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Tourisme - Les investissements touristiques : de nombreux atouts mais pas de cohérence territoriale

Le tourisme, secteur important du développement économique territorial, est aussi un facteur d'aménagement du territoire. Mais avec 6,6% du PIB de la France, et près d'un million d'emplois, l'activité n'a pas la reconnaissance d'autres filières telles que l'automobile ou les télécommunications. "Quand on parle de tourisme, il y a un certain paradoxe, on met en avant ses atouts, mais il n'est pas reconnu comme une grande filière économique", a ainsi expliqué Paul Jeanneteau, député-maire de Champigné (Maine-et-Loire) et président du Conseil national des économies régionales (Cner), lors d'une colloque intitulé "Quel rôle pour les investissements touristiques dans le développement économique des territoires ?", organisé le 29 avril 2009 à Paris. "Dans les conseils régionaux, le secteur touristique n'est pas une direction à part entière ; on a encore des efforts à faire", a-t-il ajouté. C'est pourtant un investissement important pour les territoires en termes d'aménagement du territoire mais aussi de développement économique. "Il n'y a pas de territoires qui ne profitent pas de l'activité touristique, a souligné Paul Jeanneteau, même si l'activité est concentrée sur certaines zones."

Les territoires tirent divers avantages des investissements touristiques. Et avant tout, la création d'emplois, avec des activités qui sont en plus difficilement délocalisables, car très ancrées dans le territoire. C'est aussi un atout en termes de communication. "Un investissement important dans un territoire, ça fixe l'image", a ainsi expliqué Eric Guilpart, directeur de la communication de la Compagnie des Alpes. Mais c'est un investissement lourd et à mener sur le long terme. Pour exemple, la Compagnie des Alpes investit chaque année entre 80 et 100 millions d'euros pour ces projets, jusqu'à 120 millions d'euros pour la création du parc Astérix. D'où la nécessité pour les sociétés privées de faire appel financièrement aux collectivités territoriales. "Une collectivité a le choix entre financer les travaux de construction, ou trouver un moyen pour financer ces travaux, à travers des opérations immobilières par exemple", a précisé Eric Guilpart. Les projets sont en effet souvent financés par les capacités hôtelières ou d'hébergement.

Enfin, dernier avantage des activités touristiques pour les territoires : l'attrait pour les investisseurs étrangers. "Sur les 22.000 entreprises étrangères présentes en France, 700 appartiennent au secteur du tourisme", a détaillé Serge Boscher, directeur général de l'Agence pour les investissements internationaux (Afii), et les projets ne font qu'augmenter : 4 en 2006 avec 600 emplois qui seront créés, 8 en 2007 pour 700 emplois et 10 prévus en 2008 pour 1.150 emplois. Mais les territoires sont en forte concurrence les uns envers les autres dans ce domaine d'où l'intérêt d'une plus forte prise en compte de l'aménagement du territoire. "La crise risque d'exacerber la concurrence entre les territoires, a ainsi signalé un responsable de l'Agence régionale de développement de Paris Ile-de-France, elle va nécessiter une approche encore plus rigoureuse de ces projets." Selon le Cner, il devient impératif de rationnaliser l'organisation territoriale de ces activités. "Sommes-nous réellement efficients avec autant d'acteurs (les comités régionaux du tourisme, les agences de développement régional, les offices du tourisme ou encore les comités départementaux du tourisme, ndlr), faut-il travailler à une simplification ?", s'est ainsi interrogé le président du Cner.

Emilie Zapalski