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Les financements climat ont résisté à la crise mais restent incertains pour la suite

Les investissements en faveur du climat ont progressé en France en 2020 malgré la crise sanitaire, mais encore insuffisamment pour tenir les objectifs climatiques du pays, et leur avenir après le plan de relance est incertain, souligne l'institut I4CE dans son Panorama 2021 des financements climat.

En 2020, ménages, entreprises et administrations publiques ont investi près de 45 milliards d'euros en faveur du climat, soit une hausse de 10% par rapport à 2019, selon le Panorama 2021 des financements climat que vient de publier le think tank I4CE. Cette progression contraste avec le recul global des investissements du pays l'an dernier (-7,8%, selon l'Insee) mais elle ne concerne pas tous les secteurs. Elle s'est surtout concentrée sur les voitures électriques et hybrides rechargeables, tandis que les investissements dans la rénovation énergétique des logements, le réseau ferroviaire, les transports en commun et les énergies renouvelables sont restés stables.

Maintien des programmes d'investissement

"L’année 2020 était pourtant mal engagée, souligne I4CE : le premier confinement a interrompu les chantiers du bâtiment, des infrastructures et de la production d’énergie, et les restrictions sanitaires ont menacé les revenus des porteurs de projets. Par exemple, les opérateurs de transport en commun ont vendu moins de billets et d’abonnement, les énergéticiens ont vu le prix de l’électricité baisser, et le ralentissement économique a menacé les revenus de nombreux ménages. Dans ces conditions, les porteurs de projets auraient pu être contraints de réduire leurs investissements climat." Mais, poursuit l'Institut, "les mesures adoptées en urgence par les pouvoirs publics, notamment le chômage partiel, les prêts garantis par l’Etat et la compensation des pertes de revenus des opérateurs de transport et des collectivités, ont permis aux porteurs de projets de conserver des ressources suffisantes pour investir. Et la plupart des ménages et des entreprises, estimant que le ralentissement économique serait temporaire, ont maintenu leurs programmes d’investissement".

Au moins 13 à 15 milliards d’euros par an d’investissements publics et privés supplémentaires 

Même en ayant bien résisté à la crise sanitaire, les investissements climat demeurent insuffisants par rapport aux objectifs nationaux à fin 2020, prévient toutefois le rapport. Selon I4CE, il faudrait 13 à 15 milliards d’euros d’investissements publics et privés supplémentaires, chaque année jusqu’en 2023, et environ le double jusqu’en 2028. "Un montant minimum, car de nombreux secteurs, comme l’agriculture, l’industrie ou le nucléaire ne sont pas couverts, et que le nouvel objectif européen implique d’agir plus rapidement d’ici 2030, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% par rapport à leur niveau de 1990 (contre 40% actuellement)", précise-t-il. 
Les mesures du plan de relance devraient continuer leur progression en 2021 et 2022, mais sans combler le déficit, estime le rapport, d'autant que des besoins subsistent, notamment dans la production d’électricité renouvelable, les véhicules utilitaires et les pistes cyclables. Et si les ménages réalisent davantage de travaux énergétiques dans leurs logements, bien peu entreprennent les rénovations globales et performantes recommandées par la Stratégie nationale bas-carbone, pointe-t-il.
"Pour combler le déficit d’investissement, il paraît indispensable d’accroître les financements publics, en complément de la réglementation et de l’accompagnement des porteurs de projets, préconise I4CE. Or, les principaux financements climat du plan de relance prendront fin en 2022. Les pouvoirs publics ont intérêt à anticiper l’après-relance, en élaborant dès maintenant une 'stratégie climat des finances publiques'".

Nouvelles tensions à surveiller de près

L'institut appelle aussi à la vigilance face à de nouvelles tensions. Courant 2021, certains matériaux et pièces d’équipement nécessaires aux investissements climat sont devenus plus rares ou plus coûteux. C’est notamment le cas du bois et des isolants employés dans la rénovation et des semiconducteurs utilisés dans les véhicules électriques et les panneaux solaires. "Si ces tensions perdurent, elles pourraient amener les porteurs de projets à reporter ou abandonner des projets d’investissements climat", alerte I4CE qui juge en outre difficile d’anticiper les effets de l’augmentation record du prix des principales énergies à l’automne 2021. "Si les prix élevés des énergies encouragent en principe l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, la hausse actuelle est peut-être trop soudaine et sa durée trop incertaine pour déclencher immédiatement de nouveaux projets, surtout si elle obère les ressources qui auraient pu servir à financer les investissements", note-t-il. En outre, si les investissements fossiles ont chuté de 32% en 2020, notamment en raison d’un durcissement de la réglementation européenne sur les voitures neuves, la reprise économique en cours pourrait alimenter un rebond qu’il convient de surveiller de près, conclut le rapport.

 

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