Les salariés du privé ont davantage déménagé durant la crise sanitaire
La crise sanitaire a accentué les mobilités géographiques des salariés du privé, confirme une étude de la Dares publiée le 16 mars. Les déménagements à plus de 100 km sont en revanche en légère baisse et concernent majoritairement des mouvements au départ des métropoles, délaissées au profit de départements ruraux. Une tendance encore plus marquée s’agissant des professions "télétravaillables".
A l’image d’une note de conjecture des Notaires de France d’octobre 2021 qui identifiait "de nouveaux comportements immobiliers, notamment des déplacements des grands centres métropolitains vers les communes de plus petite taille" ou une étude, plus récente (lire notre article ici), montrant que les effectifs d’enfants scolarisés résistent mieux dans les zones rurales que dans les métropoles à la rentrée 2021, cette étude de la Dares vient confirmer une tendance observée durant la crise sanitaire : celle d’un nombre croissant de personnes délaissant les grands centres urbains pour s’installer dans des territoires plus ruraux. Sans pour autant que le phénomène soit massif et puisse être qualifié d’"exode urbain".
Cette première quantification des mobilités géographiques durant la crise sanitaire a été réalisée à partir des déménagements des salariés du privé, selon le lieu de départ et d’arrivée. Elle révèle d’abord que la crise sanitaire et les différents confinements ont accentué ces mobilités géographiques. Ainsi, entre les mois d’avril 2020 et 2021, les salariés du privé ont davantage déménagé qu’au cours des douze mois précédents (12,3%, soit un peu plus de deux millions, contre 11,8% entre avril 2019 et avril 2020). Dans le même temps, la part des déménagements à plus de 100 kilomètres a légèrement reculé (11,4% contre 11,7%). "Toutefois, les salariés qui déménagent à plus de 100 kilomètres sans pour autant changer d’établissement de travail sont un peu plus nombreux, tout en restant en nombre limité : ils sont 69.000 entre avril 2020 et avril 2021, contre 55.000 durant les douze mois précédents".
Augmentation des départs de métropoles
Autre constat : ce sont plus souvent les métropoles qui sont délaissées dans les déménagements au-delà de 100 km, à commencer par la première d’entre elles. Ainsi, les départs de Paris ont augmenté de 34%, soit 4.000 déménagements en plus sur un an. "En parallèle, les emménagements des salariés du privé à plus de 100 kilomètres se font moins souvent dans les grandes métropoles. À Paris, ils reculent de 12%, soit 1.600 arrivées en moins sur un an". Ainsi, s’opère un double mouvement : s’agissant des déménagements à plus de 100 km, la proportion de départs des métropoles augmente de trois points, passant de 26% entre avril 2019 et avril 2020 à 29% entre avril 2020 et avril 2021, tandis que la part des emménagements dans un département principalement rural s’accroît de 2,3 points, de 26,3% à 28,6%.
Un mouvement encore plus marqué pour les salariés des professions recourant le plus au télétravail : services administratifs, comptables et financiers, de l’informatique ou encore de la banque et assurance. Ces métiers contribuent "aux deux tiers de la hausse de la part des départs de métropoles au-delà de 100 km entre avril 2020/avril 2021 et l’année précédente" et "à près de la moitié de l’augmentation de la part [des] déménagements à destination d’un département principalement rural", relève la Dares.