Les émissions de gaz à effet de serre repartent modestement à la baisse

Après le rebond observé en 2021, les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la baisse en France l'an dernier, selon le dernier baromètre du Citepa, l'organisme mandaté par le ministère de la Transition écologique pour réaliser l'inventaire français des émissions. Le secteur résidentiel-tertiaire a connu une forte baisse, particulièrement marquée en fin d'année mais à l'opposé, les transports et surtout la production d'énergie ont vu leurs émissions augmenter.

Des émissions de gaz à effet de serre (GES) en baisse après le rebond de 2021 : c'est le constat dressé par le Citepa, l'organisme mandaté par le ministère de la Transition écologique pour réaliser l'inventaire français des émissions dans l'édition de mars de son baromètre des émissions mensuelles qui présente les résultats provisoires pour l'année 2022.

Le Citepa estime les émissions de 2022 à 408 millions de tonnes équivalent CO2, soit 10 millions de tonnes ou 2,5% de moins que l'année précédente, et de 6,2% comparé à 2019. "On observe un retour à la baisse interannuelle des émissions avec la fin de l'effet rebond post Covid-19", a commenté le Citepa.

Après une année 2020, marquée par la combinaison de la crise sanitaire et d'un hiver peu rigoureux ayant entraîné une diminution drastique des émissions (-9,6%), celles-ci avaient en effet enregistré une nette hausse en 2021 (+6,4%), à la faveur de la reprise économique post-pandémie.

Sur les neuf premiers mois de l'année 2022, ces émissions, responsables du réchauffement climatique, avaient quasiment stagné (-0,3%) par rapport à la même période de 2021, selon les données du Citepa publiées à la fin de l'année dernière. Cette stagnation était due à un recours plus important aux énergies fossiles pour compenser les difficultés du parc nucléaire, mais aussi aux transports. Mais "d'octobre à décembre 2022, les émissions mensuelles sont en forte baisse par rapport à celles de 2021 (-9% en octobre, -11% en novembre, -5% en décembre)", souligne le Citepa dans sa dernière publication.

Contrastes selon les secteurs

Par secteur d'activité, le tableau est contrasté. Ainsi les émissions annuelles ont progressé de 8% dans l'énergie en 2022, la plus forte hausse par rapport à 2021, du fait de l'arrêt d'une vingtaine de réacteurs nucléaires qui ont nécessité un recours plus important aux centrales à gaz et même de manière temporaire au charbon avec la réouverture le 28 novembre dernier de la centrale de Saint-Avold. Plus modestement, la hausse des émissions a été de 2% dans les transports, transport routier en tête, suivi par l'aérien (vols domestiques, y compris vers l'outre-mer). Les émissions ont en revanche reculé de 8% dans l'industrie manufacturière et la construction et chuté de 15% dans le secteur résidentiel-tertiaire, particulièrement en fin d'année. "Cela s’explique notamment par une forte réduction de la consommation d’énergie fossile dans contexte de crise énergétique avec une hausse des prix du gaz et produits pétroliers, des appels à la sobriété énergétique auprès des ménages et des entreprises, un recours accru au bois et un hiver très doux", relève le Citepa qui constate qu'avec 64 Mt CO2e, le niveau d’émissions de GES du secteur résidentiel-tertiaire est "le plus bas depuis 1990".

Le gouvernement a salué une tendance qui, dans la seconde moitié de 2022, reflète d'après lui "les effets de (sa) politique climatique de ces derniers mois". "Sur le quatrième trimestre 2022, nos émissions ont ainsi baissé de 8,5% par rapport à l'année précédente. C'est notamment le résultat du plan de sobriété et de la mobilisation", a commenté la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. "Je porterai dans les prochains mois une prochaine programmation énergie-climat, qui fixera des objectifs encore plus ambitieux tant il reste du chemin à parcourir", a-t-elle ajouté.

Encore loin des objectifs de neutralité carbone

La France, dans sa stratégie nationale bas carbone révisée - après la non-atteinte des objectifs sur la période 2015-2018 - s'est fixé un budget carbone à ne pas dépasser pour la période 2019-2023 qui s'élève à 422 MtCO2e/an en moyenne. La moyenne des émissions pré-estimées sur la période 2019-2022 s'élève pour l'instant à 413 Mt CO2, sous-réserve de la consolidation des estimations, indique le Citepa.

La tendance actuelle s'inscrit malgré tout en décalage avec la baisse nécessaire pour que la France respecte son objectif d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Elle s'est engagée à réduire ses émissions de 40% d'ici 2030, une ambition qui doit être renforcée pour tenir compte de nouveaux objectifs européens (-55% par rapport à 1990).

Selon le Haut Conseil pour le climat (HCC), pour atteindre ces objectifs, le pays devrait doubler le rythme de baisse de ses émissions à environ 16 millions de tonnes équivalent CO2 (-4,7%) par an sur la période 2022-2030.

Anne Bringault, coordinatrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC), estime aussi que les baisses enregistrées en 2022 "sont un peu en trompe-l'oeil". Le résidentiel notamment a "beaucoup bénéficié de températures très clémentes sur la dernière partie de l'année, ça ne veut pas dire que ça se reproduirait", note-t-elle auprès de l'AFP. "L'industrie a également subi avec la hausse des prix de l'énergie des arrêts conjoncturels qui ne sont pas réellement des politiques de lutte contre le changement climatique, et qui risquent de ne pas se reproduire", selon elle. L'association s'inquiète par ailleurs de la hausse des émissions dans le secteur des transports, jugeant que ce dernier est "malheureusement encore très dépendant des énergies fossiles".

 

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