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PFUE - Les politiques d’insertion au défi d’une meilleure efficacité… et de nouveaux moyens

Organisée dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, une conférence ministérielle dédiée aux politiques d’insertion a été l’occasion de souligner les difficultés d’une remise à l’emploi des chômeurs qui n’ont pas encore bénéficié de la reprise économique mais dont les difficultés socioprofessionnelles sont plus aiguës.

Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, la ministre déléguée à l’Insertion, Brigitte Klinkert, accueillait le 2 mars à Montrouge les acteurs français et européens afin de débattre des bonnes pratiques de remise à l’emploi de personnes en difficulté. "Dans l’Union européenne, un chômeur sur trois est un chômeur de longue durée. (…) On voit qu’il y a un problème majeur, d’autant plus que nous avons eu une période où le chômage a baissé", a souligné le commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux, Nicolas Schmit. La Commission européenne vise en effet un objectif de taux d’emploi des 20-64 ans de 78%. Au troisième trimestre 2021, il était de 74% en moyenne parmi les 27 États membres.

Soutien à l’économie sociale et solidaire

Selon Nicolas Schmit, "il faut des politiques de l’emploi actives qui ciblent mieux les chômeurs de longue durée", lesquelles sont "d’abord des personnes d’un certain âge" et avec un niveau de qualification plus faible. Dans 15 pays européens, dont la France*, les chômeurs de longue durée sont sous-représentés pour ce qui concerne les mesures d’emploi soutenues par le fonds social européen. Afin d’adapter les politiques publiques, il faut "faire une sorte de profilage", admet-il, mais aussi adopter "une approche plus large", incluant les services sociaux.

Dans ce cadre, l’économie sociale et solidaire joue aussi un rôle "important", à l’image de l’expérimentation "territoires zéro chômeur de longue durée", citée par le commissaire, combinant création d’emplois et insertion. "Il faut inclure des mesures de ce type", a-t-il souligné. En décembre 2021, un plan d’action destiné à stimuler le secteur de l’économie sociale a été présenté par la Commission européenne (lire notre article du 18 février 2022).

Pour Patrizia Bussi, directrice du réseau européen des entreprises sociales (Ensie), ce plan doit être l’occasion d’améliorer le soutien aux personnes en insertion, via le nouveau régime d’exemption des aides d’État, en cours de révision pour une entrée en application en 2023. "Les aides au recrutement des travailleurs défavorisés ou grandement défavorisées peuvent aller jusqu’à 12 ou 24 mois. Mais on se rend compte, sur le terrain, que ce n’est pas toujours suffisant", explique-t-elle. "Les aides à la formation peuvent être améliorées", ajoute-t-elle. Plusieurs acteurs ont aussi insisté sur l’importance d’assouplir le fonds social européen, dont "l’accessibilité est difficile", a souligné Jean-Yves Loisy, directeur général de Vitamine T, un groupe d’insertion par l’activité économique.

"Changer les chantiers d’insertion"

Au-delà du soutien financier, il reste aussi à améliorer les résultats des politiques publiques en matière d’insertion. C’est-à-dire, permettre non seulement le retour à l’emploi "mais un retour à l’emploi durable", selon Emmanuelle Coint, vice-présidente en charge de l’insertion au département de la Côte-d’Or. Or "on observe que des gens décrochent quelques mois après avoir été insérés professionnellement", souligne l’élue.

Quelle stratégie pour y parvenir ? "Il va falloir faire changer nos chantiers d’insertion", estime notamment l’élue locale. Dans le département de la Côte-d’Or, cette intention s’est traduite par le développement de chantiers spécialisés dans l’aide à domicile ou dans la filière bois. Deux activités qui ne relèvent pas de "l’occupationnel", mais d’une "première étape vers le changement professionnalisant".

Une vision que partage le ministère du Travail. "On a un autre défi qui est quand même d’offrir à ces personnes en insertion de vraies carrières professionnelles", abonde Corinne Vaillant, directrice de cabinet de Brigitte Klinkert. Cela implique non seulement de pousser les structures d’insertion à proposer des supports d’insertion permettant d’acquérir des compétences recherchées sur le marché du travail, mais aussi de "faire émerger des projets professionnels". Un sujet "pas si simple" pour les personnes en insertion, parfois découragées de poursuivre leurs ambitions quand ces dernières paraissent irréalistes.

* Source : rapport spécial de la Cour des comptes européenne relatif au soutien du FSE pour lutter contre le chômage de longue durée.

 

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