Emploi - Les territoires à l'heure de la "gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences"
Entreprises, territoires et développement (ETD) s'est penché, le 24 mai, sur l'intérêt pour les territoires de mettre en pratique la "gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences" (GPEC), ou comment anticiper les besoins en effectifs et en formation.
Comment maintenir de manière durable les activités économiques au niveau local ? Avec la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC). Son principe : mettre en adéquation les compétences des salariés d'un bassin d'emplois avec l'activité des entreprises et leurs perspectives d'évolution. Ce qui implique au préalable d'identifier les besoins en effectifs et en formation et d'encourager la mobilité des salariés. Un moyen de lisser la gestion de ressources humaines et, surtout, d'éviter les plans de restructurations aux effets humains et économiques souvent désastreux pour le territoire. Certaines entreprises en ont vite compris l'intérêt. C'est le cas d'Areva qui a signé en 2005 un accord sur le sujet qui lui a permis d'élaborer une vaste cartographie des emplois et compétences avec un constat à la clé : la nécessité d'augmenter de 20% ses effectifs dans les métiers d'ingénierie. Dans le même esprit, Alstom a signé en janvier 2006 un accord GPEC pour mieux anticiper la gestion des âges.
Un soixantaine d'accords de ce type ont été passés à ce jour. Au niveau local, les territoires sont encore peu nombreux à utiliser la GPEC et la place consacrée à la situation de l'emploi dans les diagnostics territoriaux se limite souvent à un constat chiffré sur le nombre et la répartition des demandeurs d'emploi par grandes catégories, le taux d'activité de la population et parfois l'évolution de l'emploi salarié par grands secteurs d'activité. Certains territoires ont toutefois pris de l'avance. Le pays Bocage Bressuirais (voir ci-contre) a ainsi une vraie antériorité : sa charte réunit en un axe unique des orientations associant les actions en faveur de l'emploi pour la population, aux actions en faveur de l'attractivité économique du territoire et débouche sur un programme précis de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.
Besoin d'accompagnement
De son côté, l'Etat tente d'inciter territoires et entreprises à se lancer dans des démarches de GPEC. Côté entreprise, la loi de cohésion sociale du 18 janvier 2005 impose ainsi aux groupes de plus de 300 salariés ou établissements de plus de 150 personnes "d'engager tous les trois ans une négociation sur la mise en place d'un dispositif de GPEC". De nouvelles mesures ont été prises comme l'exonération de charges sociales de certaines activités de la GPEC. Au niveau des territoires, de nouveaux outils sont train de voir le jour, comme le dispositif Edec (Engagement de développement de l'emploi et des compétences) qui permet d'intégrer tous les acteurs du territoire dans la démarche : entreprises bien sûr, mais aussi partenaires sociaux et collectivités. "L'Etat veut instaurer une démarche globale et c'est un bon axe car à l'heure actuelle, la mobilité des salariés dépasse le cadre de l'entreprise", explique ainsi Marie-Camille Levionnais, chargée de mission développement économique à ETD. Mais le chemin est encore long : les territoires ont besoin de se saisir du concept et attendent d'être mieux accompagnés. "Dans ce travail, poursuit Marie-Camille Levionnais, l'Etat avance au même rythme que les territoires ; c'est encore quelque chose de très nouveau."
Emilie Zapalski