L'Europe détaille son plan pour devenir un continent leader en IA

La Commission européenne a présenté le 9 avril 2025 son plan d'action pour devenir "le continent de l'IA". Ce plan détaille les investissements annoncés au sommet de l'IA et promet des "simplifications" sur la réglementation. Une réforme des règles sur le cloud est également annoncée. En parallèle, un premier appel à projets ouvert aux administrations vient d'être lancé sur l'IA générative.

La Commission européenne a annoncé le 9 avril plusieurs initiatives pour faire de l'UE un "continent leader en IA". Ce plan s'inscrit dans la continuité du programme InvestAI dévoilé par sa présidente, Ursula von der Leyen, lors du sommet de l'IA organisé à Paris en février (voir notre article). Celui-ci ambitionne de mobiliser 200 milliards d'euros, dont 20 milliards de fonds publics pour rattraper le retard de l'Europe dans ce secteur stratégique.

Usines d'IA et cloud souverain

Les "usines d'IA" constituent la pierre angulaire de cette stratégie. Ces écosystèmes d'innovation ouverts, centrés autour des supercalculateurs européens, rassembleront puissance de calcul, données et talents pour créer des modèles et applications d'IA de pointe. Le réseau comptera treize usines d'IA opérationnelles d'ici fin 2025, couvrant 17 États membres et deux pays associés. 

Vont s'y ajouter au moins cinq "AI gigafactories" pour développer et entraîner des modèles d'IA complexes à grande échelle avec plus de 100.000 processeurs d'IA avancés par installation. Un appel à manifestation d'intérêt a été lancé le 9 avril 2025, l'appel d'offre pour sélectionner les consortiums étant annoncé pour la fin d'année.

En parallèle, la Commission lance une consultation sur un "Cloud & AI Development Act" qui aura un volet sur l'usage de ces technologies par les administrations publiques. Il pourrait notamment renforcer les obligations d'utiliser des solutions souveraines du type SecNumCloud dans le secteur public.

Simplifier l'IA Act 

Côté régulation, les mois à venir seront marqués par la montée en puissance de l'IA Act, entré en vigueur le 1er août 2024 mais dont l'application s'échelonne jusqu'au 2 août 2027. À peine né, l'UE annonce cependant d'ores et déjà des "simplifications" sur ce texte vertement critiqué par plusieurs leaders de la tech européenne. Une consultation publique est ainsi annoncée "pour identifier les défis réglementaires et orienter d'éventuelles mesures de simplification".

Par ailleurs, la Commission va mettre en place un service d'assistance à la mise en œuvre de l'IA Act au sein du bureau européen de l'IA, avec l'ouverture d'une plateforme où les parties concernées pourront poser des questions et accéder à des outils. Enfin, des "bacs à sable réglementaires" seront mis en place d'ici août 2026 pour tester les systèmes d'IA à haut risque, concernant notamment la police, la justice, la biométrie, l'éducation ou encore les RH. 

Données, adoption et formation

Côté données, l'UE va se doter d'une "stratégie pour une Union des données" dans le but d'harmoniser les règles d'accès, de partage et d'utilisation de données adaptées au développement de l'IA. L'Europe prévoit d'intégrer des "data labs" aux usines d'IA qui rassembleront des données de différentes sources, en lien avec les espaces européens de données communs en cours de création. Une consultation publique sur ce projet sera lancée au deuxième trimestre 2025.

On notera aussi le souhait d'accélérer l'adoption des solutions d'IA générative dans les administrations publiques. Un premier appel à projets (voir encadré ci-dessous) vient du reste d'être lancé. Au-delà, l'initiative "GovTech Incubator" soutiendra, sur la période 2025-2029, 21 acteurs GovTech de 16 pays pour copiloter et développer des solutions d'IA pour les marchés publics, le traitement des preuves et l'accessibilité. 

Le plan prévoit enfin la création d'un guichet unique sur la formation à l'IA et la promotion de nouveaux diplômes sur l'IA générative.

› Soutien à l'IA générative dans le secteur public

Dans le cadre du programme pour une Europe numérique (Digital 2025-2027), la Commission a publié le 15 avril quatre appels à projets pour une valeur de 140 millions d'euros. Les thématiques concernent le déploiement de l'intelligence artificielle générative, la promotion des compétences numériques avancées, la lutte contre la désinformation et l'extension du réseau des pôles européens d'innovation numérique.

55 millions sont notamment alloués à l’introduction de l’IA générative dans divers secteurs dont l’administration publique et les espaces de données. On notera aussi l'allocation de 5 millions d'euros pour créer un réseau européen de vérificateurs de faits. Celui-ci doit améliorer la capacité de réponse de l'UE en matière de vérification des faits, y compris en situation d’urgence.

Ces appels à projets, accessibles ici sont ouverts jusqu'au 2 septembre 2025. 

 

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