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Legal Design, définition et enjeux

Le Legal Design qui se compose du terme « Legal » renvoyant au droit de manière générale mais aussi aux règlementations et aux normes, et du terme « design » englobant toutes les compétences techniques et créatives qui apportent des solutions concrètes. Le Legal Design se définit comme une méthode d’innovation utilisée dans le domaine juridique. 

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Une pratique innovante

Le champ d’application du Legal Design est relativement large puisqu’il peut couvrir toutes les branches du droit tels que les règles juridiques, les contrats ou encore les règles de conformité. Il s’adresse à tous ses acteurs à l’instar des juristes, avocats, notaires, etc.

Plus concrètement, le Legal design est l’application de la méthodologie du design thinking au domaine juridique. Cela regroupe un ensemble de processus permettant de créer des documents et des services juridiques intelligibles et engageants, qui s’est développé dans un contexte de recrudescence de demande de conseil juridique. Cette nouvelle pratique du droit se manifeste à travers divers moyens tels que les infographies, les bandes dessinées, les vidéos ou encore des livrets et permet d’adapter les explications juridiques aux différents publics des professionnels.

A titre d’exemple, d’après l’UNESCO, en 2016 « le monde comptait près de 750 millions d’analphabètes. C’est dans ce cadre que le contrat de travail, par exemple, a été créé sous format de bande dessinée pour des ouvriers agricoles travaillant lors de récoltes saisonnière en Afrique du Sud ». Ici, le Legal Design élargit la liberté de travail du professionnel de droit à communiquer son expertise dans le but de rendre ludique et pédagogique le conseil juridique.  

 

Un concept incontournable pour les professionnels du droit

Le Legal Design offre divers avantages à la fonction juridique et la rend plus attractive.

Dans un cadre législatif et réglementaire en perpétuelle mutation, la question de l’intelligibilité de l’information et du conseil juridique donné par un professionnel du droit se pose.

Afin de garantir un meilleur service juridique, il s’avère primordial pour ce professionnel de conjuguer son expertise à une nouvelle approche, qui consiste à ne plus prendre comme point de départ la règle de droit, mais plutôt l’utilisateur. Le Legal Design invite le professionnel à définir et comprendre l’identité, les besoins, les attentes ainsi que les contraintes de l’usager de droit.

D’après l’agence américaine IDEO, spécialisée dans le design, ce concept place l’utilisateur au centre de la réflexion, ce qui donne une dimension humaine dans l’apport d’un service juridique. Ce cadrage permet à l’expert de proposer, in fine, une solution optimale plus adaptée aux questionnements de l’utilisateur. Il s'assure ainsi la transmission de l’information strictement nécessaire et suffisante à ses besoins, à travers un mode de communication accessible et fluide.

Ce type de conseil juridique « sur mesure » résulte d’un besoin accru de simplicité d’accès à l’information par l’utilisateur. En effet, d’après le sondage mené par Justifit (site internet de référencement de professionnels du droit et de conseil juridique), sur un échantillon de plus de 16 000 personnes interrogées, 44% d’entre elles affirment que « la relation professionnelle avec un avocat ne se passe pas bien. Cela serait dû notamment à un manque de communication et un mauvais suivi du dossier ».

Le Legal Design constitue ainsi un changement profond pour les professionnels du droit en les plaçant au sein d’un travail collaboratif plutôt que dans une dimension individuelle. Dans cette perspective l’utilisateur est au centre de tous les questionnements où l’expertise juridique a du sens pour toutes les parties prenantes d’un service ou produit juridique, puisqu’elle résulte d’une collaboration étroite entre l’expert et l’usager du droit. L’écoute et l’empathie sont, alors, réunies pour optimiser la relation client, à travers une meilleure communication de l’information.

Dans le contexte de mutations technologiques et digitales actuel, il devenait nécessaire pour les professionnels du droit de prendre en compte les besoins opérationnels de leurs clients et collaborateurs, et de s’ouvrir à de nouveaux modes de travail. Le Legal Design a modifié la vision que l’on a de l’expert en droit, perçu jusqu’à lors comme « travaillant en vase clos », et étant seulement un « sachant du droit ».

Désormais, les professionnels répondent également à un enjeu relatif à la méthode de transmission et d’accessibilité de l’information, afin de maintenir une position stratégique et une crédibilité sur le marché.

Enfin, le Legal design est un instrument précieux pour rendre l'information juridique plus accessible dans une société où l'individu manque de plus en plus de temps. Cependant, quand même bien ce concept a réussi à faire sa place dans le milieu du droit, la transition vers ces nouvelles méthodes de travail ne s’opère pas sans difficulté pour certains professionnels.

 

Les limites du Legal Design

Aujourd’hui, le Legal design est couramment associé à la communication. Il est, dans certains cas, vu comme une technique de vulgarisation du droit à l’intention des usagers.

Pour rappel, le Legal design est avant tout une manière de transformer sa façon de faire du droit et cela ne permet pas de se substituer aux exigences et complexités contractuelles. En d’autres termes, il est impossible de commuter intégralement les clauses contractuelles ou une expertise complexe du droit, par une représentation simpliste dans un souci de communication plus accessible. La communication d’information juridique déformée ou incomplète ne sert ni les objectifs du client ni ceux de l’expert.

Enfin, le Legal Design représente un coût pour le professionnel. Formation, prestation par des entreprises expertes, … ce coût ne peut pas être supporté par tous les cabinets. En plus du coût financier que cela représente, il faut prendre en compte le temps que le professionnel va devoir y consacrer (temps qui ne sera donc pas alloué au traitement de dossier de clients).

Le temps de formation peut s’avérer long pour assimiler les principes de marketing et de communication ou les méthodes intégrant le digital dans leurs solutions, et cela peut engendrer un retard dans le traitement des dossiers du professionnel.

Par ailleurs, on peut se demander si le Legal Design est efficace et pertinent pour tous les partenaires. Evidemment, simplifier et rendre lisible les conditions générales de ventes, ou encore les mentions du Règlement Général sur la Protection des Données dans les contrats est devenu stratégique et contribue au bien-être de l’utilisateur.

Cependant, à une condition : que le fond juridique des propos ne soit pas modifié et que les droits des utilisateurs/clients soient respectés et protégés. Ainsi, pour certains cas tels que les réclamations clients, il est difficile de faire l’impasse sur l’ensemble de l’information et la documentation juridique devant être transmise à l’utilisateur, aussi complexe soit-elle.

 

Conclusion

Le concept du Legal Design a clairement marqué un tournant dans le domaine juridique et permet à tout type de client de mieux comprendre les enjeux juridiques de son dossier et les procédures à suivre. La relation de confiance entre le professionnel et son client, et la compétitivité du professionnel par rapport à ses confrères, devraient notamment être améliorées via cette pratique.

Il reste toutefois important de souligner que cette révolution digitale est un outil productif permettant de simplifier la communication juridique. Le Legal Design ne remplace alors pas les textes de loi, mais permet la facilitation de sa lecture et met en lumière les éléments importants pour l’utilisateur.