L'Ile-de-France lance une campagne pour défendre le droit à l'avortement
Du 18 au 27 janvier 2008, le message "Sexualité, contraception, avortement, un droit, mon choix, notre liberté" s'affiche dans les gares et le métro franciliens. La région Ile-de-France est, avec le planning familial, à l'initiative de cette campagne d'information inédite. Elle est ainsi la première institution à lever un tabou en utilisant le mot "avortement" dans une campagne. Objectif : faire respecter le droit de choisir et orienter les femmes vers le 01.47.00.18.66 - permanence téléphonique d'information et d'écoute. Ce choix d'une campagne audacieuse résulte d'un constat alarmant. Chaque année, 58.220 interventions sont pratiquées en Ile-de-France, soit 25% des avortements réalisés en France. Pourtant, entre 1999 et 2005, sur 176 centres d'interruption volontaire de grossesse (IVG) franciliens, 50 ont fermé leurs portes (dont 14 à Paris et 9 en Seine-Saint-Denis), le plus souvent faute de médecins volontaires et de rentabilité pour les établissements. Cette évolution touche plus particulièrement le secteur public. Conséquence : contrairement à la tendance nationale (les deux tiers des IVG effectués dans le secteur public), en Ile-de-France, 58% des actes sont assurés par le secteur privé (75% dans le Val-d'Oise). Enfin, le nombre de médecins conventionnés pour pratiquer une IVG médicamenteuse affiche une augmentation régulière, mais reste très insuffisant (44 en 2005 et 230 en 2007 sur 20.200 médecins et gynécologues). Ainsi, si le recours à l'IVG est un droit depuis 1975, en Ile-de-France, il est trop souvent synonyme de "parcours de la combattante" : délais d'attente pour la prise de rendez-vous supérieurs à deux semaines (au lieu des cinq jours préconisés par la Haute Autorité de santé), insuffisance de l'information, réticences médicales et, surtout, manque de places par rapport aux besoins. Cette campagne d'information s'inscrit dans le cadre d'un engagement plus global du conseil régional, qui a voté en 2006 un budget de six millions d'euros pour améliorer l'accès à l'IVG.
Sandrine Cunha / PCA