Les maisons du sport-santé, en pleine croissance, ont désormais leur union nationale
Alors que l'objectif initialement annoncé en 2017 de créer 500 maisons du sport-santé va être atteint courant novembre, plusieurs de ces structures viennent de se regrouper en une union nationale. Ses objectifs : mieux faire connaître leurs actions et militer en faveur d'une prise en charge des activités physiques à des fins thérapeutiques homogène sur tout le territoire.
Quatre ans après un premier appel à projets, les maisons du sport-santé (MSS) se sont installées dans le paysage. Destinées à accompagner et à soutenir les personnes souhaitant maintenir ou améliorer leur santé par une pratique d’activité physique et sportive encadrée par des professionnels spécialement formés, les MSS vont atteindre – et certainement dépasser – dès le mois de novembre 2022 le cap des 500, soit l'objectif fixé il y a cinq ans lorsque l'idée de créer ces structures avait été lancée par Laura Flessel, alors ministre des Sports.
Et pour souligner cette montée en puissance, a été créée il y a un mois l'Union nationale des maisons du sport-santé (UNMSS), dont le lancement officiel a eu lieu le 10 octobre dernier, à l'occasion des assises européennes du sport-santé organisées à Strasbourg.
Pour Annabelle Grousset, sa présidente, l'UNMSS, qui regroupe déjà une quinzaine de structures, est née "avec l'idée qu'il y aurait un intérêt à disposer d'une représentation commune qui défendrait et soutiendrait les projets des MSS". Son activité va donc consister à mettre en avant le réseau des MSS, et notamment les actions menées localement de façon à ce qu'elles puissent être reproduites ou soutenues, tout en tenant compte de la diversité des porteur de projets des MSS. Car c'est une particularité des maisons du sport-santé : regroupant des acteurs de la santé et du sport, elles peuvent être portées par des associations, un service hospitalier, une entreprise privée ou encore une collectivité locale. "On pourrait penser qu'il y une hétérogénéité, mais cela procure plutôt une richesse des interventions et des possibilités pour les personnes qui veulent pratiquer ou reprendre une activité physique", juge Annabelle Grousset. D'ailleurs, selon elle, il n'y a aucun modèle plus à même de toucher les publics cibles, et c'est "la volonté du porteur de projet de mettre en place des choses qui fonctionne, peu importe, au final, la structure qui le porte".
Financement hétérogène
Le franchissement imminent du cap des 500 MSS labellisées par les ministères de la Santé et des Sports offre l'occasion de dresser un premier bilan de leur fonctionnement. "On trouve toujours que les débuts sont trop timides, mais c'est toujours le cas quand on est impliqué dans un projet, estime Annabelle Grousset. On pense qu'il n'y a jamais assez de publicité faite autour du projet, mais il y a quand même une évolution notable en matière de sport-santé ou d'activité physique à but thérapeutique. Ce qui est important, c'est tout le chemin parcouru, même s'il reste énormément à faire. On aimerait bien que cela soit plus visible, c'est aussi une des raisons pour lesquelles nous nous sommes regroupés au sein d'une association."
Car malgré l'atteinte de l'objectif initial, qui correspond en outre à une couverture intégrale du territoire national avec au moins une maison du sport-santé par département, le travail ne fait que commencer. Les plus anciennes des MSS n'ont en effet que trois ans d'existence et la structuration d'un réseau de collaborations, matrice nécessaire à leur fonctionnement, n'est pas achevée.
Mais pour Annabelle Grousset, le principal point noir reste le financement : "Aujourd'hui, la loi reconnaît le droit à la prescription d'une activité physique ou sportive à visée thérapeutique, mais il n'existe pas encore de remboursement de la part de la sécurité sociale, ou uniquement dans quelques cas très précis, comme le post-cancer ou, dans certaines régions, pour le diabète, alors que vingt millions de Français souffrent de maladies chroniques et vont avoir besoin d'une telle activité. Cela est un frein majeur." Et quand le financement est au rendez-vous, c'est au prix d'inégalités territoriales, comme l'explique Annabelle Grousset : "Certaines caisses d'assurance maladie ou agences régionales de santé financent des projets tandis que dans d'autres régions, on ne mettra pas un euro. Cela fait partie de nos misions que d'avoir une politique de déploiement nationale."
Des prises en charge de plus en plus nombreuses
En attendant, l'UNMSS se réjouit de la participation des collectivités territoriales à de nombreux projets et estime que pour celles qui portent des structures, "c'est un choix politique en termes de santé publique plutôt efficace". Avec des limites toutefois : celles de la ville. "Quid des acteurs qui n'habitent pas dans ces villes ? Comment sont-ils accueillis ? Et sont-ils même accueillis ? C'est peu souvent le cas, on touche à la limite de l'argent public municipal", avance Annabelle Grousset, qui attend des collectivités qu'elles soutiennent les MSS, soit en dirigeant des patients, soit en affichant les actions menées, soit en proposant des formations aux éducateurs sportifs territoriaux.
Les maisons du sport-santé sont ouvertes à tous les publics et particulièrement aux personnes en bonne santé qui n’ont jamais pratiqué de sport, à celles souffrant d’affections de longue durée à des fins de santé, de bien-être ou thérapeutiques, et à celles souffrant de maladies chroniques. D'après le Pôle ressources national sport-santé bien-être, l'organe déconcentré qui gère le dossier pour le ministère des Sports, les MSS avaient totalisé 363.000 prises en charge durant l'année 2021, contre 70.000 un an plus tôt.