Logistique : un comité interministériel cherche à muscler ses chaînes
A l’issue d’un premier conseil commun réunissant ce 7 décembre les professionnels de la filière logistique, les ministères de l'Industrie et des Transports ont annoncé une quinzaine de mesures dont une partie intéressent directement les collectivités territoriales.
Dans un entretien à La Tribune, Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, plaidait fin octobre pour la tenue d'un comité interministériel sur le transport de marchandises et les entrepôts logistiques. C’est chose faite avec l’organisation, ce 7 décembre, d’une première réunion de coordination et concertation consacrée à ce secteur, dont la crise sanitaire est venue amplifier le caractère stratégique tout en mettant en lumière les fragilités de ses chaînes.
A l’issue de ce premier comité interministériel de la logistique (Cilog), le gouvernement a annoncé une série de mesures pour améliorer sa compétitivité et accompagner le verdissement de ses flottes et entrepôts. Longtemps "dans l’angle mort des politiques publiques", comme le déplorait l'ancienne ministre et PDG de la RATP et de la SNCF, ce secteur doit se "transformer" pour devenir plus compétitif face aux voisins européens, presse la ministre déléguée chargée de l'industrie Agnès Pannier-Runacher. Ce Cilog qu’elle a réuni avec son collègue chargé des transports Jean-Baptiste Djebbari a aussi rappelé qu’il s’agissait là d’un "enjeu de cohésion sociale majeur", avec de nombreux emplois à la clé.
Du fonds Friches en amont au dernier kilomètre en aval
Parmi la quinzaine de mesures discutées avec les professionnels de la filière, plusieurs concernent les collectivités territoriales. En effet, en vue de renforcer la part du fret ferroviaire à travers des soutiens à l'exploitation des lignes, et ce à hauteur de près de 500 millions d'euros, les collectivités seront mises à contribution, ces soutiens étant versés à moitié par elles et à moitié par l'État. La mobilisation du fonds Friches, créé fin juillet à l’issue d’un conseil de défense écologique et doté dans le cadre du Plan de relance d'une enveloppe de 300 millions d'euros sur trois ans, est également mise en avant en vue de renforcer la part prise par le recyclage du foncier lorsque des entrepôts sont créés. Comprendre entre les lignes, au lieu d’artificialiser des terres agricoles. Mais de préférence aussi en s’installant dans l’un des 78 sites "clés en mains" déjà identifiés par l'État et les collectivités, où l'engagement a été pris de réduire les délais de délivrance des autorisations.
Autre mesure annoncée, l’annulation des dividendes prélevés auprès des grands ports maritimes en 2020 et 2021, soit environ 60 millions d'euros, pour qu'ils puissent traverser la crise et investir dans la transition énergétique. Un écolabel va aussi être expérimenté fin 2021 pour mettre en avant les flux logistiques les plus respectueux de l'environnement.
Enfin, les ministères de l'Industrie et des Transports ont annoncé le lancement d'une mission pour améliorer la logistique du dernier kilomètre, soit "ce maillon final de la chaîne logistique qui représente une part notable du coût total d’acheminement et génère d’importants flux de trafic urbain". Cette mission sera menée par Anne-Marie Idrac avec Anne-Marie Jean, vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg et présidente du Port autonome de Strasbourg, ainsi que Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse et président de la fédération des Marchés de gros de France (FMGF). Leurs recommandations sont attendues "d'ici l'été 2021".