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Citoyens - Les campagnes profitent de la croissance démographique française

Les communes rurales profitent, comme leurs homologues urbaines, du dynamisme général de la population française. C'est l'un des enseignements majeurs du recensement de la population de 2005, présentés par l'Insee le 17 janvier.

L'exode rural, s'il touche encore les campagnes de certaines régions, en particulier au nord de la France, est un phénomène en régression. Bien au contraire, les villes et villages éloignés des aires urbaines gagnent des habitants. Un constat spectaculaire livré par les résultats de l'enquête 2005 du recensement de la population. Ces chiffres dévoilés le 17 janvier par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révèlent que depuis 1999, les communes rurales de moins de 10.000 habitants ont connu une croissance de leur population de 0,7% contre seulement 0,1% au cours de la décennie 1990. Les chiffres de l'Insee apportent une autre surprise. Ce sont non pas les communes rurales les plus proches des villes centres qui profitent le plus de cette croissance démographique, mais celles situées à 25 km de ces centres. La croissance démographique "s'étend de plus en plus loin des villes" conclut l'Insee, qui rappelle que, dans les années 1990, le pic de croissance démographique se situait à 15 km des villes centres. Ces chiffres sont évidemment une bonne nouvelle pour les élus des communes rurales qui trouveront là à l'évidence un argument en faveur du maintien des services publics.


Les régions littorales toujours attractives

La croissance démographique des communes urbaines de moins de 10.000 habitants reste malgré tout plus vive que celle des communes rurales. Elle a même progressé entre deux recensements, passant de 0,8% par an sur la période 1990-1999 à 1,1% par an depuis 1999. Globalement, les villes de moins de 10.000 habitants attirent en moyenne annuelle presque deux fois plus d'habitants depuis 1999 que pendant les années 1990 (+ 0,9% contre 0,5%). Cette croissance est particulièrement soutenue dans les communes de 500 à 999 habitants (+ 1,2% en rythme annuel), alors que les villes de 5.000 à 10.000 habitants enregistrent une progression plus faible (+ 0,6%). Par ailleurs, les résultats de l'Insee confirment le dynamisme démographique des régions littorales et du sud. Le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées arrivent nettement en tête avec une progression annuelle de population supérieure à 1%. A l'opposé, Champagne-Ardenne n'a pas enrayé la baisse de sa population (- 0,1% par an), contrairement au Limousin et à l'Auvergne, qui, désormais, gagnent proportionnellement plus d'habitants que certaines régions comme la Bourgogne et le Nord-Pas-de-Calais.


62,9 millions d'habitants en France

Au 1er janvier 2006, la France comptait 62,9 millions d'habitants, dont 1,8 million dans les DOM, soit 367.000 personnes de plus qu'il y a un an. Après une baisse continue entre 2000 et 2003, le nombre des naissances confirme son redressement. L'année dernière, les mairies ont enregistré 807.400 naissances, soit un niveau proche du record atteint en 2000. Ainsi, l'indice de fécondité de la France est de 1,94 enfant par femme, le deuxième en Europe derrière celui de l'Irlande. En 2005 encore, 537.300 personnes sont décédées (+ 3,2 % par rapport à 2004). Le solde migratoire, de 97.500 personnes, a participé pour un quart à la croissance de la population. En outre, le vieillissement de la population se poursuit. Au 1er janvier 2006, 16,2 % des habitants ont 65 ans ou plus, soit 1,1 points de plus que 10 ans plus tôt.
Ces résultats fournis par le recensement de 2005 seront affinés par les prochaines collectes. Mais la population légale ne sera connue que fin 2008, soit après les élections municipales du mois de mars de la même année.
Cette année, les opérations de recensement débuteront le 19 janvier. Elles s'achèveront le 18 février dans les communes de moins de 10.000 habitants et le 25 février dans celles de 10.000 habitants et plus. C'est ainsi la troisième collecte organisée selon les modalités du recensement annuel. Pour les communes, les difficultés soulevées par cette nouvelle organisation commencent d'ailleurs à s'aplanir, comme en témoigne ci-contre Marie-Hélène Boulidard, démographe territoriale et membre de la Commission nationale d'évaluation du recensement de la population.


Thomas Beurey / EVS Conseil pour Localtis

 

"Entre l'Insee et les communes, un partenariat se met en place"


Marie-Hélène Boulidard est démographe territoriale et siège, en tant que personnalité qualifiée, à la commission nationale d'évaluation du recensement de la population.


La mise en oeuvre du recensement rénové de la population s'effectue-t-elle sans difficultés aujourd'hui ?

Dans les communes de plus de 10.000 habitants, le répertoire des immeubles localisés (RIL) pose encore des problèmes. Le fichier des adresses de la ville sert chaque année de base de sondage au recensement de 8% de la population. Son actualisation demande un gros travail dans un délai limité. L'Insee doit avoir envoyé la base de sondage aux communes concernées au plus tard le 25 mai. Celles-ci ont jusqu'au 25 juin pour renvoyer le fichier actualisé à l'Insee. Les premières années, l'Insee envoyait le fichier très tard, laissant aux collectivités peu de temps pour s'organiser. Il envoie désormais des éléments dès le mois de mars. Au fil du temps, un partenariat se met en place. Le dispositif est toutefois perfectible. Quand l'Insee reçoit les éléments des communes, rien ne l'oblige à retourner à celles-ci le RIL complété par leurs remarques. S'il existait un retour d'informations, on éviterait des surprises dans le tirage de l'échantillon.


Les démographes territoriaux se sont inquiétés du manque de précision du nouveau recensement sur le plan infra-communal. Ces craintes se sont-elles dissipées ?

Ces craintes existent toujours. Lorsqu'il a proposé de passer à un recensement annuel, l'Insee a bien sûr mis en avant l'argument de la fraîcheur des informations. Mais avec une précision moins grande, le recensement ne sera plus, pour les élus, l'outil d'aide à la décision qu'il a été. Pour obtenir des résultats fiables, il est nécessaire, notamment, de posséder une base de sondage de très bonne qualité. C'est encore plus fondamental pour le RIL 2006, puisque les chiffres légaux de la population que nous connaîtrons fin 2008 seront fondés sur celui-ci. Conscientes de cela, certaines communes ont mis de gros moyens sur la constitution du RIL. Mais d'autres n'ont pas perçu ces enjeux et ont préféré affecter plus de moyens à la collecte.


La question du coût du recensement de la population pour les communes est-elle toujours aussi aigue qu'au début ?

Il est difficile d'évaluer le coût du recensement de la population, parce que les communes n'ont pas le même type de dépenses et parce qu'elles sont libres d'investir les moyens qu'elles veulent. Dans ce contexte, la dotation forfaitaire qu'accorde l'Etat aux communes couvre entre 10% et 90% des dépenses des communes. Globalement, on ne se trompe pas en disant que le coût annuel du recensement est supérieur à ce qu'il était auparavant, et notamment parce que, lorsque le recensement avait lieu tous les huit ou neuf ans, l'Insee disposait de délégués, qui contribuaient dans les communes aux opérations de collecte. Aujourd'hui, l'Insee a des superviseurs qui ne prennent pas en charge le travail de collecte. La commission nationale d'évaluation du recensement de la population a commandé un rapport à deux membres du service du contrôle général, économique et financier du ministère de l'Economie et des Finances. Ce rapport apportera, courant 2006, des éclairages importants.

 

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