L’Etat élargit à nouveau la palette des soutiens financiers notamment aux "permittents"
Elisabeth Borne a présenté le jeudi 26 novembre des mesures d’accompagnement complémentaires pour les saisonniers et les intermittents de la restauration-hôtellerie et de l’évènementiel, ainsi que pour les jeunes qui seraient hors des radars de la palette d’aides du plan "1 jeune, 1 solution".
Pour les premiers, dont la particularité est de cumuler les contrats courts et souvent de présenter un haut niveau de qualification, ils percevront, à compter du mois de novembre 2020, un soutien financier versé par Pôle emploi tous les deux mois, dès lors qu’ils ont travaillé au moins 60% des jours en 2019 et qu’ils ne perçoivent pas de revenus (allocation, d’activité ou RSA) au-delà de 900 euros. Dès lors, une aide est accordée qui permet d’atteindre ces 900 euros nets d’impôt et de prélèvement. S’ils retrouvent un emploi, ils pourront continuer à bénéficier de cette aide moins 40% du revenu perçu.
Ce dispositif temporaire, pendant "le trou d’air" traversé par les secteurs qui emploient ces "permittents", sera en vigueur au moins jusqu’à fin février 2021 et jusqu’au retour à la normale de leur activité. Le ministère du Travail évalue à environ 350.000 le nombre de personnes potentiellement concernées.
"Il s’agit d’une réponse exceptionnelle pour les 400.000 'extras' de la restauration, les permittents de l’évènementiel ou d’autres secteurs, inscrits à Pôle emploi, qui ont vu cette année leurs revenus baisser drastiquement", a expliqué Jean Castex en annonçant cette mesure ce 26 novembre lors de sa conférence de presse (voir notre article de ce jour). Lors de cette même conférence de presse, Elisabeth Borne a aussi cité "certains intérimaires" parmi "ces Français qui, avant la crise, travaillaient beaucoup en enchaînant contrats courts et périodes de chômage".
Généraliser le Pacea
En ce qui concerne les jeunes, le dispositif visant à assurer un accompagnement adapté à chaque situation et un soutien financier si besoin, nécessite d’être complété et surtout "systématisé". Ainsi, le barème du stagiaire de la formation professionnelle est étendu à tous les dispositifs qui s’apparentent à la formation ou se trouvent en amont (Epide, école de la 2e chance par exemple). Le ministère du Travail vise 35.000 jeunes, soit un budget de 90 millions d’euros. "L’objectif de cette mesure est que le nouveau barème de la formation professionnelle revalorisé profite à tous ceux qui sont de près ou de loin dans une démarche de formation ou de parcours vers la formation", explique le cabinet d’Elisabeth Borne.
Le 2e volet de cette systématisation visant à ce qu’en face de tout accompagnement, aussi bien par Pôle emploi que l’Apec, il puisse y avoir un soutien financier, va consister à généraliser le Pacea, réservé aujourd’hui aux jeunes suivis par les missions locales. Le plafond du Pacea est porté de 3 à 6 RSA, soit un budget de 140 millions d’euros. 50.000 jeunes seraient susceptibles d’être concernés.
Donner la capacité de prolonger la garantie jeunes
De même, l’enveloppe allouée à la garantie jeunes est augmentée en équivalent places, à hauteur de +50.000 places, ce qui équivaut à un montant de 280 millions d’euros. Ce budget supplémentaire financera soit l’augmentation du nombre de jeunes qui entrent en garantie jeunes, soit le prolongement du parcours en garantie jeunes. En effet, le ministère du Travail souhaite "donner la capacité de la prolonger jusqu’à 18 mois chaque fois que cela est nécessaire". Limitée à 12 mois, la garantie jeunes peut être prolongée, "mais cette possibilité est trop rarement utilisée", déplore le cabinet d’Elisabeth Borne. A l’exception de l’extension du barème de formation financé par le PIC, les autres mesures nécessiteront une modification du budget de l’Etat.
Maintien du niveau d’embauches des jeunes de moins de 26 ans
"Le plan jeunes fonctionne et commence à porter ses fruits", se félicite-t-on dans l’entourage de la ministre du Travail. Ainsi, selon le cabinet d’Elisabeth Borne, près d’1 million de jeunes auraient décroché un contrat entre août et octobre 2020, "soit autant qu’en 2019 sur la même période". Satisfecit aussi du côté de l’apprentissage, puisque le ministère annonce 350.000 entrées en apprentissage en 2020. Les primes à l’embauche des jeunes de moins de 26 ans ont également fonctionné puisque le ministère en compte à ce jour plus de 128.000 dont 70% concernent des emplois en CDI et 172.000 pour le recrutement d’alternants. Enfin, à fin octobre, 70.500 jeunes sont entrés en garantie jeunes, 277.000 en Pacea et 120.000 en AIJ (accompagnement intensif des jeunes). Des résultats "en ligne avec les ambitions annuelles du plan jeunes", convient le cabinet d’Elisabeth Borne.