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Les premiers pas des "volontaires territoriaux en administration"

210 VTA ont déjà été signés. Le gouvernement se fixe un objectif de 800 d'ici 2022. Signature et mise en place des actions du contrat de relance et de transition écologique (CRTE), plan climat, opérations dans le cadre du programme Petites Villes de demain… les missions de ces jeunes diplômés au service des petites communes ou d'associations d'élus sont variées. Premiers retours d'expérience.

Depuis près de trois mois, le village de Luzy (2.000 habitants) dans le Morvan, a recouru aux services d'une jeune diplômée embauchée en "volontariat territorial en administration" (VTA) pour l'aider à monter des projets de développement. Un dispositif mis en place au printemps dans le cadre de l'Agenda rural et financé par une aide forfaitaire de l'État de 15.000 euros pour des durées d'un an ou un an et demi. "Ce poste m'a beaucoup intéressée en complément d'autres : un chef de projet Petite Ville de demain et un manager de centre-ville, témoigne Jocelyne Guérin, maire de Luzy, cela permet à un jeune de démarrer une vie professionnelle tout en prenant en charge des dossiers à 360°, sous tous les aspects, juridique, administratif." Et le travail ne manquera pas. La VTA planche sur un projet lancé depuis sept ans avec la population, "Luzy village du futur", autour de la revitalisation du centre-bourg et de ses alentours, et des nouveaux modes de vie sociétaux, économiques, environnementaux. "Pour un grand projet comme celui de Luzy où on aborde tous les sujets, il nous faut des moyens", explique l'élue.

Au total, 210 VTA ont été signés, d'après le bilan présenté lors du comité interministériel aux ruralités du 24 septembre 2021 (voir notre article). Le gouvernement en prévoit 350 cette année et jusqu'à 800 en 2022. 910 jeunes sont inscrits sur la plateforme de mise en relation créée par le gouvernement, où 430 offres de missions sont recensées. Ces VTA, lancés en avril 2021, permettent à des jeunes de 18 à 30 ans d'un niveau au moins bac + 2 de mener des missions à destination des collectivités rurales. Une aide appréciable pour ces petites communes qui manque souvent d'ingénierie.

Missions variées

Ces jeunes ont des missions variées. À l'Association nationale des pôles d'équilibre territoriaux et des pays (ANPP), qui vient de recruter un VTA de niveau master pour 18 mois à hauteur de 2.300 euros bruts par mois, il devra animer le programme AcoTE que porte l'association d'élus avec deux entreprises, CertiNergy & Solutions et La Roue verte, pour sensibiliser aux enjeux du covoiturage.

Au sein du PETR (pôle d'équilibre territorial et rural) du Briançonnais, un VTA sera chargé du contrat de relance et de transition écologique (CRTE) : finalisation jusqu'à la signature, mise en place du plan d'actions, suivi des projets et appui aux collectivités pour trouver des financements sur leurs projets. Parfois, les VTA travaillent pour deux employeurs en simultané. C'est le cas de celui recruté par le PETR Vallée du Loir et la commune du Lude. Pour le premier, il travaillera sur le plan climat et les énergies renouvelables, pour la seconde, qui vient d'être labellisée Petite ville de demain, sa mission consistera à suivre des opérations dans le cadre de la revitalisation du centre bourg. "Nous avons mis plusieurs mois pour trouver le bon candidat, précise Sophie Rychlicky, directrice du PETR Vallée du Loir. Au départ il y avait peu de candidats et beaucoup d'offres !"

Les missions qui leur incombent sont parfois très pointues : à la communauté de communes du Sisteronais-Buëch (CCSB), située entre les Alpes-de Haute-Provence, les Hautes-Alpes et la Drôme, le VTA sera chargé de l'appui au déploiement du guichet numérique des autorisations d'urbanisme et de la signalisation d'information locale. Autre exemple avec le PETR de Bruche Wossig (département du Bas-Rhin), pour lequel le VTA devra constituer et alimenter un observatoire géographique du territoire. Recruté pour 18 mois, il bénéficiera d'un salaire mensuel de 1.600 euros net. Et "le PETR s'engage à accompagner le jeune à son acculturation au monde et au fonctionnement des collectivités et des structures publiques", explique Grégory Heinrich, directeur adjoint du PETR Bruche Wossig.

Un coup de pouce mais pas suffisant pour combler les manques d'ingénierie

Le dispositif est globalement bien accueilli. "Si nous n'avions pas eu ce VTA, nous aurions dû prendre un profil de stagiaire avec une mission plus courte, détaille Sophie Rychlicky. Cela permet de voir si on travaille bien ensemble et si le jeune est vraiment prêt à travailler dans le rural. Pour lui, c'est une première expérience professionnelle, avec une diversité de missions." Un dispositif attractif mais qui ne comble pas tous les besoins en ingénierie. "C'est un coup de pouce mais il ne suffit pas pour combler les demandes criantes d'ingénierie", assure ainsi Michaël Restier, directeur de l'ANPP, tandis que Sophie Rychlicky explique que d'autres missions nécessitent davantage d'expériences professionnelles et ne peuvent pas correspondre à un VTA.

Certaines collectivités espèrent pouvoir garder le VTA à l'issue de son contrat, mais rien n'est sûr. "C'est toujours la difficulté, à la fin des contrats, on espère qu'il y aura une suite, à chaque fois on est confronté au problème sur l'ingénierie, on a la même question pour la communication, le PAT…", détaille Jocelyne Guérin. Même son de cloche à la communauté de communes du Sisteronais-Buëch. "Les besoins, on en a toujours, explique Claudine Peyron, directrice générale des services. Le territoire est vaste, avec 60 communes rurales qui ont besoin d'être accompagnées dans tous les domaines, administratif comme technique. Le VTA répond temporairement à ces besoins d'ingénierie, et on n'a pas exclu de recommencer à candidater au dispositif !"