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Formation professionnelle - L'offre de formation aux métiers d'art est très inégale selon les régions

La cartographie des formations aux métiers d'art dressée par l'Institut supérieur des métiers (ISM) témoigne de l'inégalité de l'offre selon les régions. L'Institut révèle également que l'apprentissage n'est plus la voie royale pour maîtriser des savoir-faire souvent ancestraux.

Les métiers d'art restent globalement attractifs avec un total de 11.000 inscriptions en 2013/14 en première année d'un diplôme de métier d'art (hors architecture, patrimoine bâti et métiers de la pierre), mais seuls 10% des jeunes sont formés par l'apprentissage à ces métiers. Ce constat - surprenant puisque l'histoire de l'apprentissage est étroitement liée à ces métiers depuis le Moyen Age, est extrait de "L'apprentissage aux métiers d'art dans les TPE artisanales" réalisé en février dernier par l'Institut supérieur des métiers (ISM) et récemment publié. Trois filières-métiers (la bijouterie-joaillerie-orfèvrerie-horlogerie, les métiers du bois, les métiers du textile et de la mode) regroupent près de 80% des effectifs de première année. La filière recrutant le moins de jeunes est celle de la facture instrumentale (91 inscriptions en 2013).

"La transmission de ces savoir-faire par l'apprentissage est minoritaire et s'étiole au profit des formations scolaires", constate donc l'ISM. Il est même "anecdotique" dans les arts du spectacle (2% des effectifs), la céramique (2%) ou les métiers du textile et de la mode (3%). Les TPE de moins de 20 salariés forment 58% de ces apprentis. Le poids des PME et manufactures dans le maintien de ces savoir-faire est donc important, notamment dans les métiers du métal et de la céramique. Plusieurs raisons expliquent ce désengagement des PME artisanales dans l'apprentissage comme "la dispersion de ces entreprises sur le territoire" et "l'éloignement des Centres de formation d'apprentis (CFA) spécialisés qui représentent un surcoût élevé en matière de transport pour les apprentis". Nombre de ces entreprises sont également unipersonnelles et pour ces dernières, "les contraintes d'encadrement et de financement d'un apprenti peuvent être lourdes".

Les apprentis préparant un diplôme de métier d'art ont un profil un peu différent des autres apprentis : la part des femmes est plus élevée (36% contre 25% dans l'ensemble des TPE artisanales), les apprentis sont plus âgés (23% sont mineurs contre 45% sur tout le périmètre de l'artisanat). Les diplômes préparés sont pratiquement les mêmes que dans le reste de l'artisanat : majoritairement un CAP (70% contre 64% pour l'ensemble de l'artisanat). En revanche, ils sont beaucoup plus nombreux à détenir déjà un diplôme lors de leur inscription dans un cursus de métier d'art : 37% sont déjà bacheliers (contre 19% dans tout l'artisanat).

Une cartographie inégale selon les régions

La cartographie des formations aux métiers d'art est assez inégale selon les régions. Un apprenti en métier d'art sur cinq est formé dans les CFA parisiens (de nombreuses écoles nationales y sont en effet localisées : Ecole nationale de la bijouterie, CFA de l'Ameublement "Paris-La Bonne Graine", Ecole de la mode "La fabrique"…). Lyon est la seconde grande métropole pour la formation des apprentis en métiers d'art (un apprenti sur dix y est formé). En revanche, les autres grandes agglomérations (Marseille, Toulouse, Nice, Montpellier, Lille, Bordeaux, Rennes) n'ont pas développé d'offre de formation spécialisée à ces métiers. L'ISM constate globalement une moindre offre de formation à ces métiers dans tout le pourtour du bassin parisien (en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté) et dans le Sud‐Ouest (Aquitaine, Languedoc‐Roussillon Midi-Pyrénées), ainsi qu'en Corse et outre-mer. La Réunion est le seul territoire ultramarin à former des apprentis aux métiers d'art.

Les "trous" dans la carte des formations initiales aux métiers d'art s'expliquent notamment par la difficulté de maintenir une capacité d'accueil pour de micro-effectifs. Si une trentaine d'établissements préparent en France aux diplômes de la bijouterie-joaillerie-orfèvrerie-horlogerie, les métiers de la facture instrumentale se préparent principalement à l'Institut technologique européen des métiers de la musique (ITEMM) du Mans. Le lycée professionnel de Bédarieux forme également à la lutherie guitare et deux écoles pour aveugles (INJA de Paris et ERDV de Loos) préparent au CAP d'accordeur de piano. Ce dossier de l'ISM propose une cartographie exhaustive des établissements proposant des formations aux métiers d'art sur l'ensemble du territoire national.

Pour en savoir plus : " L'apprentissage aux métiers d'art dans les TPE artisanales", sur le site de l'ISM. 

 

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