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Culture / Education - L'expérimentation du Pass Culture se précise, mais le financement reste toujours incertain

A l'occasion d'un déplacement à Strasbourg, l'un des quatre sites expérimentateurs, Françoise Nyssen a apporté des précisions supplémentaires sur le futur Pass Culture - une des promesses fortes d'Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle - qui devrait être généralisé en 2019. Intervenant devant des lycéens rassemblés au musée Ungerer, la ministre de la Culture et de la Communication leur a affirmé : "Vous êtes les pionniers du Pass Culture". Françoise Nyssen était accompagnée de Bruno Studer, député (LaREM) du Bas-Rhin et président de la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, mais aussi des concepteurs de l'application mobile et géolocalisée qui servira de support au dispositif.

"Une action citoyenne"

La ministre a expliqué aux lycéens que le Pass Culture "s'inscrit dans une action citoyenne. C'est pour cela que nous en ouvrons l'accès à 18 ans, l'âge de la majorité. Il a pour but de faciliter l'accès à la culture, de vous inciter à faire vos propres découvertes artistiques, à découvrir des endroits où vous n'iriez pas forcément".
Après avoir exposé les grandes lignes du dispositif en décembre dernier (voir notre article ci-dessous du 19 décembre 2017), Françoise Nyssen avait annoncé, le 1er mars, le choix des quatre départements expérimentateurs : le Bas-Rhin, l'Hérault, la Seine-Saint-Denis et la Guyane (voir notre article ci-dessous du même jour).
Après une première phase "virtuelle" lancée le jour même - portant uniquement sur des offres culturelles gratuites et concernant une centaine de jeunes dans chacun des départements tests -, l'expérimentation proprement dite débutera en septembre. Dans le Bas-Rhin, elle concernera ainsi environ 10.000 jeunes, qui bénéficieront d'un crédit de 250 euros (pour 500 euros prévus pour le Pass Culture définitif). L'objectif affiché est de permettre aux bénéficiaires d'accéder à "une offre culturelle de proximité".

Un rôle central pour l'application mobile

Alors que la généralisation était envisagée au départ pour l'automne 2018, elle est désormais reportée à 2019, sans indication d'une date à ce stade. Ce décalage tient notamment à la complexification du projet. Comme l'explique Françoise Nyssen dans une interview au quotidien régional L'Alsace, "nous aurions pu partir sur la base d'une simple carte créditée de 500 euros. Mais j'ai tenu à privilégier une formule qui corresponde aux usages des jeunes. Et puis, ce portail d'informations que j'ai déjà évoqué offre un autre avantage : l'application peut être téléchargée par n'importe qui, qu'il ait 18 ans ou non. Il ne disposera évidemment pas du crédit de 500 euros, mais aura l'information sur ce qui se passe dans sa région".
La ministre de la Culture voit aussi dans ce dispositif "un accord gagnant-gagnant. En devenant partenaires du Pass Culture, [les] acteurs culturels toucheront plus particulièrement les jeunes, avec un outil - le smartphone - qui leur est totalement familier. C'est avec lui que les jeunes cherchent aujourd'hui l'information, qu'ils communiquent entre eux. Ce Pass Culture peut être une réponse à des institutions soumises à la question du renouvellement de leurs publics. Elles gagneront immanquablement en visibilité auprès des jeunes !".

Quel financement pour un dispositif à 400 millions d'euros ?

Il reste toutefois à régler la question du financement du Pass Culture. Sur ce point, Françoise Nyssen n'a apporté aucune information lors de son déplacement à Strasbourg. Le coût de la mesure reste évalué aux environs de 400 à 430 millions d'euros. Lors de la présentation du dispositif en décembre dernier, la ministre avait souhaité "que les acteurs qui seront partenaires du Pass et en bénéficieront, puissent contribuer d'une façon ou d'une autre à son financement" (voir notre article ci-dessous du 19 décembre 2017).
Cinémas, théâtres et musées pourraient ainsi être mis à contribution en contrepartie d'un apport de public supplémentaire. La question sera plus complexe pour le livre, dont le prix est encadré par la loi Lang. Selon le ministère, des banques pourraient également être associées au financement. Et il reste toujours à connaître la part de l'Etat, mais aussi l'articulation éventuelle avec des dispositifs similaires mis en place par des collectivités et notamment des régions.