Politique de la ville - Les élus urbains lancent un manifeste pour être entendus sur la réforme de la politique de la ville
Leur manifeste envoyé fin avril au Premier ministre est demeuré lettre morte. Parce qu'ils veulent être entendus et parce que personne ne serait mieux placé pour témoigner de la réalité du terrain, les élus urbains de l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF), de l'Association des communautés urbaines de France (Acuf) et de l'Association des maires Ville et Banlieue de France (AMVBF) ont donc décidé, par un communiqué du 20 mai, de rendre public ce document interpellant François Fillon sur la réforme annoncée de la politique de la ville. "Nous souhaitons proposer, sur la base de nos expériences et réflexions locales, un manifeste pour une réforme efficace et fédératrice de la politique de la ville autour de huit orientations stratégiques", annoncent d'une seule voix les élus concernés. Le contexte est trouble… Depuis des mois, les débats et rapports annonçant la réforme de la géographie prioritaire (réforme des zones urbaines sensibles - ZUS -, des contrats urbains de cohésion sociale - Cucs) et celle de la dotation de solidarité urbaine (DSU) se sont succédé. Des réformes dont l'objectif est de "donner plus aux communes qui en ont le plus besoin" et d'arrêter "le saupoudrage", comme le répètent à l'unisson le président de la République et la secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara.
Dans un contexte de crise et depuis l'annonce du plan de rigueur, les craintes de voir la politique de la ville devenir le parent pauvre du gouvernement semblent, au regard de l'absence de déclarations officielles d'engagement de l'Etat et des retards accumulés, justifiées... Dans leur manifeste, les élus appellent donc François Fillon à les recevoir, mais également à prendre en compte leurs priorités et propositions pour "relancer une politique de cohésion sociale et urbaine ambitieuse pour maintenir et renforcer dans un contexte de crise les solidarités au service des huit millions d'habitants résidant dans les quartiers et les communes en difficulté".
Si la date du Comité interministériel des villes (CIV), sans cesse repoussé, n'est toujours pas arrêtée, les élus saluent l'installation officielle par le chef du gouvernement, le 25 mai prochain, du Conseil national des villes (CNV), et espèrent être enfin lus et entendus avant les déclarations que le Premier ministre ne devrait pas manquer de faire à cette occasion.
Sandrine Toussaint
Les huit orientations stratégiques du manifeste
1. Gouvernance, pilotage et rôle de l'Etat
2. Réformer les zonages et la géographie prioritaire
3. Renforcer les moyens financiers et humains au service de la politique de la ville
4. Territorialiser les politiques publiques et mobiliser fortement le droit commun
5. Développement économique, emploi et insertion
6. Articuler politique de la ville et développement durable
7. Définir et lancer rapidement un programme Anru 2
8. Renforcer l'action des associations au service de la politique de la ville