Tice - Les maires ruraux réclament un second plan numérique pour 3.000 écoles
L'opération "Ecoles numériques rurales" est-elle sur le point de se transformer en fiasco en créant des frustrations chez les élus locaux, voire en réveillant la guerre scolaire public/privé ? "Le ministère de l'Education nationale a accordé, pour la première fois, une aide à l'équipement informatique des écoles, en commençant par les plus petites communes afin d'éviter de creuser l'écart avec les grandes villes disposant de plus de moyens financiers et humains. Il serait dommage de s'arrêter maintenant, au milieu du gué...", alerte Eric Schietse, directeur de l'Association des maires ruraux de France. Le président de l'AMRF, Vanik Berberian, a écrit, dès juillet dernier, au nouveau ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, pour lui exprimer ses inquiétudes.
Le plan prévoyait à l'origine le financement à hauteur de 10.000 euros de 5.000 écoles réparties équitablement sur le territoire dans les bourgs de moins de 2.000 habitants. Alors que le ministère restait sceptique sur la capacité des écoles rurales à se mobiliser dans les délais courts du plan de relance, ce sont finalement plus de 8.000 d’entre elles qui se sont manifestées. "Dans certains départements, les inspections académiques ont reçu deux fois plus d’intentions de candidatures que d'enveloppes disponibles", précise l’AMRF. En outre, la règle du "premier arrivé, premier servi" qui prévalait au lancement de l'opération en mars dernier a évolué en cours de route. Pour répondre aux besoins des écoles rurales privées également demandeuses, environ 20% des financements leur ont été réservés au niveau national, frustrant du même coup des écoles publiques qui avaient été retenues dans un premier temps en fonction du numerus clausus déterminé dans chaque département.
Comment sortir de l’impasse et rester dans cette "dynamique" portée par les maires et les professeurs des écoles ? L'AMRF propose le lancement d'un second volet du plan "en vue de satisfaire au moins les 3.000 écoles qui se sont mobilisées et ont répondu dans les délais", reprend le directeur de l’association. L'AMRF propose alors deux pistes de financement. Soit une rallonge budgétaire, dans le cadre du plan de relance : "après tout, 50 millions d'euros sur 26 milliards, ce n'est pas grand chose au regard de l'importance de l'enjeu numérique pour les petites communes", juge le directeur. Soit la recherche d'une autre source de financement, comme l'avait évoquée Xavier Darcos lors de l'inauguration de la première école numérique rurale à Vermenton (Yonne), le 19 mai dernier. Dans ce cas, pourquoi ne pas "inscrire cette seconde enveloppe dans le cadre des priorités stratégiques pour l'avenir qui seront financées grâce au grand emprunt national ?", s'interroge l'AMRF. L'association prépare d’ailleurs un courrier pour interpeller directement la commission Juppé-Rocard chargée de définir ces priorités.
Invité à réagir au communiqué de l'AMRF, le ministère de l'Education nationale n'a pour l'heure rien dit des suites à donner à ces demandes des maires. Ce 4 septembre, le ministre était pourtant en déplacement à Chaumont (Haute-Marne) à l'occasion du lancement du manuel numérique scolaire au sein des espaces numériques de travail (ENT) pour lesquels les collectivités (21 départements, à titre expérimental) sont déjà appelées à mettre la main à la poche...
Luc Derriano / EVS