Les centres de villes moyennes perdent 600 commerces chaque année
Dans huit villes de taille intermédiaire sur dix, les effectifs salariés du commerce de proximité de centre-ville ont diminué entre 2009 et 2015, selon une étude de l’Insee publiée jeudi 14 novembre. Au total, ces villes perdent 600 commerces et 3.500 emplois chaque année sur la période.
Le déclin des centres-villes ne date pas d’hier : c’est la multiplication des signaux négatifs ces dernières années qui avait conduit le gouvernement à lancer le programme Action cœur de ville en 2018. Dans une étude publiée le 14 novembre, l’Insee se penche sur la situation de 367 villes de taille intermédiaire (dont 80% des villes d’Action cœur de ville), à l’image de Vierzon, Guéret ou Draguignan qui constituent "un support incontournable du commerce de proximité en France". Toutes se caractérisent par une forte concentration du commerce en centre-ville (avec un tiers des salariés de commerce de proximité pour moins de 1% de la surface de l’agglomération), et une offre essentiellement structurée autour de l’équipement de la personne (habillement, chaussures, pharmacies…), des restaurants, bars, des commerces alimentaires et des agences bancaires et immobilières…
Important "turn-over"
Mais le constat est sans appel : dans huit villes de taille intermédiaire sur dix, les effectifs salariés du commerce de proximité de centre-ville ont diminué entre 2009 et 2015. La décrue est en moyenne de 1,3% chaque année. Toutes les régions sont touchées. Trois le sont plus particulièrement : Bourgogne-Franche-Comté (-2%), Grand Est (-1,6%) et Pays de la Loire (-1,6%). Les centres des villes intermédiaires sont aussi frappés par un important "turn-over" : près de la moitié des établissements présents en 2009 ne l’étaient plus six ans plus tard. Et inversement, 45,5% des commerces de 2015 n’étaient pas ouverts en 2009.
À l’échelle du pays, 600 commerces et 3.500 emplois salariés sont détruits chaque année dans les centres de villes moyennes sur la période. Mais ce déclin s’est fait au profit de la périphérie. Car à l’échelle de l’agglomération le solde est positif avec 100 établissements pour 1.600 salariés de plus chaque année. L’écart de dynamisme entre périphérie et centre est particulièrement marqué dans les Pays de la Loire, en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne.
Pourtant même dans une région en difficulté sur le plan du commerce, les Pays de la Loire, une ville comme Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) parvient à une augmentation de 2,6% de ses effectifs salariés de commerce de centre-ville sur la période. Une performance d’autant plus remarquable que la commune, qui appartient au pays de Retz, est sous l’influence de l’agglomération nantaise. D’ailleurs, en avril 2019, la métropole et le pays de Retz ont passé un contrat de réciprocité… En Bourgogne-Franche-Comté, Pontarlier (Haut-Doubs) se porte également très bien, avec une progression de 1,8% par an.
L’étude fait également le lien entre évolution démographique et dynamique commerciale. Dans des villes comme Gaillac, Auray ou Belleville-en-Beaujolais, où la population croît en moyenne de 3% sur la période, le commerce de centre-ville résiste mieux. De même, les villes touristiques (Saint-Rémy-de -Provence, Chamonix-Mont-Blanc ou Capbreton) profitent de l’afflux de nouvelles populations…