Les emplois francs étendus à 738 quartiers prioritaires
Les emplois francs vont être largement étendus géographiquement, avec une enveloppe prévisionnelle de 50 millions d'euros. Plus de la moitié des habitants des quartiers prioritaires vont être éligibles, contre un quart actuellement. Des mesures qui visent à développer ce dispositif qui peine à s'imposer depuis son lancement à titre expérimental en avril 2018.
Lancés en avril 2018, et actuellement expérimentés sur des zones géographiques restreintes, les emplois francs peinent à se développer. 4.544 contrats d'embauche seulement ont été signés au 10 mars 2019, contre un objectif de 12.000 à 15.000. Pour les relancer, le ministère du Travail a décidé d'étendre leur périmètre d'expérimentation, avec une enveloppe prévisionnelle de 50 millions d'euros. C'est ce qu'a annoncé la ministre, Muriel Pénicaud, lors d'une rencontre avec des bénéficiaires du dispositif au Pôle emploi de Cachan, jeudi 21 mars 2019.
L’élargissement va concerner tous les quartiers prioritaires de la politique de la ville des Haut-de-France, de l’Île-de-France, des Ardennes, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, de la Haute-Garonne, du Maine-et-Loire, ainsi que l’ensemble des départements et régions d’outre-mer. Ces derniers, qui affichent des taux de chômage qui dépassent les 20%, vont pouvoir ajouter au dispositif emploi francs le "zéro charges sociales", a précisé Annick Girardin, ministre des Outre-Mers rappelant aussi que 25% de la population ultramarine vivait dans des quartiers prioritaires. Initialement, l'expérimentation concernait sept territoires : le département de Seine-Saint-Denis, les agglomérations de Roissy Pays de France et de Cergy-Pontoise, le territoire de Grand Paris Sud Seine, la métropole européenne de Lille, la métropole d’Aix-Marseille-Provence, la communauté urbaine d’Angers-Loire Métropole.
Ce sont en tout 738 quartiers qui vont être éligibles au dispositif des emplois francs, contre 198 jusqu'ici. "Ce sont ainsi plus de la moitié des personnes vivant en quartier prioritaire qui auront accès au dispositif, soit deux fois plus qu’au lancement de l’expérimentation il y a un an", se félicite le gouvernement, dans un communiqué signé de Muriel Pénicaud, Annick Girardin et du ministre chargé de la ville, Julien Denormandie.
L'aide à l'embauche se monte à 5.000 euros par an sur trois ans maximum pour un CDI et de 2.500 euros sur deux ans maximum pour un CDD de plus de six mois.
Anticipant sur la généralisation du dispositif à tout le territoire, Muriel Pénicaud a annoncé que les régions et les missions locales seraient mises à contribution dans le dispositif, pour toujours plus d’information du public.
Habiter un quartier prioritaire, "c'est devenu un atout"
D'après le ministère, plusieurs raisons expliquent le démarrage lent du dispositif dans sa nouvelle formule, dont un manque d’information des publics concernés, employeurs comme demandeurs d’emploi. En témoignent les propos de Salimata Traoré, employée en CDI chez Byblos Sécurité après une période d’essai, qui a découvert lors de la rencontre du 21 mars qu'elle était bénéficiaire du dispositif.
Informer sur l’existence du dispositif sur des zones dispersées et réduites s’est révélé compliqué et peu efficace, d’autant plus que les employeurs (entreprises ou associations) peuvent se situer en dehors de la zone. Pouvoir assurer une diffusion globale de l’information au niveau du département va changer la donne, assure le ministère, qui a toutefois mis en lumière les résultats qualitatifs de la première salve de contrats. Huit emplois francs sur dix sont des CDI, alors que les CDD représentent 87% des embauches globales. Un contrat sur deux est signé avec un chômeur de longue durée.
Lorsqu’il habitait dans un quartier de la politique de la ville, l’adresse d’un candidat à l’embauche était un handicap. "C’est devenu un atout", s'est félicitée Muriel Pénicaud. Pôle emploi fournit d’ailleurs aux demandeurs d’emplois des cartes de visite qui mentionnent explicitement qu’ils sont éligibles aux emplois francs.