Les métropoles de province siphonnent la croissance démographique
Bordeaux, Nantes, Montpellier, Rennes, Toulouse, Lyon… ces métropoles, y compris leur périphérie proche, voient le nombre de leurs habitants augmenter de plus de 1% par an. Les zones périurbaines situées à plus de 30 minutes du centre sont en revanche en perte de vitesse sur le plan démographique. Ce 15 janvier, l'Insee a fait un point sur les dernières évolutions dans ce domaine. La population française - près de 67 millions au 1er janvier - croît à un rythme de plus en plus faible.
Entre 2011 et 2016, "l’essentiel de la croissance démographique" est provenu des "grandes aires urbaines", indiquait l'Insee, fin décembre (voir notre article du 4 janvier 2019). La hausse de la population française "se concentre dans et au plus près des métropoles", a confirmé ce 15 janvier l'institut. Il dévoilait les résultats d'une étude originale (en lien ci-dessous) qui analyse la croissance démographique à l'échelle des intercommunalités entre 2011 et 2016. Il en ressort que, sur la période, les agglomérations qui, au cours de ces années ou ultérieurement, sont devenues des métropoles, sont "les plus dynamiques démographiquement", si l'on exclut la métropole du Grand Paris. Leur population, qui représente 29% de celle de la France, s'est accrue de 0,7% en moyenne par an, contre une hausse de 0,4% par an en moyenne en France sur la même durée. Au total, ces 22 territoires ont gagné chaque année 102.600 nouveaux habitants, ce qui représente 36% de la hausse de la population française.
Depuis 2011, la population croît de plus de 1% par an dans six métropoles : Montpellier, Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse, et Lyon. La croissance démographique est également forte à Strasbourg, Orléans, Dijon, Toulon et Clermont-Ferrand. Entre 2011 et 2016, la variation annuelle de la population y est de l'ordre de 0,5% à 0,6%.
Métropole de Paris : une croissance démographique ralentie
Les métropoles connaissent au total un net regain démographique. Quasiment toutes enregistrent, sur la période 2011-2016, des progressions supérieures à celles qu'elles avaient connues entre 2006 et 2011. Au cours de ces années, la croissance de la population vivant dans les métropoles était limitée à 0,3 % (soit 0,1 % de moins que pour la France entière). Elles participaient ainsi à 22 % de la croissance démographique française.
Les métropoles de Grenoble et Paris sont les seules exceptions. La première connaît sur la dernière période (2011-2016) une décélération de la croissance de sa population par rapport aux années 2006-2011, mais celle-ci est légère (- 0,03 point de variation annuelle), en comparaison de celle qu'enregistre la métropole de Paris (- 0,29 point).
Selon l'Insee, l'accélération de la croissance de la population dans les métropoles provient en premier lieu de l’amélioration du solde migratoire, c'est-à-dire la différence entre les entrées et les sorties constatées sur ces territoires. Alors que le bilan migratoire était déficitaire dans 17 métropoles entre 2006 et 2011, elles ne sont plus que 11 dans ce cas. Avec un solde migratoire à l'équilibre, voire légèrement déficitaire sur la première période étudiée, les agglomérations de Bordeaux et Nantes ont fait preuve d'une grande attractivité au cours de la seconde (avec des taux respectifs de 1 % et 0,9 %). Le chef-lieu de la Gironde est parvenu à ce résultat avant même l'inauguration (en juillet 2017) de la ligne TGV qui le relie à Paris en à peine plus de deux heures.
En s’éloignant des métropoles, la croissance démographique faiblit
Au moment où les métropoles étaient en plein essor démographique, les communautés de communes, c'est-à-dire des intercommunalités formées autour d'une ou plusieurs petites villes, voire seulement quelques bourgs ruraux, ont connu à l'inverse un ralentissement du rythme de la croissance de leur population. Entre 2011 et 2016, le nombre de leurs habitants a cru de 0,4 %, contre 0,8 % au cours des cinq années précédentes. Logiquement, leur contribution à la croissance démographique française a fléchi de 10 points entre les deux périodes (de 39 % à 29 %).
Mais les communautés de communes ont connu des évolutions différentes selon la distance qui sépare la commune la plus peuplée de ces territoires et la ville-centre de la métropole la plus proche, indique l'Insee. Celles dont le temps de parcours en voiture est inférieur à 30 mn ont enregistré entre 2011 et 2016 une variation de 0,9 % par an de leur population (en baisse de 0,2 point par rapport à la période 2006-2011). Au-delà d'un temps de 30 minutes, le dynamisme démographique des communautés de communes est en très nette perte de vitesse.
Au total, la population a diminué annuellement, entre 2011 et 2016, d’au moins 0,1 % dans plus de 35 % des EPCI, alors que seulement 17 % des EPCI avaient connu une telle évolution au cours des cinq années précédentes. La "diagonale du vide", territoire qui va du Nord-Est au sud du Massif central, en passant par la Bourgogne est particulièrement affecté par le déclin démographique. Dans cet espace, les communautés de communes perdent annuellement plus de 0,5 % de leur population. On remarquera qu'au cours des dernières semaines, leurs habitants étaient, selon certains géographes, davantage mobilisés dans le cadre du mouvement des gilets jaunes.
Baisse des naissances depuis quatre ans
En même temps que ce portrait des territoires sous l'angle démographique, l'Insee a présenté ce 15 janvier le bilan démographique 2018 de la France. Il en ressort que la baisse de la natalité entamée en 2015 se poursuit. Au 1er janvier 2019, la France compte 66.993.000 habitants, dont 2.181.000 dans les départements d’outre-mer. La hausse de la population de 0,3 % en un an résulte du solde migratoire (+ 58.000 personnes l'an dernier), mais aussi et surtout du solde naturel. La différence entre le nombre des naissances et celui des décès, s'est élevée en 2018 à + 144.000. Bien que largement positif, ce solde est le plus bas depuis 1945. Il résulte de la diminution du nombre de naissances, ininterrompue depuis 2015. L'an dernier, 758.000 bébés sont nés dans notre pays. Les femmes avaient en moyenne 1,87 enfant, soit un peu moins qu'en 2016 (1,92). Cette année-là, la France était toujours le pays d'Europe à la fécondité la plus élevée.
Entre les régions françaises, des écarts de fécondité significatifs peuvent être constatés : l'Île-de-France et Paca avaient l'indice conjoncturel de fécondité le plus élevé (1,96 enfant en 2017). En comparaison, on comptait, la même année, 1,81 enfant par femme en Bourgogne-Franche-Comté.
L'an dernier, 614.000 personnes sont décédées en France, soit 8.000 de plus qu'en 2017 (+ 1,3 %). "Du fait de l’arrivée des générations nombreuses du baby boom à des âges de forte mortalité, le nombre de décès a tendance à augmenter depuis le début des années 2010", explique l'Insee. A 85,3 ans, l'espérance de vie des femmes est une des plus élevées de l'Union européenne et dépasse celle des hommes de 5,9 ans.
Toujours selon le bilan démographique, les officiers d'état civil ont célébré 235.000 mariages l'an dernier, soit un peu plus de 20 % de plus que le nombre de Pacs conclus en 2017 (194.000).
Le recensement de la population débute ce jeudi
L'Insee a dévoilé l'ensemble de ces résultats à deux jours du lancement de l'enquête de recensement pour 2019. C'est en effet jeudi que démarrera cette opération, désormais annuelle, qui concerne 9 millions de personnes. Pour rappel, la méthode utilisée depuis 2004 distingue les communes selon leur taille : dans celles de moins de 10.000 habitants, le recensement porte sur toute la population une fois tous les cinq ans. Mais, dans les quelque 980 communes dépassant ce seuil, une enquête par sondage est effectuée chaque année auprès d’un échantillon représentant 8 % des logements.
Les personnes recensées ont désormais la possibilité de répondre par internet : l'an dernier, 4,8 millions d'entre elles ont opté pour cette solution.