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Sport - Les collectivités au secours des Creps ?

Huit centres régionaux d'éducation populaire et de sport ont fait les frais de la révision générale des politiques publiques. Le sénateur Jean-Jacques Lozach déplore dans un rapport récent le désengagement de l'Etat mais salue la reprise de ces structures par des collectivités territoriales.

Une "stratégie perverse [qui] fonctionne". Voilà comment Jean-Jacques Lozach qualifie le désengagement de l'Etat vis-à-vis des centres régionaux d'éducation populaire et de sport (Creps), victimes selon lui de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Dans un rapport, déposé le 15 décembre, le sénateur de la Creuse et rapporteur des crédits de la jeunesse et de la vie associative juge que "l'Etat se désengage […] en espérant que les collectivités territoriales seront forcées de reprendre la main". Entre 2009 et fin 2010, huit des vingt-quatre Creps de France ont ainsi disparu ou vont disparaître… mais seront repris "par un nouvel organisme financé par une collectivité territoriale", révèle en effet Jean-Jacques Lozach.

La fonction publique territoriale, principal débouché

Les Creps sont des établissements publics nationaux placés sous la tutelle du ministère chargé des Sports. Leurs compétences relèvent de trois principaux domaines. Le premier est l'accueil et la formation des sportifs de haut niveau. Le deuxième est la formation aux métiers de l'animation et de l'encadrement sportif. Une mission d'autant plus importante que la concurrence est "quasi inexistante, [voire] totalement inexistante pour les disciplines sportives en environnement spécifique [plongée, escalade, parapente, etc.]". En 2009, cette activité a représenté 3.560.000 heures/stagiaires. Les plus gros volumes concernent la préparation au brevet de maître nageur-sauveteur (3.187 stagiaires) et au brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BJ JEPS) activités nautiques (1.610 stagiaires) et activités physiques pour tous (1.213). Pour ces formations, "les principaux débouchés sont des emplois de la fonction publique territoriale", précise le rapport. Enfin, les Creps assurent l'accueil des mouvements associatifs de jeunesse et d'éducation populaire.

Suppressions "aléatoires"

A partir de 2008, dans le cadre de la RGPP, l'Etat a entrepris de recentrer les missions des Creps et d'en réduire le nombre. Le recentrage des missions a porté sur la préparation des sportifs de haut niveau et la formation dans les disciplines sportives monopolistiques ou en tension (formations à prédominance du secteur public de formation et formations rares). Côté suppressions, sept Creps ont disparu au cours des deux dernières années : Amiens, Chalain, Houlgate, Mâcon et Limoges en 2009, Ajaccio et Voiron en 2010. Le 31 décembre prochain, ce sera au tour du Creps de Dinard d'être dissous. Jean-Jacques Lozach dénonce le "caractère aléatoire de [ces] victimes", s'agissant d'établissements qui "connaissaient pour la plupart une situation satisfaisante". Le rapporteur regrette que "la décision de supprimer des Creps relève avant tout d'une logique de régulation budgétaire" alors que, selon lui, "leur suppression dans des zones faiblement peuplées ne fera qu'augmenter les inégalités entre les régions".

"Les Creps sont morts, vive les Creps"

Jean-Jacques Lozach s'interroge alors sur l'avenir des Creps fermés – comment éviter le "spectre de friches sportives" ? – et se demande s'il "passera par une reprise en main […] par les collectivités territoriales". Or, la réponse, d'après le rapport même, est en grande partie connue. Dans six cas sur huit, les activités seront reprises par un organisme financé par une collectivité. A Chalain, le site est cédé au conseil général du Jura. L'association Maisons familiales rurales y développant une activité. A Houlgate, le projet de reprise est porté par le conseil régional de Basse-Normandie en collaboration avec d'autres collectivités. Une association a été créée pour gérer le site et organiser les formations et l'accueil. A Mâcon, le projet de reprise est porté par la ville, et la structure gestionnaire est une association. A Ajaccio, la collectivité territoriale de Corse prévoit la poursuite des activités par le Centre du sport et de la jeunesse de Corse, sous la forme d'une régie autonome. A Voiron, un accord organise la continuité des activités et l'acquisition du site par la communauté d'agglomération du Pays voironnais. Enfin, à Dinard, un partenariat Etat-région met en place le campus de l'excellence sportive de Bretagne et certaines missions seront exercées par un groupement d'intérêt public. Quant au septième site, celui d'Amiens, propriété de la communauté d'agglomération, il va faire l'objet d'une étude du conseil régional en vue d'une reprise d'activité. Seul le sort de Limoges n'est pas encore en voie de règlement, ce qui fait dire au rapporteur : "Les Creps sont morts, vive les Creps."
Pour le sénateur de la Creuse, "l'Etat s'est donc clairement déchargé d'une mission de service public majeure sur les collectivités". Devant cette réalité, il convient désormais de mener une réflexion "sur la définition d'un nouveau modèle d'acteur local de la politique sportive en matière de soutien au haut niveau et de formations". "L'implication des collectivités territoriales deviendra de plus en plus nécessaire, mais sera aussi de plus en plus difficile", conclut Jean-Jacques Lozach.

 

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