Archives

Les transports, angle mort de la présidentielle, selon la Fnaut

La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a publié ce 14 mars les réponses que lui ont adressées les candidats à l’élection présidentielle – du moins ceux qu’elle a sollicités – en matière de transports. Si l’association souligne une "assez bonne connaissance du secteur et de ses problématiques", elle déplore le "manque d’ambition des programmes".

L’écrit avant l’oral. Alors que TDIE et Mobilettre organisent ce jeudi "un grand débat transport" avec les candidats à l’élection présidentielle – ou, plus sûrement, leurs représentants, au moins pour certains –, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) présentait ce 14 mars au matin les réponses au questionnaire qu’elle leur avait préalablement adressé (voir notre article du 21 février).

Bonne participation

Après avoir épluché les réponses, Bruno Gazeau, qui préside l’association, souligne plusieurs motifs de satisfaction. Premier motif, toutes les équipes des candidats ou presque ont répondu au questionnaire qui leur avait été adressé – relevons toutefois que Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Philippe Poutou et Fabien Roussel n’ont pas été sollicités par l’association. Seule exception, Marine Le Pen, dont la réponse "n’est pas encore parvenue", celle d’Emmanuel Macron n’ayant été reçue que ce dimanche soir, à "21 heures passées"… Bruno Gazeau se félicite par ailleurs que les équipes de campagne de quatre "candidats" ont même sollicité l’association en amont pour échanger avec elle : deux rencontres avec les représentants de Valérie Pécresse, une rencontre avec ceux de Yannick Jadot, d’Éric Zemmour et d’Emmanuel Macron, ce dernier n’étant toutefois à l’époque officiellement que président de la République, et pas encore candidat à un nouveau mandat. Deuxième motif, "les candidats ont bien compris la démarche, en apportant des réponses claires et courtes aux cinq questions posées". Troisième motif, "les équipes de campagne connaissent relativement bien le sujet et ses problématiques", estime Bruno Gazeau.

Jeu des 7 différences

Dans le détail, les réponses ne sont malheureusement pas si claires que cela. Si l’on prend l’exemple du ferroviaire, Emmanuel Macron ne fournit ainsi aucun montant. Et si les autres candidats avancent bien des éléments chiffrés, parfois colossaux – "6 milliards par an, voire plus" pour Jean-Luc Mélenchon, et même "7 milliards par an" pour Yannick Jadot – qui entend en outre réorienter les financements des contrats de plan État-région (CPER) prévus pour le routier –, les comparaisons entre programmes restent quasi impossibles, les périmètres correspondant rarement… quand ils sont précisés. Sans compter qu’aucun candidat n’indique l’origine de ces nouveaux fonds : "Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent", rappelle ainsi Bruno Gazeau à Localtis, qui concède par ailleurs l’impossibilité de faire des comparaisons précises entre les programmes. Certains candidats admettent toutefois que, même en campagne électorale, les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel, à l’image d’Anne Hidalgo, qui indique à la Fnaut que "les 6 milliards d'euros par an sur la simple modernisation du réseau que vous proposez sont hors de portée des capacités budgétaires que nous avons estimées avec nos équipes". "Compte tenu de la situation financière de la France, nous ne pouvons pas nous engager sur le même budget par habitant que la Suisse", explique pour sa part Éric Zemmour, qui propose "d’ajouter aux dépenses déjà prévues 1 milliard d’euros sur tout le quinquennat".

Interprétation

On relèvera également que le communiqué de presse de la Fnaut ne reflète pas toujours parfaitement le contenu des réponses. Par exemple, lorsque l’association indique qu’ "aucun des candidats ne propose d’évolution législative pour donner plus de garanties au droit des usagers par rapport au droit de grève", alors que Valérie Pécresse fait part de son intention de "faire voter une nouvelle loi instaurant un service minimum garanti aux heures de pointe" ou augmentant "le délai de préavis de grève" – Jean-Luc Mélenchon entendant à l’inverse "abroger tout simplement la loi sur le service garanti". Autre exemple, lorsque la Fnaut déclare que "la plupart des candidats (hormis Éric Zemmour) se déclarent favorables au rôle des associations d’usagers", alors que le candidat incriminé relève dans sa réponse "le rôle fondamental de la Fnaut pour défendre l'intérêt des usagers", mais estime, il est vrai que, son financement "ne peut se faire que par les usagers ou les représentants des usagers afin de garantir l'impartialité de l'association, l'État finançant également les transports publics".

Manque d’ambition

Globalement, Bruno Gazeau déplore que les candidats "restent timorés" sur la question des transports. "Ils ne font que s’ajuster aux mesures existantes. Les réponses sont plutôt positives sur la régénération du réseau ferroviaire, mais cela ne va pas au-delà. Aucun d’entre eux n’ose franchir le pas des investissements nécessaires pour réduire la dépendance à l’automobile et faire face au défi climatique", déplore-t-il. "Après les annonces successives du Premier ministre, après le quatrième appel à projets, après les deux années de Covid, la Fnaut attend un engagement plus fort qui soit une nouvelle étape dans l’histoire moderne des mobilités et demande au candidat élu d’oser la mutation technologique et climatique", lance l’association en conclusion. Bruno Gazeau ne semble pourtant se faire guère d’illusions : "La mobilité ne constitue pas un véritable thème de campagne" et "il est assez difficile de se faire entendre".

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis