Les gilets jaunes vont-ils casser la reprise du tourisme international en France ?
Le secrétaire d'Etat en charge du tourisme prévoit des mesures pour tenter de limiter l'impact négatif des manifestations des gilets jaunes sur le tourisme en "rassurant" les clientèles françaises et étrangères.
Alors que les arrivées de touristes internationaux semblaient repartir à la hausse après les événements de décembre et de janvier, les images désastreuses des scènes de guérilla urbaine lors de "l'acte 18" des gilets jaunes le samedi 16 mars et celles des Champs-Elysées ravagés, reprises dans tous les médias du monde, compromettent l'image de la capitale et font peser à nouveau une sérieuse menace sur l'activité touristique. Une situation qui vaut aussi pour d'autres villes touristiques comme Bordeaux ou Nice, même si les images sont moins largement reprises. Le gouvernement annonce donc des mesures pour tenter de limiter l'impact négatif des manifestations des gilets jaunes.
Des "agissements irresponsables"
Jean-Baptiste Lemoyne, qui s'exprimait le 18 mars sur Europe 1, a confirmé que "les images de samedi ont un impact" sur le tourisme et condamné des "agissements irresponsables". Le secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères s'attend "à une année 2019 plus difficile". Il a notamment évoqué la baisse de 8% des arrivées aériennes en janvier-février (après les événements de décembre) et une tendance de la clientèle haut de gamme à se détourner de la destination Paris. Alors qu'ADP (Aéroports de Paris) faisait état d'une reprise des arrivées en mars, la répétition des violences et des pillages pourraient casser à nouveau cette reprise.
Le 20 mars, Jean-Baptiste Lemoyne s'est rendu à Marseille pour la 14e édition du salon "Rendez-vous en France", qui réunissait plus de 900 tour-opérateurs venus de 73 pays. Il s'est voulu rassurant en expliquant, au micro de France Bleu Provence, que "tout s'est parfaitement passé y compris en Ile-de-France. Les musées sont ouverts, les transports fonctionnent. La France continue à vivre avec des clientèles sensibles à la sécurité notamment la clientèle asiatique". En outre, l'interdiction de manifester ce samedi à Paris, Bordeaux, Toulouse et Nice devrait avoir, selon lui, "un effet significatif".
Relancer la destination France
Le 21 mars, Jean-Baptiste Lemoyne a réuni au Quai d'Orsay une vingtaine de représentants de l'hôtellerie-restauration, des commerçants, des offices de tourisme, de la mairie de Paris et de la région Ile-de-France, afin d'"entendre leur diagnostic et leurs tendances sur l'évolution du tourisme au regard des événements depuis mi-novembre". Le secrétaire d'Etat a confirmé le "fort impact sur notre économie touristique. Fin 2018, sur Paris-Ile-de-France, l'activité dans l'hôtellerie s'est contractée de 10%. Début 2019, les indicateurs sont pour le moment orientés à la baisse, avec des arrivées aériennes en repli de 7 à 8% sur janvier-février, et une baisse de 3% de la clientèle étrangère dans les hébergements collectifs".
Il faut donc "rétablir la sécurité, puis travailler à relancer la destination France via des campagnes de communication. Il faut redresser l'image [de la France, ndlr] et rassurer les clientèles françaises et étrangères, notamment asiatiques, très sensibles à l'aspect sécuritaire". Pour cela, le secrétaire d'Etat lance "un appel au patriotisme pour que cela se fasse au moindre coût". Il a notamment cité JC Decaux "qui pourrait mettre à disposition des espaces publicitaires à l'étranger", ou Air France, qui "aiderait à acheminer influenceurs ou journalistes pour constater que tout fonctionne" en France. En revanche, il n'a pas répondu directement à la demande de la CCI de Paris, qui réclame "du soutien et de l'argent", afin de diffuser sa campagne appelant les Parisiens à consommer pour soutenir le commerce. Ni à celle du Comité des Champs-Elysées, qui demande que soit abaissé le montant à partir duquel les achats des touristes étrangers bénéficient d'une détaxe (soit 175 euros aujourd'hui).