Pollutions - Les transports continuent à exercer un fort impact sur l'environnement
Malgré certains signes encourageants comme le fort développement du transport ferroviaire de voyageurs, le secteur des transports en France reste très largement dominé par le mode routier et continue à exercer de fortes pressions sur l'environnement. Selon les données actualisées sur les transports et l'environnement que l'Ifen (Institut français de l'environnement) vient de publier, les transports étaient encore responsables en 2006 de plus d'un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de plus de la moitié des oxydes d'azote, l'un des principaux polluants atmosphériques.
Les déplacements intérieurs ont représenté 881 milliards de voyageurs kilomètres en 2007. 83% des trajets continuent à s'effectuer en voiture, note l'Ifen, et les immatriculations de voitures particulières ont augmenté de 3,2%. De plus, la "diésélisation" du parc s'est poursuivie : pour la première fois, en 2006, les voitures diesel sont devenues aussi nombreuses que les voitures essence. Le transport ferroviaire occupe encore une place modeste (10,5% des trajets) mais au cours de la période 1995-2007, c'est le mode de transport qui a connu la plus forte croissance (+44% contre +14% pour l'automobile), notamment grâce aux trains express régionaux et à la montée en puissance des TGV. Au sein de l'Union européenne, la France est le pays dont les habitants voyagent le plus en train : la distance moyenne parcourue par habitant dans l'Hexagone est de 1.260 km contre une moyenne européenne de 781 km.
Quant au transport de marchandises, il s'effectue à 82% par la route et cette part ne cesse de croître. "Cette évolution reflète l'importance donnée à la vitesse d'acheminement (méthodes de production-distribution en flux tendus) et à la flexibilité (livraison de petits colis), explique l'Ifen. Mais celle-ci ne s'est pas traduite par une croissance équivalente du nombre des véhicules utilitaires routiers." Une partie de la croissance du transport routier a en effet été absorbée par l'augmentation de la taille moyenne des véhicules et de leur coefficient d'utilisation.
Sur la durée, et malgré la part prépondérante du mode routier, les transports ont légèrement réduit leur impact en matière d'émissions de GES ou de pollution de l'air. Depuis 2001, les émissions de GES du secteur des transports ont tendance à se stabiliser en France alors qu'elles continuent de croître en Europe. Quant à celles des polluants locaux, elles ont toutes diminué sur la période 1990-2006, à l'exception des émissions de cuivre, qui ne sont pas réglementées. Le durcissement progressif des normes d'émission euro fixant les limites maximales de rejets polluants pour les véhicules neufs a entraîné une forte réduction des émissions d'oxydes d'azote (NOx), de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM) et de monoxyde de carbone (CO). Mais, observe l'Ifen, " les efforts pour réduire les émissions de polluants locaux sont parfois contradictoires avec les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, la généralisation des pots catalytiques a freiné les gains d'efficacité énergétique du parc. La technique de l'injection directe qui réduit la consommation des moteurs diesel contribue à accroître les émissions de NOx. L'amélioration de la qualité des carburants, en particulier la désulfuration, nécessite un accroissement d'émissions de CO2 lors du raffinage".
Anne Lenormand