Emploi des jeunes - Les missions locales, "acteurs-clés" des emplois d'avenir
Pour leurs trente ans, les missions locales ont reçu un hommage appuyé du Premier ministre. "C'est parce que nous avons confiance dans ce réseau des missions locales que mon gouvernement souhaite aujourd'hui lui donner toute sa place dans la politique pour la jeunesse", a déclaré Jean-Marc Ayrault, le 18 décembre, à Lille, où les missions locales fêtaient cet anniversaire. De fait, le réseau est "l'acteur-clé" du dispositif des emplois d'avenir. C'est même la première fois que les missions locales se voient confier l'entière gestion d'un tel dispositif, alors que Pôle emploi est en proie à des difficultés internes. Elles sont en effet chargées, au côté de l'opérateur, de recueillir les offres de ces emplois, et elles assureront le suivi des jeunes en désignant un référent pour chacun d'eux. De quoi faire oublier le mauvais souvenir laissé par les contrats d'autonomie. Ce contrat mis en place par le précédent gouvernement pour les jeunes de banlieue avait été largement confié au privé.
Les emplois d'avenir sont entrés en vigueur le 1er novembre. Intervenant à Lille le 17 décembre, le ministre du Travail, Michel Sapin, a assuré que l'objectif des 100.000 emplois d'avenir en 2013 serait atteint. Selon Jean-Marc Ayrault, "plus de 1.200 contrats ont été signés" à ce jour. L'objectif du gouvernement est d'atteindre les 150.000 en 2014, essentiellement dans le secteur non marchand. Il devrait en coûter à l'Etat quelque 2,3 milliards d'euros l'an prochain et 3 milliards l'année suivante.
"Ces jeunes, allez les chercher !"
Alors que les emplois d'avenir visent des jeunes peu qualifiés ou des décrocheurs, le Premier ministre a appelé les missions locales à poursuivre leur action vers "ceux qui en ont le plus besoin" : "Ces jeunes, allons les chercher, allez les chercher !", leur a-t-il lancé. Les missions locales sont également invitées à travailleur davantage avec les TPE "qui n'ont pas l'habitude de recourir au service public de l'emploi pour satisfaire leurs besoins de recrutement".
La confiance renouvelée dans les missions locales qui accueillent chaque année un million de jeunes, va se traduire par une rallonge budgétaire de 30 millions d'euros en 2013. Pourtant, le Premier ministre n'avait pas hésité à s'en prendre au Civis, le principal outil des missions locales pour l'insertion des jeunes, le 11 décembre, en marge de la conférence nationale sur la pauvreté. Un dispositif qui selon lui "ne marche pas" et qu'il faut "complètement reprendre", avait-il dit. Devant les missions locales, il s'est limité à rappeler la création en janvier 2013 de la "garantie jeunes". "Destinée aux jeunes les plus en difficulté, elle s'appuiera sur le Civis pour leur apporter un accompagnement intensif, des propositions adaptées de formation et d'emploi ainsi qu'une garantie financière équivalente au RSA", a-t-il précisé.
En louant l'action des missions locales, le Premier ministre a pris le risque de vexer les régions. Ces dernières ayant la compétence de la formation professionnelle – ce qui leur confère un rôle essentiel dans la réussite des emplois d'avenir - , elles auraient souhaité piloter le service public de l'emploi dans le cadre de la future loi de décentralisation. "Il faudra que les choses soient claires. Chacun aura son travail. L'Etat doit garder une partie essentielle de ses missions. C'est la politique de l'emploi", a tranché le chef du gouvernement. "Il n'est pas question qu'il y ait plusieurs politiques de l'emploi en France. Ce ne serait pas juste", a-t-il insisté.