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Bénévolat - Les associations ont "un poids économique considérable"

Une étude du CNRS sur le tissu associatif français montre que le secteur est en plein essor : son poids dans l'économie nationale n'a cessé d'augmenter ces six dernières années.

C'est un portrait qui tord le cou à pas mal d'idées reçues entendues ces dernières années : le tissu associatif se porte bien. Très bien même. Réalisée par Viviane Tchernonog, chercheur au CNRS, et son équipe du Centre d'économie de la Sorbonne, auprès de 1.725 mairies et 13.000 associations, cette vaste enquête, qui ne sera publiée que dans quelques semaines, met à jour des données qui dataient de 1999. Ainsi, la France compte aujourd'hui environ 1,1 million d'associations, 200.000 de plus qu'il y a six ans, soit une progression annuelle de 36.000 à 37.000. Mieux, leur poids économique a augmenté plus vite que la croissance nationale : le budget cumulé des associations a augmenté de 2,5% contre 1,5% pour le PIB depuis 1999. Avec un budget global de 59 milliards d'euros, elles représentent 3,4% du PIB national. Les associations concentrent par ailleurs 1.050.000 emplois en équivalent temps plein (soit 5% du nombre de salariés du pays), auxquels s'ajoutent les 15 à 18 millions de bénévoles qui réalisent ensemble un volume de travail de l'ordre de 935.000 emplois. "Le poids économique des associations apparaît considérable", constate Viviane Tchernonog.
Si l'évolution a été particulièrement forte dans le secteur de la défense des intérêts économiques et du développement local (+12%) et humanitaire (+ 9%), la part relative des trois grands types d'associations (action publique, à caractère militant et activités diverses) est restée stable, nous dit l'enquête. Par ailleurs, l'Ile-de-France, Paca et Rhône-Alpes concentrent à elles seules plus de 40% des créations, dont une sur cinq en Ile-de-France.


60% ont un rayon d'action communal

Concernant le champ d'intervention, les associations maintiennent une forte attache territoriale. 60% d'entre elles ont un rayon d'action communal et une sur cinq départemental. Seulement 5% agissent à l'échelle nationale. Au niveau des quartiers, les associations de défenses des droits et des causes sont les plus actives. Assez logiquement, les associations d'action sociale, de santé et d'éducation épousent, elles, l'échelle du département.
Avec une telle vitalité apparente, on a du mal à comprendre le discours récurrent sur la crise du bénévolat ou sur le désengagement de l'Etat. Les associations se trouvent "dans une situation permanente de concurrence face aux adhérents, aux différentes ressources publiques ou privées ou au travail bénévole", explique l'enquête. Ce qui a pour effet d'accentuer les tensions qui existent déjà du fait de l'évolution du financement public et du comportement des bénévoles. Ces derniers ont tendance à rester de moins en moins longtemps dans la même structure et à délaisser les grosses associations au profit des petites structures plus proches du terrain, note le rapport. Le volume total du travail bénévole, lui, est en constante augmentation (+30% en six ans), pas assez cependant pour répondre au nombre d'associations nouvelles.

 

Une tendance à la privatisation du financement

Quant au financement, il n'y a pas eu de "désengagement" des pouvoirs publics, les financements publics ont même augmenté à un rythme proche de l'augmentation du PIB. Ce sont les modes de financement qui ont évolué, notamment du fait de la décentralisation. "Le transfert de compétence de l'Etat vers les collectivités locales a modifié, voire bouleversé, le partenariat public des associations". La part de l'Etat a diminué quand celle des départements et des régions a augmenté. "Les associations qui avaient pour principal partenaire l'Etat se sont parfois brusquement trouvées en grande difficulté et ont, pour certaines, dû interrompre leurs interventions ou les limiter de façon drastique", note Viviane Tchernonog. En revanche, celles qui entretenaient déjà des liens avec les conseils généraux ont pu tirer leur épingle du jeu et se développer très vite. Autre phénomène marquant : la croissance spectaculaire de la part des conseils régionaux (+40% en six ans)
Si elle réfute l'idée d'un désengagement, l'auteur constate une tendance à la privatisation du financement : les ressources d'origine privée ont augmenté deux fois plus que les fonds publics (+3,5% par an contre 1,6%).
L'engouement des Français pour les associations ne doit donc pas masquer un risque d'essoufflement. D'autant que les dirigeants sont le plus souvent retraités et que leur remplacement n'est pas assuré.


 

Michel Tendil

 

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