Les tarifs de l'électricité vont augmenter de 10% au 1er août
Le gouvernement a annoncé ce 18 juillet une hausse de 10% des tarifs réglementés de l'électricité au 1er août, signe de la fin progressive du bouclier tarifaire mis en place depuis deux hivers pour réduire les factures d'énergie des consommateurs.
Les tarifs réglementés de l'électricité pour les ménages, artisans, petits commerces et artisans, qui sont "raccordés à un compteur d'une puissance jusqu'à 36 kilovoltampères" augmenteront de 10% au 1er août, a annoncé le gouvernement ce 18 juillet. La précédente hausse remontait à février et s'élevait à 15%, après 4% en février 2022. Depuis 2021, le tarif réglementé de l'électricité, dont dépendent quelque 23 millions de clients, aura donc augmenté de 31%.
Pour un consommateur moyen qui se chauffe à l'électricité, "avant la hausse [de 10%], la facture était de l'ordre de 1.640 euros par an. Après la hausse, elle sera à 1.800 euros", soit une augmentation de 160 euros en moyenne, a calculé le gouvernement.
"Coup de poignard dans le dos"
"C'est une surprise complète", "un coup de poignard dans le dos dans le creux de l'été", a déclaré à l'AFP François Carlier, délégué général de la CLCV qui défend les intérêts des consommateurs, reprochant à l'État de ne pas respecter son engagement de limiter la hausse à 15% en 2023. Sur le fond, l'association préconise une réforme structurelle du tarif réglementé pour éviter les hausses brutales.
L'UFC-Que choisir a "dénoncé" elle aussi "une décision, prise en catimini en plein coeur de l'été, en contradiction totale avec des annonces passées du gouvernement" sur les 15% de hausse en 2023 et qui se traduira par "une nouvelle explosion des factures d'électricité". Selon les calculs de l'association, la hausse sera "de près de 40 euros par mois en moyenne pour un ménage chauffé à l'électricité et de l'ordre de 80 euros par mois pour un ménage habitant dans une passoire thermique"
Le gouvernement met toutefois en exergue le fait que l'État continuera de prendre en charge plus d'un tiers de la facture des ménages français (37% contre 43% actuellement), ce qui garantit aux Français un tarif de l'électricité parmi les plus bas en Europe.
Hausse nettement inférieure aux préconisations de la CRE
La facture aurait par ailleurs pu être plus salée, a relevé le gouvernement, puisque la Commission de régulation de l'énergie (CRE) recommandait dans sa délibération du 22 juin dernier une hausse de 74,5% taxes comprises. D'après des estimations de la CRE, les prix de l'électricité auraient bondi de 35% en 2022 et de 100% en 2023 sans le bouclier tarifaire. Quelque 21,6 millions de clients résidentiels (sur 34 millions) bénéficiaient du tarif réglementé au 31 décembre 2022, sans compter les 1,5 million de petits clients non résidentiels, selon la même source.
Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, avait annoncé en avril qu'il mettrait un terme au bouclier tarifaire sur les prix de l'électricité, annoncé à l'automne 2021 par l'ex-Premier ministre Jean Castex pour lutter contre l'inflation énergétique, avant même la guerre en Ukraine. "Dès lors qu'on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs spécifiques" et "progressivement du bouclier tarifaire", d'ici à 2024, avait également prévenu la semaine dernière le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, sur RTL.
14 milliards d'euros de dépenses publiques économisées, selon Bercy
Le bouclier énergétique coûte très cher à l'État, le gouvernement l'ayant évalué à 110 milliards d'euros de 2021 à 2023. Pour le budget 2024, sa réduction est censée dégager des économies de près de 14 milliards d'euros pour les dépenses publiques auxquelles s'ajoutera la fin du guichet d'accompagnement pour les entreprises très consommatrices d'énergies, selon Bercy.
Le gouvernement vient en outre de saisir le Conseil supérieur de l'énergie (CSE) afin d'obtenir son avis sur la hausse prochaine des tarifs réglementés de l'électricité révisés au moins deux fois par an.