Les nouvelles brigades de gendarmerie doivent s'armer… de patience
57 nouvelles brigades de gendarmerie doivent être déployées cette année, en priorité dans les départements qui n'ont pas encore été pourvus et les collectivités territoriales qui ont déjà réalisé des investissements, précise le ministre de l'Intérieur. Des créations qui dépendent toutefois toujours de la création de postes de gendarmes, encore dans les limbes.

© Gendarmerie nationale
"Je vous invite à passer un week-end à Zuydcoote. Les choses s'y passent bien [ce ne fut pas toujours le cas…], parce que c'est le seul endroit de France où les gendarmes sont payés par Sa Gracieuse Majesté." C'est ainsi que le député – et cinéphile – Franck Dhersin (Nord, UC) a interpellé, ce 9 avril, à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur à propos des 239 brigades de gendarmerie qui doivent être créées d'ici 2027 (lire notre article du 2 octobre 2023). Une référence aussi aux accords sur l'immigration de Sandhurst entre la France et le Royaume-Uni qui devaient s'achever en 2026 et qui ont été prolongés jusqu’en 2027 suite à la rencontre entre Bruno Retailleau et son homologue britannique Yvette Cooper au Touquet, le 27 février dernier. Cet avenant a notamment permis le financement de la brigade de Zuydcoote. Ailleurs, l'ouverture de ces nouvelles brigades patine. "Les élus sont prêts, mais les effectifs ne sont pas là. À Caudry, le maire a investi 90.000 euros, à Renescure, c'est 40.000 euros, mais on n'a aucune nouvelle des gendarmes promis ! Les 2.000 ETP annoncés ont-ils été budgétés ? Ou sont-ils gelés ?", interroge le député.
57 brigades créées en 2025… si les créations d'effectifs suivent
La réponse est visiblement entre les deux. "Nous avons la masse salariale, mais nous devons encore obtenir l'autorisation de création des 464 postes de gendarmes", lui répond Bruno Retailleau, après avoir rappelé que l'objectif était de créer cette année 57 brigades. Or, les unes ne vont pas sans les autres, comme le rappelait le directeur général de la gendarmerie nationale l'automne dernier (lire notre article du 18 novembre 2024). Ou comme le soulignait le sénateur Bruno Belin dans son rapport spécial sur le volet Sécurités du projet de loi de finances pour 2025 : "Les prévisions d'ouverture de nouvelles brigades sont étroitement corrélées avec celles de hausse d'effectifs. Ainsi pour 2025, il était initialement attendu non seulement la création de 57 brigades additionnelles mais également de 500 ETP. Il n'apparaîtrait en effet pas possible d'ouvrir autant de nouvelles brigades à effectifs constants sans générer de multiples conséquences néfastes. […] Si le schéma d'emploi est effectivement nul en 2025, le nombre d'ouverture de nouvelles brigades sera nécessairement réduit".
Priorité aux départements non pourvus et aux collectivités ayant déjà investi
S'agissant de la localisation de ces brigades, Bruno Retailleau précise que "la priorité va aux départements qui n'ont pas encore été pourvus et aux collectivités territoriales qui ont déjà réalisé des investissements". Le rapport précité du Sénat indiquait que les 80 brigades – 28 fixes et 52 mobiles – déployées l'an dernier l'avaient été dans 64 départements de métropole et 8 départements ou collectivités d'outre-mer (voir carte), ce qui donne une première idée. Reste à connaître dans le détail quelles sont les collectivités ayant déjà investi pour parachever le tableau. Un investissement qui, décidément, ne s'avère pas – financièrement du moins – des plus judicieux. Fin 2024, la gendarmerie, faute de crédits, n'avait en effet pas été en mesure d'honorer les loyers des casernes qu'elle louait aux collectivités (lire notre article du 10 octobre 2024). Une ardoise alors estimée à 90 millions d'euros par le ministre Nicolas Daragon.