Les Français envisagent des vacances plus vertes mais sans contrainte

L'édition 2023 de l'Observatoire des demandes des touristes en France dans dix ans révèle que les Français souhaitent faire évoluer leur pratique touristique vers plus d'écologie. Mais seule une minorité se dit prête à faire des concessions.   

Les Français envisagent de passer dans dix ans des vacances plus écologiques, mais ne sont pas tous prêts à faire des concessions. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par l’Ifop et Bilendi dans le cadre de la deuxième édition de l'Observatoire des demandes des touristes en France dans dix ans, pour l’Anett (Association nationale des élus des territoires touristiques) et la Banque des Territoires (*).

Lorsqu'ils se projettent dans dix ans, les Français souhaitent à une très large majorité passer leurs vacances à la mer (59%, en hausse de 4 points par rapport à 2021). Derrière, malgré une baisse d'un point, la montagne (15%) passe devant la campagne (14%) qui perd 4 points. La ville reste à la traîne mais grappille du terrain (9%, +3 points).

Transport : l'avion pique du nez

On note une évolution en ce qui concerne les deux modes de transport qui seront privilégiés pour se rendre sur son lieu de vacances dans dix ans. La voiture (et la moto) reste toujours largement majoritaire (69%) mais accuse une légère baisse par rapport à 2021 (-3 points). L'avion connaît une chute plus spectaculaire (-10 points) pour ne rassembler que 33% des avis. Une baisse qui profite au train : 33% des Français envisagent d'y recourir dans dix ans (27% en 2021). Sur leur lieu de vacances, les Français privilégieront dans dix ans la marche à pied (39%, +5 points), devant la voiture et la moto (37%, -7 points) et les transports en commun (14%, +1 point). Pour l'Observatoire, "la question des transports évolue au détriment des modes les plus polluants", même s'il note que "l'utilisation du vélo (2%) ne décolle pas".

La question du logement introduit un hiatus entre la vision des Français et celle des professionnels du tourisme. Alors que le grand public met l'hébergement chez les particuliers (24%) et à l'hôtel (23%) à quasi égalité, les professionnels imaginent un futur où l'hébergement chez les particuliers sera très répandu (35%) et l'hôtel en perte de vitesse (9%). De même, les professionnels anticipent le développement des hébergements itinérants (15%) alors que seuls 4% des Français envisagent d'y recourir dans dix ans. Pourquoi cette différence ? "Les professionnels ne sont que 41% à citer le confort comme critère important dans le choix de l'hébergement… contre 53% chez l'ensemble des Français", souligne l'Observatoire.

Déchets et circuits courts

Grand public et professionnels se rejoignent en revanche le plus souvent à propos d'écologie. Ainsi, 84% des Français et 82% des professionnels estiment que dans dix ans la question de la gestion des déchets sera un critère de choix important de l'hébergement. De même, 83% des Français et 88% des professionnels mettent en avant les circuits courts pour les achats sur le lieu de vacances.

Plus globalement, 82% des Français pensent qu'ils adopteront dans dix ans des vacances plus responsables d'un point de vue écologique, une opinion en retrait de 4 points par rapport à 2021. Mais cette réponse est largement à nuancer : si 42% sont prêts à faire des concessions pour y parvenir, 40% sont pour plus d'écologie… à condition que cela n'implique pas de concessions de leur part.

Ce paradoxe n'est cependant pas une surprise : 53% des Français estiment qu'ils n'ont actuellement pas encore adopté des vacances plus responsables qu'avant d'un point de vue écologique, un chiffre qui monte même à 64% chez les professionnels.

Les résultats de ce baromètre ont été dévoilés le 5 juin dans le cadre d'un temps d'échanges organisé au Hub des territoires (voir lien ci-dessous pour le replay), à quelques jours de l'ouverture du 92e congrès de l'AnettSous la bannière "Vers un tourisme durable et de qualité", ce congrès des 8 et 9 juin accueillera au Pornic deux membres du gouvernement, Dominique Faure et Olivia Grégoire. Parmi les enjeux qui y seront abordés : quels financements pour les territoires dans un contexte de redressement du tourisme ? (dotations, filet de sécurité, taxe de séjour…)  Comment mener la transition écologique dans les territoires touristiques ? Comment rendre attractives les destinations touristiques ? Quels hébergements ? Comment maintenir l'excellence lorsqu'on est une station classée de tourisme ?

(*) Étude réalisée du 4 au 6 avril 2023 auprès d’un échantillon de 1.507 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, et auprès d’un échantillon de 155 professionnels du tourisme du 15 mars au 20 avril 2023.