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Cadre de vie - Les espaces verts s'offrent un nouveau référentiel écologique

Le 7 avril, neuf grandes villes membres du réseau d'études Plante & Cité se sont associées dans une démarche d'élaboration d'un référentiel commun de gestion écologique des espaces verts. Et pas des moindres puisqu'il s'agit de Besançon, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Orléans, Paris et Rennes. La ville de Versailles est aussi intéressée par la démarche. Les premières conventions de partenariat ont été signées fin mars et finalisées ce jour même. Lorsqu'elle a été soumise au vote du conseil municipal, la démarche a généralement été acceptée à l'unanimité. Il faut dire qu'elle a su voir large : elle implique également le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), ainsi que les principales associations représentant les directeurs de jardins et d'espaces verts publics, les ingénieurs (l'AITF) et les techniciens territoriaux (l'ATTF). Par ailleurs, un gestionnaire d'espaces verts privés s'y associe, le groupe Pierre & Vacances, pour bien rappeler que ce référentiel ne concernera pas que les espaces verts des collectivités mais visera tous les espaces verts, qu'ils soient d'ailleurs publics (à Paris, les jardins, par exemple, de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, l'AP-HP), privés (des bailleurs sociaux élaborent en parallèle un cadre de travail commun) ou même relevant de la responsabilité de l'Etat.
"Les plages ont bien leurs Pavillon bleu, les jardins méritent aussi qu'un label écologique soit attribué sur la base d'un référentiel technique qui reste à construire", a défendu Fabienne Giboudeaux, adjointe au maire de Paris chargée des espaces verts. Et d'énumérer les critères et axes de progrès sur lesquels il se fondera : gestion économe de l'eau, valorisation des déchets verts, réduction des pesticides, économies d'énergie, promotion des énergies renouvelables, etc. "Mais aussi la sensibilisation et l'information des habitants, un volet essentiel car ces espaces ont un fort potentiel pédagogique", a renchéri Serge Fleurence, premier adjoint au maire de Montpellier. Surtout, la démarche permettra de définir en quoi consiste concrètement une gestion écologique d'espaces verts. Elle aidera aussi à valoriser le travail des agents municipaux qui y travaillent, à renforcer une approche plus sensible et culturelle de ces espaces et à inciter leurs gestionnaires à partager entre eux leurs connaissances et leurs bonnes pratiques. "Son aspect national favorisera l'émergence d'un langage commun et devrait engendrer une émulation", a ajouté Fabienne Giboudeaux. D'ores et déjà, sa préparation stimule les réflexions et débats sur des thèmes aussi variés que l'ouverture du dispositif aux villes jumelées, la signalétique associée aux initiatives écologiques déjà mises en œuvre dans certains parcs ou la réduction des phytosanitaires dans l'entretien des cimetières, une zone sensible sur laquelle presque toutes les collectivités butent en matière de politique "zéro phyto".
D'ici fin 2010, une version finalisée du référentiel sera prête. Son périmètre, ses modalités d'application et les financements que son déploiement nécessitera seront alors mieux cernés. Une certitude : il sera libre d'accès et accessible afin de pouvoir intéresser également les plus petites communes. "Décrocher le label qui, dès la mi-2011, lui sera associé est une chose mais si la dynamique d'élaboration de ce référentiel parvient surtout à motiver en masse de petites collectivités à s'engager, le pari est à mes yeux remporté", a estimé Catherine Touchefeu, adjointe au maire de Nantes chargée des espaces verts. Reste un détail : un peu vite présentée comme une première nationale, cette initiative entre directement en concurrence avec la labellisation Espaces verts écologique (EVE) d'Ecocert. Lille, Paris et Villeurbanne ont des parcs ainsi labellisés. Et dernièrement, Mérignac s'est aussi portée candidate. "Cette nouvelle démarche n'annulera pas celle d'Ecocert, elle s'y ajoute", corrige ainsi Eric Quiquet, adjoint au maire de Lille chargé des espaces verts. Deux points semblent les différencier. "Etant créée par les villes, cette nouvelle démarche vient du terrain", insiste Fabienne Giboudeaux. Par ailleurs, elle sera financièrement accessible, alors que se faire labelliser EVE a son prix. Un second point qui méritera d'être clarifié car lorsqu'il s'agira de trouver un organisme capable de labelliser en toute indépendance les espaces verts écologiquement gérés, ce qui est prévu au printemps 2011, Ecocert devrait a priori pouvoir se porter candidat. Imposera-t-il alors les mêmes tarifs que pour le label EVE ? Réponse en 2011.
 

Morgan Boëdec / Victoires-Editions