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Institutions - Les eurodéputés se fendent d'une nouvelle offensive anti-Strasbourg

Le siège historique du Parlement européen n'en est pas à sa première remise en cause. Mais cette fois, les Français s'inquiètent.

A chaque attaque contre Strasbourg, le lion tricolore sort de sa cage et pousse les mêmes rugissements, arguant du symbole de la réconciliation franco-allemande, du "polycentrisme" européen, de l'impérieuse nécessité de respecter des traités…
"Je m'étonne qu'au moment où l'Europe fait face aux effets économiques et sociaux de la crise, le Parlement européen consacre du temps à un combat totalement décalé par rapport aux attentes des citoyens et juridiquement voué à l'échec", commente le ministre des Affaires européennes Thierry Repentin, en réaction à un vote massif anti-Strasbourg, le 20 novembre.
Dans les rangs parlementaires français, des signes de fatigue se font sentir. "Quand vous êtes politiquement minoritaire, vous finissez par avoir juridiquement tort", soupire un eurodéputé, qui ne peut que constater l'ampleur de la débâcle.
Une à une, les délégations rejoignent le camp des anti-Strasbourg. Seuls les Espagnols et les Luxembourgeois ont encore de la compassion pour le siège français.
Lors de la session plénière cette semaine, 483 eurodéputés ont embrassé la proposition portée par un Allemand, Gerald Häfner et un Britannique, Ashley Fox, qui réclament une révision des traités afin que le Parlement puisse décider lui-même "de son organisation interne et de son calendrier, et donc de la fixation de son siège".
Difficultés à rallier Strasbourg, sous-utilisation des locaux hors période de plénière, "doublonnage" avec l'hémicycle à Bruxelles… Les "pro-Strasbourg" s'épuisent à contrer les arguments rationnels invoqués par leurs collègues.
L'UE n'étant pas une fédération, "on ne veut pas d'un Washington DC" qui concentrerait toutes les institutions, objecte une eurodéputée française. "Il y a une lame de fond parlementaire depuis que Martin Schulz a quitté la présidence du groupe social-démocrate", décrypte un député français. "Avant, il y avait un accord entre Joseph Daul et Martin Schulz" pour ne pas toucher à Strasbourg. "Depuis, Hannes Swoboda a laissé faire et les délégations nous lâchent les unes après les autres."
Pour espérer neutraliser l'assaut, certains s'en remettent aux chefs d'Etat, les invitant à réaffirmer la place de Strasbourg lors d'un Conseil européen…
 

 

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