L'exécutif à l'offensive pour le premier Conseil de défense écologique
La première réunion du Conseil de défense écologique (CDE) s'est tenue ce 23 mai à l'Elysée en présence d'Emmanuel Macron et de 13 membres du gouvernement. L'exécutif a affiché sa détermination à obtenir "des résultats concrets et rapides" sur le climat. Plusieurs annonces ont été faites à cette occasion : la mise en place d'un observatoire de l'artificialisation des sols, le lancement d'études pour la consigne des emballages plastiques et aluminium, ainsi que de nouveaux prêts de la Banque des Territoires aux collectivités à hauteur de trois milliards d'euros pour financer des projets de mobilité du quotidien et une hausse d'un milliard d'euros des prêts dédiés à la rénovation énergétique des logements sociaux.
Annoncé le 25 avril dans le cadre des mesures post-Grand Débat, le Conseil de défense écologique (CDE) s'est réuni pour la première fois à l'Elysée ce 23 mai en présence du président de la République, de dix ministres et de trois secrétaires d'Etat. A trois jours des élections européennes, l'opposition n'a pas manqué de critiquer "l'opportunisme politique" de la tenue de cette réunion à l'Elysée. Le Premier ministre Edouard Philippe a répliqué que ce Conseil était "de la grande politique avec un grand P". "Nous en parlons, ils (les opposants) nous critiquent. Nous n'en parlerions pas, on nous critiquerait", a-t-il ajouté.
En ouvrant le CDE, Emmanuel Macron a affirmé que, "sur l'écologie, le temps n'est plus à la parole", mais à celui "des "décisions très concrètes". A l'issue de la réunion, qui a duré plus de deux heures, Edouard Philippe a assuré : "nous devons aller plus vite et plus loin" en matière d'écologie mais "sans renoncer à notre ambition de produire davantage de richesses en France". L'exécutif souhaite "changer de méthode" grâce à la "mobilisation générale du gouvernement et à la mobilisation territoriale pour l'emploi et les transitions écologique et économique", "la création du Haut conseil pour le climat ou celle en juin de la convention citoyenne pour la transition écologique", a déclaré le Premier ministre. Avec ces instruments, la France va "disposer d’une méthode et d’une gouvernance inédite pour surmonter les obstacles et parfois même les contradictions de notre société", a-t-il affirmé.
Rénovation énergétique
"Pendant ce conseil, nous avons décidé de renforcer la mobilisation sur la rénovation énergétique des bâtiments", a souligné le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, alors que l’Élysée et Matignon estiment que ce sujet a "moins bien avancé" que d'autres depuis la mise en œuvre du plan climat. Le Premier ministre présidera d’ailleurs "dans les prochains jours une réunion sur les différents dispositifs d’aide à la rénovation des logements, des bâtiments publics", dans le but également "d’offrir des solutions aux collectivités locales", a précisé François de Rugy. Édouard Philippe a également annoncé ce jeudi la mise en place de nouveaux prêts de la Banque des Territoires aux collectivités à hauteur de trois milliards d'euros pour financer des projets de mobilité du quotidien et une hausse d'un milliard d'euros des prêts dédiés à la rénovation énergétique des logements sociaux.
François de Rugy a aussi annoncé la mise en place d'un observatoire de l'artificialisation des sols en vue d'un calendrier pour aller vers le "zéro artificialisation" prévu dans le plan biodiversité. Au 1er novembre prochain sera créé le parc national forestier de Champagne-Bourgogne, couvrant 50.000 hectares, ce qui en fera le "premier parc européen de protection forestière". En matière d'économie circulaire, le ministre a annoncé le lancement d'études pour la consigne des emballages plastiques et aluminium.
Finance verte
La finance verte a aussi été au programme de ce premier conseil. Selon Edouard Philippe, le "déficit d'investissements verts" est de l'ordre de 20 milliards d'euros par an. La France "ne part pas de zéro" en la matière et va lancer l’initiative France transition écologique, qui se veut la "traduction" du rapport de Pascal Canfin et Philippe Zaouati. Remis en décembre dernier, il visait à mobiliser dix milliards d’euros d’investissements privés dans la transition écologique. Avec cette initiative, le Premier ministre veut "réunir les acteurs publics et privés pour faciliter l’accès des porteurs de projets à des financements".
Le gouvernement va également mettre en oeuvre une "démarche de budget vert" en évaluant ses décisions budgétaires au regard des engagements environnementaux. "Nous voulons faire en sorte que l'impact de nos décisions budgétaires soit systématiquement passé au crible de nos engagements internationaux en matière de préservation du climat" et "pour chaque mesure déterminer quelle est l'efficacité ou non de la dépense publique", a-t-il ajouté.
Code minier
Des précisions ont en outre été apportées sur le projet Montagne d'or en Guyane, qui prévoyait une immense mine d'or à ciel ouvert, devenu un point de fixation des défenseurs de l'environnement. "Le projet Montagne d'or ne se fera pas", a tranché François de Rugy. Le gouvernement compte "transformer" le code minier pour "traduire l’absolue détermination du gouvernement à faire en sorte que l’exploitation minière soit respectueuse de considérations environnementales", a indiqué le Premier ministre. La réforme, attendue depuis 2010, sera présentée en conseil des ministres en décembre 2019.
Avec ce nouveau Conseil de la défense écologique, le gouvernement "ne veut pas être dans l’incantation" mais garantir "l’efficacité des mesures décidées au niveau gouvernemental, obtenir des résultats concrets et rapides", a souligné Édouard Philippe. "Le président de la République va s’impliquer personnellement dans ce suivi", a-t-il poursuivi, et le prochain Conseil se tiendra "pour la mi-juillet". Il sera consacré à l’audition du Haut Conseil pour le climat, qui doit rendre son premier rapport fin juin, et à la finalisation des éléments relatifs à la convention citoyenne.