Fonction publique - Les syndicats de pompiers proposent une refonte de la filière
Les syndicats de sapeurs-pompiers font bloc pour la refonte de leur filière. L'enjeu porte sur l'avenir des quelque 40.100 sapeurs-pompiers professionnels (sur les 250.000 pompiers en France, qui restent essentiellement composés de volontaires). La mise en place du "nouvel espace statutaire" de la catégorie B, avant la fin de l'année, leur offre une rampe de lancement. Car pour l'heure, ils se voient comme les "grands oubliés" de cette réforme. Depuis le mois de septembre, la FNSPF (Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France) planche aux côtés du SNSPP-PATS, de l'Unsa, d'Avenir secours et de FO sur ce projet. Leurs propositions s'inscrivent dans le prolongement de celles du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale de 2009, demeurées depuis lettre morte. "Il faudrait amener nos décideurs, à la fois l'Assemblée des départements de France et la Direction générale des collectivités locales, à s'agiter un peu pour prendre en compte nos doléances", a déclaré Patrice Beunard, président du SNSPP-PATS, lors d'une conférence de presse, mardi 1er mars.
Parcours qualifiant
L'un des principaux problèmes à régler tient à la surreprésentation de la catégorie C (sapeurs, caporaux, sergents et adjudants), qui couvre plus de 80% de l'ensemble, contre 8% pour la catégorie A (capitaines, commandants, lieutenants-colonels et colonels) et 9% pour la catégorie B (majors et lieutenants). C'est beaucoup plus que dans le reste de la fonction publique territoriale. Chez les pompiers, le taux d'encadrement est bien plus faible qu'ailleurs. Résultat : bon nombre de tâches de gestion sont aujourd'hui effectuées par des personnels de catégorie C qui n'ont pas forcément reçu de formation adéquate, ni de rémunération correspondant à leur niveau de responsabilité.
Les syndicats veulent permettre un déroulement de carrière plus fluide en tenant compte des choix du sapeur-pompier, à travers un "parcours qualifiant". "Aujourd'hui, beaucoup deviennent professionnels très jeunes, vers 22/23 ans, et de plus en plus demandent de poursuivre au-delà de 55 ans, il faut tenir compte de la durée qui s'allonge", a souligné le colonel Eric Faure, vice-président de la FNSPF.
Au niveau de la catégorie C, qui a déjà fait l'objet d'un toilettage avec les "accords Jacob" de 2007, les syndicats proposent la création de nouvelles classes de sapeur et de deux nouveaux emplois de sergent (chef d'agrès "une équipe" et chef d'agrès "deux équipes"). Mais ils veulent surtout favoriser l'accès à la catégorie B par la voie du concours externe. L'idée est de mettre en oeuvre une disposition de la loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004, à savoir la formation d'élèves officiers à l'ENSOSP (Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers), d'Aix-en-Provence, préalablement au recrutement au sein d'un Sdis (service départemental d'incendie et de secours).
S'agissant de la catégorie A, elle aussi doit être revalorisée. Les syndicats proposent un recrutement à Bac+5 ou Mastère, puis un parcours qualifiant, avec une expérience en catégorie B obligatoire pour maintenir un lien avec le terrain. "Un capitaine va quand même devoir occuper un emploi de chef de groupes, dans un casernement, pour ne pas être isolé de sa base", a souligné, Gilles Frega, d'Avenir Secours. Cette voie externe devra toutefois être limitée à moins de 50% des recrutements.
"La RGPP ne peut pas s'appliquer chez nous"
L'idée d'un cinquième grade, qui ne figure pas en tant que tel dans le document des syndicats, a également été évoquée. Qu'il s'agisse d'un grade de général ou non, les syndicats s'accordent pour dire qu'il manque un interlocuteur face aux pouvoirs publics. Ces "généraux" pourraient être amenés à jouer le rôle de "conseillers techniques", lors de crises type Xynthia, ou les récentes chutes de neige.
Les représentants de pompiers s'intéressent également au sort des "reçus-collés", "ces lauréats au concours de sapeur, qui faute de poste disponible, n'ont gagné que le droit d'être inscrit sur une liste d'aptitude pendant trois ans".
Pour le moment, l'impact financier de toutes ces mesures n'a pas été évalué. Les syndicats se contentent de dire qu'elles seront "peu couteuses". Après avoir rencontré la Direction de la sécurité civile le 8 février, ils ont sollicité un rendez-vous à l'Assemblée des départements de France, qui pour l'heure est davantage focalisée sur les élections cantonales. "Nous prenons en compte les contraintes budgétaires des conseils généraux, insiste Eric Faure. Mais la RGPP ne peut pas s'appliquer chez nous, nous devons travailler à périmètre constant."