Culture - Les écoles supérieures d'art s'interrogent sur leur avenir
Près de 500 participants se sont retrouvés à Rennes les 6 et 7 avril derniers pour les premières Assises nationales des écoles supérieures d'art organisées à l'initiative des directeurs et des enseignants de ces cinquante-sept établissements. Placés sous la tutelle pédagogique du ministère de la Culture et de la Communication, ils accueillent près de 10.000 étudiants et forment un ensemble plutôt hétérogène. Sept écoles nationales bénéficient du statut d'établissement public autonome, trois écoles nationales installées à Paris délivrent un diplôme d'école et les autres dépendent directement d'une municipalité ou d'une collectivité territoriale. Comme le souligne Jean-Pierre Simon, président de l'association nationale des directeurs d'écoles d'art (Andea), la question du statut des écoles est centrale : "Pour être reconnu comme un établissement d'enseignement supérieur, il faut figurer sur le livre VII du Code de l'éducation qui liste l'ensemble de ces établissements. Les seuls établissements émanant du ministère de la Culture inscrits au livre VII sont les écoles d'architecture et les établissements d'enseignement supérieur dans le domaine de la musique, de la danse, du théâtre et des arts du cirque. Actuellement, seules deux écoles d'art sont inscrites sur cette liste." Par ailleurs, du point de vue juridique et administratif, la Direction des enseignements supérieurs considère que les établissements d'enseignement supérieur doivent être autonomes.
Comment faire évoluer le statut des écoles ?
C'est déjà le cas des écoles nationales qui bénéficient, depuis 2002, du statut d'établissement public à caractère administratif. Pour les autres, la partie est encore loin d'être gagnée. La plupart des écoles territoriales sont administrées en régie directe par des communes ou des structures intercommunales. Pour acquérir une plus grande autonomie, plusieurs solutions sont envisageables, estime Olivier Kaeppelin, directeur de la Délégation aux arts plastiques (DAP) au ministère de la Culture : "La possibilité pour les collectivités territoriales d'ériger les écoles d'art en établissements publics de coopération culturelle [EPCC] est évidemment la piste la plus intéressante à explorer. Si l'autonomie structurelle conférée par l'EPPC est l'hypothèse maximale, la question de la régie personnalisée par exemple est également une piste de travail. Ce processus sera long et relève de l'initiative des collectivités territoriales en concertation avec l'Etat." Dans ce domaine, Cécile Marie, présidente de la Coordination nationale des enseignants d'écoles d'art (Cneea) suit avec intérêt les évolutions apportées aux EPCC - composition du conseil d'administration et statut du directeur, notamment - par la proposition de loi déposée par Ivan Renar, sénateur du Nord. La différence de statut entre école nationale et territoriale se retrouve également pour les enseignants.
Préparer l'harmonisation des enseignements
Alors qu'ils sont placés sous une même tutelle pédagogique, délivrent les mêmes enseignements et préparent aux mêmes diplômes, ceux qui exercent dans des écoles territoriales sont toujours régis par le décret du 2 septembre 1991 sur la base de références qui demeurent celle de l'enseignement secondaire. Leurs collègues exerçant dans les écoles nationales bénéficient quant à eux du nouveau statut de professeur des écoles nationales supérieures d?art entré en vigueur le 1er janvier 2003. Si les enseignants réclament une réforme statutaire avec des modes de recrutement adapté et de meilleures conditions de rémunération, le ministère de la Culture évoque pour sa part, la "restauration de la convergence des statuts des professeurs des deux fonctions publiques, nationale et territoriale, notamment pour mieux inscrire l?enseignement dispensé par les écoles habilitées dans la perspective de l?enseignement supérieur européen". C'est bien là l'autre chantier qui attend les écoles supérieures d'art. En effet, la mise en place d'un espace européen de l?enseignement supérieur commun à tous les domaines de formation impose un cursus des études reposant sur le système LMD, licence, master et doctorat. Il faut par conséquent repenser le déroulement des enseignements selon le système européen de crédits de transferts (ECTS) et parvenir à la reconnaissance du grade de master pour l'actuel diplôme national supérieur d'expression plastique (DNSEP) délivré après 5 ans d'études.
Pascal Clouet / PCA pour Localtis