Politique de la ville - Les quartiers sensibles ont-ils besoin de l'école catholique ?
"Avons-nous besoin de l'école catholique ?" était le thème de la convention de l'enseignement catholique organisé au Parc floral (Paris) le week-end du 1er et 2 juin. "Oui", aurait certainement répondu François Pupponi, député-maire de Sarcelles, en invoquant le rôle des écoles privées (notamment catholique mais pas seulement) dans la mixité sociale des quartiers sensibles.
"Sarcelles parvient à maintenir une mixité sociale avec l'émergence, dans les communautés (juives, arabes, aujourd'hui pakistanaise, tamoul...), de classes moyennes", a-t-il constaté, expliquant que tout l'enjeu est de "les garder". "Nous y parvenons parce qu'il y a des collèges privés à Sarcelles", est-il convaincu. "Il ne faut pas le prendre comme un drame, c'est une réalité qu'il faut admettre", défend l'élu PS après avoir relaté sa dernière visite à la kermesse de l'école catholique, qui l'avait invité en tant que maire de la ville, et où il a pu saluer non seulement des parents issus de toutes les communautés de la ville (et donc pas uniquement d'obédience catholique), mais aussi des élus et des cadres de sa mairie, et même l'institutrice de ses enfants !
Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le quotidien La Croix, 68% des Français seraient d'accord avec l'idée que l'enseignement privé permet de contourner la carte scolaire. Dans une interview au journal paru la veille de la convention, Eric de Labarre, secrétaire général de l'enseignement catholique, ne s'offusque pas sur le fait que des parents choisissent l'école catholique sans la moindre considération religieuse : "Il serait malvenu de blâmer les parents qui utilisent le système éducatif pour donner la meilleure éducation à leurs enfants", estime-t-il.
Régissant à un autre résultat du sondage, montrant que seulement 27% des Français pensaient que l'enseignement privé était "financièrement accessible à toutes les familles", le secrétaire général de l'enseignement catholique envisage "un système de péréquation pour les frais d'inscription en fonction des revenus des familles, ajoutant aussitôt : mais il ne faudrait pas que les collectivités locales en profitent pour réduire les sommes versées à nos établissements", rappelant que "à ce jour, nombre d'entre elles ne paient pas la totalité du forfait prévu par la loi". Un manque à gagner qu'il évalue à 500 millions d'euros par an.
Malgré cela, Eric de Labarre a, dans son discours de clôture de la convention, invité les établissements à "un dialogue approfondi avec les pouvoirs publics". Encore faudrait-il que "tout ne soit pas organisé pour rendre impossible notre installation là où nous sommes attendus", sous-entendu "dans les quartiers populaires". Et de citer la "règle des cinq ans" qui oblige un nouvel établissement privé à attendre plusieurs années avant de pouvoir contracter avec l'Etat, période pendant laquelle les salaires des enseignants sont à la charge des familles.