L’OCDE alerte sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi

Dans le cadre de l’édition 2023 de son rapport annuel sur les Perspectives de l’emploi, l’OCDE a décidé de s’interroger sur les retombées de l’intelligence artificielle sur le marché du travail. Un impact jugé aujourd’hui globalement positif par les travailleurs eux-mêmes qui néanmoins s’inquiètent pour l’avenir.

L’OCDE a dévoilé mi-juillet les conclusions d’une enquête transnationale menée dans sept pays auprès des acteurs de la finance et de l’industrie manufacturière afin de dresser un panorama de l’impact actuel et à venir de l’intelligence artificielle sur le marché du travail. Une enquête qui s’inscrit dans le cadre du rapport annuel de l’organisation sur les Perspectives de l’emploi en 2023. Un rapport qui constate que des "tensions persistent sur les marchés du travail des pays de l’OCDE" alors même que la reprise post-Covid semble marquer le pas. Globalement, le chômage est au plus bas depuis les années soixante-dix (4,8% à l’échelle des pays de l’OCDE) mais les salaires ne suivent pas l’inflation. Dans ces conditions, l’OCDE prédit que "les progrès de plus en plus rapides de l’IA devraient avoir des effets sensibles sur les emplois" et enjoint les Etats à "agir dès à présent" pour tirer profit de l’IA tout en se prémunissant des risques qui lui sont associés.

Les pays de l’OCDE "à l'aube d’une révolution de l'IA"

Si l’adoption de l’IA dans les entreprises est jugée encore relativement faible, les progrès technologiques sont suffisamment rapides - comme le montre l’exemple de ChatGPT- pour alerter sur des conséquences futures. A cela s’ajoute un phénomène démultiplicateur : la baisse des coûts et le nombre croissant de travailleurs dotés de compétences en matière d’IA. Autant d’éléments qui "donnent à penser que les pays de l’OCDE pourraient être à l’aube d’une révolution de l’IA", prophétise l’OCDE. Pour son Secrétaire général, Mathias Cormann, "l’accélération récente des développements et des outils liés à l'IA générative marque un tournant technologique, avec des implications concrètes sur de nombreux lieux de travail". Dans ces conditions, explique-t-il, "il est absolument nécessaire de réfléchir à des cadres politiques à long terme pour l'utilisation de l'IA sur le lieu de travail", tout en continuant à encourager la coopération internationale dans ce domaine.

Les emplois peu et moyennement qualifiés les plus exposés

A l’heure actuelle, 27% des emplois correspondent à des professions fortement exposées au risque d’automatisation. Les professions très qualifiées, bien que plus exposées aux progrès de l’IA, restent néanmoins celles qui sont le moins susceptibles d’être automatisées, relève l’enquête. Les emplois peu et moyennement qualifiés sont les plus touchés, notamment dans les secteurs de la construction, de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture et dans une moindre mesure, de la production et des transports. L’OCDE en conclut que "jusqu’à présent, les effets négatifs sur l’emploi sont rares dans les entreprises qui ont adopté l’IA".

Néanmoins, interrogés sur leur perception du phénomène, trois travailleurs sur cinq s’inquiètent de perdre leur emploi dans les dix ans à venir. Une proportion comparable craint une baisse des salaires dans leur secteur d’activité sous l’effet de l’IA et les trois quarts des personnes interrogées indiquent que l’IA a accru leur rythme de travail. Enfin, l’enquête souligne que "face à l’essor et l’adoption rapides de l’IA, de nouvelles compétences seront demandées, alors que d’autres deviendront obsolètes". Les travailleurs peu qualifiés ou plus âgés, mais aussi les travailleurs plus qualifiés, auront besoin d’être formés.