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Congrès de l'ARF - Les régions débattent de leur avenir à Dijon

Les présidents de région réunis en congrès ces 14 et 15 décembre en appellent à des réformes fiscales et institutionnelles pour asseoir leur rôle de chefs de file du développement économique.

Le deuxième Congrès des régions de France qui se tient à Dijon jeudi et vendredi a été marqué, jeudi matin, par la visite de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes. L'arrivée de la candidate socialiste à l'élection présidentielle a provoqué un tonnerre d'applaudissements dans l'hémicycle comble du palais des congrès de Dijon où étaient réunies plus de 800 personnes. Mais les vingt-six présidents de région étaient surtout là pour parler de l'avenir de la décentralisation, alors que les Français sont de plus en plus méfiants à son égard.
François Patriat, le président de la région Bourgogne, s'est livré à un véritable plaidoyer pour l'échelon régional, rappelant que "depuis 1982, chaque fois que les collectivités ont pris en charge un service public, elles l'ont amélioré". "Pour aller plus loin, la vraie réforme à mener est celle de la régionalisation", a-t-il insisté. Un sentiment partagé par l'ensemble des conseillers régionaux, comme en témoigne un sondage Ipsos présenté jeudi par Pierre Giacommetti, le directeur général d'Ipsos France. Selon ce sondage réalisé en novembre auprès de 463 conseillers régionaux pour l'Association des régions de France (ARF), 81,4% des élus régionaux jugent inadéquate la répartition des compétences entre l'Etat et les régions. Ils sont presque autant (76,7%) à réclamer la gestion de la totalité des aides aux entreprises au niveau régional. Les trois quarts d'entre eux (76,2%) sont favorables à ce que les régions aient un véritable pouvoir normatif. En revanche, ils sont majoritairement opposés (65%) à la suppression des préfets de région.

Un "pouvoir de veto" pour les régions

Ségolène Royal, qui s'exprimait théoriquement en tant que porte-parole de l'ARF, s'est ensuite offert une tribune pour décrier le "rendez-vous raté de l'acte II de la décentralisation" et défendre l'idée "d'un ordre territorial juste". La candidate-présidente de région a tenté le grand écart entre ses deux casquettes : "Il faut avoir le courage de réconcilier la dynamique de l'Etat avec la créativité des collectivités", a-t-elle déclaré. Cette réconciliation ne devra pas se traduire par une "nouvelle loi théorique". Elle suggère un "transfert de ressources juste, assorti d'un pouvoir de veto des régions", "la création d'un fonds national pour l'égalité entre les territoires" et, nouvelle illustration de démocratie participative, "l'obligation donnée aux régions d'évaluer les politiques publiques et de rendre des comptes aux citoyens". Ségolène Royal a ensuite présenté, en avant-première, son programme en cinq points pour l'emploi des jeunes. Elle s'est notamment prononcée pour un "droit d'accès au premier emploi pour les jeunes diplômés", saluant au passage l'expérience du "contrat ressource" mise en place en Bourgogne, "la mise en place d'ateliers de la création et de chèque création d'entreprise pour les jeunes, en particulier dans les quartiers populaires" et pour "le transfert aux régions des travaux sur les bâtiments universitaires".
Pour sa part, le président de l'ARF et président de la région Aquitaine, Alain Rousset, s'est notamment félicité des résultats de la dernière note de conjoncture des Caisses d'épargne qui constate "une baisse de la part de l'endettement des collectivités locales dans la dette publique". Il s'est également réjoui des concessions faites par le gouvernement sur les contrats de projets Etat-régions 2007-2013 même si, a-t-il souligné, "il manque ici ou là les financements nécessaires pour les boucler".
En marge des feux de la rampe, cette première journée s'est également voulue des plus studieuses, l'après-midi ayant été consacrée à une série d'ateliers de travail centrés sur le développement économique et ses déclinaisons en matière de développement durable, d'économie sociale et solidaire et de pôles de compétitivité.


Michel Tendil, à Dijon

Investissement local : 200.000 emplois créés en quatre ans

Avec un investissement annuel de 40 milliards d'euros, les collectivités locales génèrent une activité économique qui représente la création et le maintien de 850.000 emplois dans le privé. C'est ce qui ressort d'une note de conjoncture du Groupe Caisses d'épargne sur les "enjeux économiques de l'investissement public local dans les régions", réalisée en partenariat avec l'ARF et présentée ce 14 décembre lors du Congrès de Dijon.
Selon cette note, 200.000 emplois ont été créés depuis 2003 grâce à l'accroissement de l'investissement des collectivités locales. En 2006, ces investissements ont enregistré une hausse de 8%, soit deux fois plus que les investissements privés. En 2007, les collectivités devraient poursuivre sur cette lancée (+ 5%) avant de réduire la voilure en 2008 et 2009, années "correspondant aux deux premières années d'un cycle électoral communal".
Les régions sont les collectivités qui réalisent le plus gros effort avec une augmentation de leurs investissements de 10% en 2006, année du bouclage des contrats de plans 2000-2006.
La note souligne par ailleurs la bonne santé financière des collectivités, et en particulier des régions, qui ont réussi à maintenir "leur effort d'équipement sur les années 2003-2006 sans altérer leur solvabilité". "Depuis plus de douze ans, la remarquable stabilité de la solvabilité des régions suggère l'existence de marges de manoeuvre permettant d'envisager le financement de grands programmes structurants dans le cadre des futurs contrats de projet", assurent les auteurs de la note. [Accéder au diaporama de présentation de cette étude]

 

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