L'extinction de la 2G/3G pourrait générer des gains environnementaux substantiels

Le décommissionnement en cours des réseaux 2G/3G est susceptible de générer un gain environnemental, estime une étude de l'Arcep. Les bénéfices réels seront cependant liés à la sobriété des usages sur les nouveaux réseaux 4G/5G.

L'arrêt des réseaux 2G/3G, remplacés par la 4G/5G, a débuté. Chaque opérateur reste cependant libre de fixer son calendrier. Orange éteindra ainsi la 2G en 2025 et la 3G en 2030. Pour SFR ce sera en 2026 pour la 2G et 2028 pour la 3G, Bouygues Telecom optant respectivement pour 2026 et 2029. Et si Free n'a pas annoncé de calendrier, c'est qu'il est positionné sur la 4G et la 5G. Le décommissionnement de la 2G/3G, technologies utilisées essentiellement pour la transmission de la voix et de données "machine to machine" (M2M), va impacter l'empreinte carbone de la téléphonie mobile. C'est pour évaluer ce gain potentiel que l'Arcep, dans le cadre de ses travaux sur la réduction de l'empreinte environnementale du numérique, a missionné un groupe d'experts dont les conclusions ont été publiées mi-septembre 2023.

Un tiers des consommations électriques imputables à la 2G/3G

Premier constat des experts, "les réseaux 2G/3G, malgré une baisse continue des usages qu'ils portent, représentent une part non négligeable de la consommation électrique des réseaux mobiles toute technologie confondue : entre 21% et 33% de l'ensemble des stations de base des réseaux aujourd'hui et possiblement environ 17% à horizon 2025". En conséquence, la migration des terminaux et objets connectés vers la 4G/5G permet selon eux "un gain récurrent continu et régulier de consommation électrique". Cette migration a cependant un coût carbone puisqu'il faut remplacer les équipements existants par des matériels compatibles 4G/5G (ou une autre technologie sans fil du type LoRa). Le surcoût de la migration promet cependant d'être rapidement absorbé selon l'étude selon laquelle "le bilan carbone de la migration devient positif en près de deux mois, si les terminaux considérés n'incluent que les téléphones mobiles, et presque six mois si l'on prend également en compte certains objets connectés, tels que, les terminaux de paiement, les compteurs intelligents (smart meters) et les interphones".

Inciter à une migration rapide vers la 4G/5G

Cette étude tend donc à montrer qu'une migration rapide des terminaux vers les technologies 4G/5G peut générer des gains environnementaux conséquents. Elle invite du reste les pouvoirs publics à communiquer auprès du grand public et des entreprises pour leur expliquer les enjeux de ce changement et les inciter à trouver des alternatives. On ajoutera sur ce point que les collectivités sont particulièrement concernées. Elles gèrent en effet beaucoup de services connectés (alarmes, feux de circulation, télémaintenance, capteurs de données environnementales…) reposant sur des technologies 2G/3G.

Périmètre d'analyse restrictif

L'étude comporte cependant quelques angles morts. Ainsi les auteurs ont opté pour une définition restrictive des objets connectés, celle de l'union internationale des télécommunications, qui se limite aux terminaux numériques et à quelques objets connectés (interphones, terminaux de paiement, horodateurs).  En sont notamment absents, entre autres, les voitures connectées, les téléalarmes (personnes âgées, ascenseurs…), les lampadaires connectés ou encore un grand nombre de capteurs. Surtout, elle fait abstraction de l'évolution des usages. Or les capacités des réseaux 4G et 5G induisent toujours plus d'objets connectés pour transmettre des volumes de données toujours plus importants, notamment vidéo. Un "effet rebond" qui a été au cœur des critiques émises par certains élus lors du lancement de la 5G (voir notre article du 3 septembre 2020).

Recommandations sur la vidéo

Ces critiques ont contribué à l'adoption de la loi sur la réduction de l'empreinte environnementale en 2021 (Reen). En application l'article 26 de cette loi, l'Arcom et l'Arcep viennent du reste de publier des recommandations de sobriété à destination des médias et plateformes vidéo dont les contenus représentent les deux tiers du trafic internet. Parmi les préconisations, le lancement d'une campagne nationale de sensibilisation, l'élaboration d'une méthodologie commune pour déterminer l'empreinte environnementale des contenus multimédia et l'incitation à créer un bouton "sobriété" pour permettre aux utilisateurs d'accéder aux contenus en basse définition.