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DOM - Les élus antillais réclament "toute la lumière" sur les pesticides

Plusieurs élus martiniquais et guadeloupéens appellent "à faire toute la lumière" sur l'utilisation des pesticides dans l'agriculture antillaise.

 

"Il ne faut pas que l'omerta française étouffe cette affaire là", a déclaré ce 18 septembre Victorin Lurel, député et président du conseil régional de Guadeloupe, lors de la présentation à la presse à l'Assemblée nationale du rapport du cancérologue Dominique Belpomme qui évoque un risque de "désastre sanitaire" dû à l'utilisation massive de pesticides. Victorin Lurel a de nouveau réclamé une commission d'enquête parlementaire, à laquelle le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, Christian Estrosi, s'était déclaré lundi "tout à fait favorable". Les élus antillais sont partagés entre "éthique de vérité et éthique de responsabilité", a estimé Victorin Lurel, pour qui "il faut dire les choses avec sobriété".
Pour sa part, Jeanny Marc, députée de la Guadeloupe, a réclamé que le gouvernement fasse du problème "une priorité nationale", afin que la vie économique "puisse continuer". L'enjeu économique concerne la filière banane et les autres productions agricoles, mais aussi l'activité touristique. "Si on sait et que l'on se tait on devient complice", a déclaré Jeanny Marc, tout en souhaitant "rassurer la population" parce que "toutes les terres ne sont pas polluées". "Nos territoires ne sont pas maudits", a-t-elle ajouté.
"La situation est grave", a jugé Louis-Joseph Manscour, député de la Martinique, appelant à une "double exigence de vérité et de responsabilité". "Il ne faudrait pas que l'on fasse passer la Martinique pour une terre infréquentable", a renchéri Serge Letchimy, autre député de l'île, soulignant que les produits vendus sur les marchés "font l'objet d'analyses".
De son côté, Dominique Belpomme s'est défendu de tenir des "propos alarmistes", mais à mis en garde contre la "politique de l'autruche", réclamant la mise en place d'"un plan de sauvetage des Antilles" pour éviter un "désastre sanitaire, mais aussi un désastre socio-économique".
Faisant la part entre "ce qui est certain et ce qui est incertain", le scientifique a présenté son rapport comme "un état des lieux". La pollution chimique des sols et des eaux en Martinique est "multiple, diffuse, énorme", a-t-il déclaré, soulignant que "l'alimentation sous toutes ses formes est polluée". Le lien entre le cancer de la prostate, "en augmentation foudroyante", et le chlordécone (utilisé jusqu'en 1993 contre le charençon de la banane) "n'est pas démontré", a-t-il admis, réclamant des études toxicologiques sur le rôle de cet insecticide mais aussi d'autres pesticides. En tout cas, pour lui, "le terme de désastre sanitaire n'est pas trop fort pour désigner ce qui risque d'arriver dans l'avenir".

 

Source AFP

 

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