Communication - Les magazines des collectivités restent le pilier de l'information locale
Quel est aujourd'hui le premier moyen des Français pour s'"informer sur la vie locale", que ce soit à l'échelle de la commune, de l'intercommunalité, du département ou de la région ? La réponse la plus fréquemment donnée : tout simplement… le magazine ou journal de la collectivité. Ces publications sont en effet citées par 85% des répondants au sondage réalisé par l'Institut CSA pour le deuxième Baromètre "Les Français et la communication locale" réalisé avec l'agence Epiceum (ex-IDcommunes) avec le soutien du réseau Cap'Com, présenté le 15 mars à Paris.
Viennent ensuite, pêle-mêle, les chaînes de télévision régionales et locales (84%) et le bouche-à-oreille (84%), les événements locaux (fêtes, forums, salons… 74%), la presse gratuite (66%), l'affichage (64%), les radios régionales et locales (63%), la presse régionale payante (seulement 50%). Il faut également descendre jusqu'à la barre des 50% de citations pour voir apparaître le numérique, que l'on aurait pourtant imaginé être désormais l'olympe de la communication publique territoriale. Qui plus est, la première source web citée n'est même pas le site internet de la collectivité (44%), mais "les sites internet autres que ceux de la commune, intercommunalité, département ou région" (50%). Blogs et réseaux sociaux sont également cités par un gros quart des sondés (28%) et les applications mobiles par 17% d'entre eux.
Même lorsqu'on les interroge sur les supports ou actions qu'ils voudraient voir se développer pour favoriser l'information locale, les Français continuent de placer sur la toute première marche les journaux et magazines des collectivités (82%). Ce qui n'empêche pas des attentes – en hausse par rapport au premier baromètre réalisé il y a deux ans – relatives à une offre complémentaire sur le web (sites, newsletters, web TV, facebook…) et les supports mobiles (SMS, applications smartphones). Parallèlement, un réel intérêt se manifeste en faveur de supports spécialisés, sous l'appellation "Informations thématiques selon votre âge, votre situation ou vos pratiques" (75% de citations). Autant de donnée que Bernard Deljarrie, le nouveau délégué général de Cap'Com, analyse d'emblée en évoquant "la complémentarité des outils" : "un outil ne chasse pas l'autre", poursuit-il, en référence principalement à l'apparente absence de tension entre site web et magazine de collectivité. "On voit qu'il faut donner le choix des supports, des outils", confirme Delphine Martelli-Banegas de l'institut CSA. "Le papier et la boîte aux lettres sont toujours plébiscités. Comme quoi on aurait eu tort d'opposer papier et numérique", souligne de même Christian Brebant pour la communication du Groupe La Poste. La diffusion directe des informations émises par les collectivités dans les boîtes aux lettres des habitants reste en effet très demandée (59%), devant la distribution en libre-service (39%).
Pyramide inversée
Le baromètre tente par ailleurs de mieux cerner la perception du contenu même des produits d'information. Globalement, les mairies arrivent toujours en tête face à des attentes privilégiant l'information utile et la "crédibilité", devant les autres niveaux de collectivités et, surtout, devant les organismes de santé, l'Etat et les parlementaires. "On constate un déficit de crédibilité de généralisé face à la communication des différents émetteurs publics sur les territoires, un déficit qui épargne uniquement les mairies", résume Agnès Balle de l'Institut CSA. Un phénomène que Guillaume Courty, professeur de science politique à l’IEP de Lille, place sous la figure de "la pyramide inversée", de la mairie proche à l'Etat bien plus lointain. Déclinée par entrées thématiques, la courbe de confiance à l'égard de l'information émise par les collectivités est la plus forte dans les champs de l'action sociale et du développement durable… et l'est sensiblement moins, entre autres, dès lors qu'il est question de finances et d'utilisation des budgets.
Une chose est sûre, quel que soit le sujet : les citoyens demandent à être davantage et "mieux" informés. Y compris sur des questions d'actualité… telles que la réforme des collectivités, sur laquelle huit personnes sur dix se déclarent mal informées. De même, 90% des répondants considèrent qu'il serait important que le maire leur fournisse aujourd'hui, à mi-mandat, un bilan de "l'état d'avancement de ses engagements".
Afin de débattre, notamment avec les professionnels de la communication locale, des enjeux liés aux résultats de ce baromètre, une série de conférences régionales va être organisée dans plusieurs IEP de province. La première d'entre elles aura lieu à l'IEP de Lille, le 6 avril, suivie par d'autres à Grenoble, Strasbourg, Rennes, Lyon ou Bordeaux.