Environnement - L'impact du bruit des éoliennes doit être étudié au cas par cas, selon l'Afsset
Dans un rapport qu'elle vient de publier sur les " Impacts sanitaires du bruit généré par les éoliennes", l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) recommande de ne pas définir une distance d'installation unique entre les parcs éoliens et les habitations mais plutôt de modéliser au cas par cas l'impact acoustique du projet.
L'étude menée par l'Afsset avec l'appui de l'Ademe fait suite à une saisine des ministères en charge de la santé et de l'environnement de juin 2006. Il s'agissait notamment de vérifier les préconisations de l'Académie nationale de médecine qui, dans un rapport rendu le 14 mars 2006, recommandait d'implanter les éoliennes d'une puissance supérieure à 2,5 MW à une distance d'au moins 1.500 mètres des habitations et d'appliquer la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) pour certaines installations.
Pour l'Afsset, qui se fonde sur un état des lieux national et mondial de la filière éolienne, la France dispose déjà, à travers le décret du 31 août 2006 relatif à la lutte contre les bruits de voisinage, de l'une des réglementations les plus protectrices pour les riverains. Faute de pouvoir le faire sur des machines de plus de 2,5 MW, qui n'existent pas encore en France, l'Agence a procédé à des campagnes de mesures et de modélisations pour évaluer les niveaux de bruit généré par des éoliennes de puissance inférieure déjà installées. Elle a aussi consulté en parallèle les Ddass des départements concernés par l'implantation de projets éoliens pour identifier l'objet et la nature des plaintes recensées. Conclusions de l'Afsset : les émissions sonores des éoliennes ne génèrent pas de conséquences sanitaires directes sur l'appareil auditif et à l'intérieur des habitations, fenêtres fermées, on ne recense pas de nuisances. "A l'extérieur, les émissions sonores des éoliennes peuvent être à l'origine d'une gêne mais on remarque que la perception d'un inconfort est souvent liée à une perception négative des éoliennes dans le paysage", note l'Afsett.
L'Agence a réuni un groupe de travail qui a formulé plusieurs recommandations concernant l'implantation des projets. Ainsi, dans la mesure où la propagation des bruits dépend de nombreux paramètres locaux (topographie, couverture végétale, conditions climatiques), les experts déconseillent d'imposer une distance d'espacement unique entre parcs éoliens et habitations riveraines. Mieux vaut selon eux utiliser les modélisations actuelles, suffisamment précises pour évaluer au cas par cas, lors des études d'impact, la distance d'implantation adéquate permettant de ne pas générer de nuisances sonores pour les riverains des futures éoliennes. Ils recommandent donc d'établir un cahier des charges comprenant plusieurs éléments techniques (paramètres de modélisation, définition du périmètre géographique de l'étude d'impact...) afin d'étudier systématiquement et au cas par cas l'impact acoustique des parcs. Ils préconisent enfin de rendre la cartographie de la zone d'impact des éoliennes disponible en mairie.
Dans le prolongement de ce rapport, l'Afsset propose maintenant d'approfondir les connaissances dans le domaine de l'évaluation de la gêne due aux bruits et plus particulièrement aux basses fréquences en inscrivant ce thème dans son prochain appel à projets de recherche.
Anne Lenormand