire de leur évolution. On l'a encore vu récemment avec l'impact très positif du soudain retour des touristes britanniques dans les stations de ski alpines (25% de la fréquentation).
En 2021, les arrivées de touristes internationaux ont progressé de 4% dans le monde, avec 415 millions d'arrivées internationales contre 400 l'année précédente. Mais cette progression se calcule sur l'année 2020 "qui aura été la pire année de l'histoire du tourisme, marquée par une chute de 73% des arrivées internationales". Du coup, les arrivées de 2021 restent inférieures de 72% à leur niveau d'avant la crise sanitaire, autrement dit par rapport à l'année de référence de 2019. Si le tourisme international a connu un léger rebond au second semestre 2021 – avec un recul de "seulement" 62% des arrivées internationales par rapport à la même période de 2019 – la baisse monte à 65% en décembre 2021 et l'OMT estime que "l'impact du variant Omicron et de l'explosion des cas de Covid-19 reste encore à déterminer dans toute son ampleur".
Toutefois, contrairement à 2020, les résultats sont très inégaux selon les continents. L'Europe et la France s'en tirent plutôt mieux que les autres pays, même si elles demeurent encore très loin des résultats de 2019. Par rapport à 2020, ce sont ainsi l'Europe et les Amériques qui enregistrent les plus fortes progressions (respectivement +19% et +17%), mais tout en restant dans les deux cas inférieurs de 63 % aux niveaux d'avant la pandémie. En termes de sous-régions, les meilleures – ou moins mauvaises – performances 2021 reviennent aux Caraïbes (+63% par rapport à 2020 mais toujours 37% en dessous de 2019), à l'Europe méridionale méditerranéenne (+57%) et à l'Amérique centrale (+54%), ces deux dernières zones demeurant à des niveaux inférieurs de 54% et 56% à ceux de 2019. En revanche, le Moyen-Orient recule encore de 24% par rapport à 2020. Mais c'est surtout l'Asie-Pacifique qui explique la croissance moyenne mondiale de 4%. Les arrivées de touristes internationaux y sont en effet inférieures de 65% aux niveaux de 2020 et de 94% par rapport à 2019... Autant dire que le tourisme international a quasiment disparu dans ces territoires, "de nombreuses destinations restant fermées aux voyages non essentiels".
Une légère progression des recettes touristiques
Les résultats en termes de recettes touristiques sont légèrement meilleurs.
La contribution économique du tourisme en 2021 - mesurée en PIB direct du tourisme et qui inclut donc le tourisme domestique – est ainsi estimée à 1.900 milliards de dollars. Là aussi, ce chiffre est supérieur aux 1.600 milliards de 2020 (+19%), mais demeure encore très loin du résultat d'avant la crise sanitaire, soit 3.500 milliards.
Si on s'en tient aux seules recettes d'exportation du tourisme international, celles-ci "pourraient dépasser les 700 milliards de dollars en 2021, ce qui représente un léger mieux par rapport à 2020 en raison de l'augmentation des dépenses par voyage, mais c'est moins de la moitié des 1.700 milliards enregistrés en 2019".
Pour sa part, le niveau moyen de recettes par arrivée internationale devrait atteindre 1.500 dollars en 2021, contre 1.300 en 2020 (+15%). L'OMT explique cette progression "par les volumes importants d'épargne accumulée et l'allongement de la durée des séjours, et par les tarifs de transport et d'hébergement plus élevés". Là aussi, la France connaît des résultats plutôt plus favorable en matière de dépenses touristiques en 2021. La baisse de ces dernières par rapport à 2019 n'y serait plus en effet "que" de 37%.
"Le tourisme interne continue de tirer le redressement du secteur"
En termes de perspectives, les tendances sont assez incertaines, dans un contexte qui reste encore difficile à décrypter. Néanmoins, "les dernières indications en provenance du groupe d'experts de l'OMT sont que la plupart des professionnels du tourisme (61%) tablent sur des perspectives plus favorables pour 2022". Parmi les membres du groupe d'experts, 58% s'attendent à un rebond en 2022, essentiellement au troisième trimestre, tandis que 42% tablent sur un rebond potentiel seulement en 2023. Signe de la fragilité de prévisions en ce domaine : en janvier 2022, les experts de l'OMT sont une nette majorité (64%) à estimer que le retour des arrivées internationales aux niveaux de 2019 n'interviendra qu'en 2024 ou après, alors qu'ils étaient 45% à penser ainsi lors de l'enquête de septembre 2021, autrement dit avant la cinquième vague.
Pour sa part, l'indice de confiance de l'OMT affiche des signes de légère baisse pour janvier-avril 2022. En effet, "la vague récente de cas de Covid-19 et le variant Omicron devraient perturber la reprise et saper la confiance en ce début d'année 2022, sachant que des pays remettent en place des interdictions sur les voyages et des restrictions visant certains marchés". Selon les zones géographiques, les scénarios de l'OMT tablent sur une croissance des arrivées de touristes internationaux allant de 30% à 78% par rapport à 2021. Toutefois, malgré cette progression espérée, ces niveaux resteront encore inférieurs de 50% à 63% à ceux antérieurs à la pandémie.
Enfin, comme on l'a vu en France, l'OMT estime que "le tourisme interne continue de tirer le redressement du secteur dans un nombre croissant de destinations, particulièrement celles ayant de vastes marchés internes. D'après les experts, le tourisme interne et les voyages près de chez soi, de même que les activités de plein air, les produits en rapport avec la nature et le tourisme rural figurent parmi les grandes tendances de voyage qui continueront de caractériser le tourisme en 2022".