L’économie sociale et solidaire, un levier pour la réindustrialisation du territoire

[Mois de l’ESS] Pour entamer cette nouvelle édition du mois de l’ESS, nous vous emmenons à la découverte de projets à impact social et environnemental. Chaque semaine de ce mois de novembre, nous mettons en lumière nos actions en faveur de l’Economie Sociale et Solidaire. Aujourd’hui place à l’économie circulaire et ses atouts pour le secteur industriel. A la Banque des Territoires, nous sommes convaincus que le développement de projets relevant de l’économie sociale et solidaire joue un rôle clé dans la réindustrialisation du pays. Parmi ces projets, découvrons Vesto et Ecodair, deux entreprises solidaires d’utilité sociale (ESUS) que nous avons financées.

Economie circulaire : quésaco ? 

L’économie circulaire consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Il s’agit de passer d’une société du tout jetable à un modèle économique circulaire. Ce modèle répond à plusieurs enjeux : préservation des ressources, de l’environnement, de notre santé mais aussi permettre le développement économique et industriel des territoires, réduire les déchets et le gaspillage. 

L’économie circulaire englobe 7 piliers :

  1. Déchets et recyclage ;

  2. Allongement de la durée de vie et réparation des objets (reconditionnement, réemploi) ;

  3. Consommation responsable ;

  4. Economie de la fonctionnalité ;

  5. Ecologie industrielle et territoriale ;

  6. Approvisionnement et achats durables ;

  7. Eco conception.

Sources : Ademe et Ecologie.gouv.fr


Depuis 2021, la loi AGEC (Anti Gaspillage pour une Economie Circulaire) vise à transformer notre économie linéaire, produire, consommer, jeter, en une économie circulaire autour de 5 grands axes :

  1. Sortir du plastique jetable ;

  2. Mieux informer les consommateurs ;

  3. Lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire ;

  4. Agir contre l’obsolescence programmée ;

  5. Mieux produire.

Elle impose aux organismes publics d’investir dans des matériels de seconde main à hauteur de 20 % du montant de leurs investissements annuels au minimum.

Comment l’ESS peut être un atout pour la réindustrialisation des territoires ?

Maîtriser l’impact environnemental en ayant une activité industrielle ? C’est ce que permettent les entreprises de l’ESS qui mixent performance économique et performance extra-financière (impact social, territorial et environnemental). En cela, l’ESS fait sens car elle permet une transition vers une économie circulaire qui ne se limite pas seulement aux enjeux environnementaux, mais englobe aussi des dimensions économiques et sociales majeures. 

Le saviez-vous ?

L’ESS représente aujourd’hui 14 % des emplois du secteur privé et 10 % du PIB.

C’est pourquoi nous nous engageons, à la Banque des Territoires, en faveur du développement local, l’innovation sociale et la transition écologique en soutenant ces projets d’entreprises à impact social et environnemental. D’autant plus dans un contexte où, pour atteindre l’objectif préconisé par les pouvoirs publics de générer 12 % de PIB par les activités industrielles à l’horizon 2035, il sera nécessaire de créer 600 000 à 800 000 emplois et une nette accélération de la production industrielle.* 

*Source : rapport Bpifrance / Banque des Territoires « La réindustrialisation en France : regards croisés entre territoires, industriels et citoyens » 

L’ESS est à même de jouer un rôle important à l’heure de la réindustrialisation, en favorisant l’insertion, la relocalisation des activités et les filières courtes, pour plus de cohésion sociale et territoriale. 

Christophe Genter, directeur du département cohésion sociale et territoriale, Banque des Territoires

La Banque des Territoires et Intercommunalités de France ont publié une synthèse d’étude dressant un état des lieux de la contribution actuelle des entreprises de l’ESS à l’industrie. Cette étude propose des pistes pour donner un coup d’accélérateur à l’activité industrielle des ESS. Le document souligne notamment l’importance de développer les coopérations territoriales entre les entreprises de l’ESS et les entreprises industrielles conventionnelles pour multiplier des initiatives d'économie circulaire.

Que ce soit pour favoriser l’emploi, l’attractivité, ou la décarbonation de leur territoire, les acteurs de l’ESS disposent d’une capacité à déployer des solutions concrètes dans leur développement. La Banque des Territoires accompagne de bout en bout ces acteurs de l’économie sociale et solidaire. Retour sur deux d’entre eux.

ESS et industrie : quelques chiffres clés

 

  • 1 367 entreprises de l’ESS, employant 43 000 salariés, ont une activité industrielle ;
  • 4 types d’activité sont portées par l’ESS : fabrication de produits finis et semi-finis, sous-traitance industrielle, économie circulaire et services RH dans l’industrie ;
  • 1 entreprise adaptée sur 2 et 20 % des entreprises d’insertion et entreprises de travail temporaire d’insertion ont une activité industrielle.

Source : Etude Banque des Territoires et Intercommunalités de France « Réindustrialisation : l’ESS comme levier de croissance » 

Vesto : industrialiser le reconditionnement de matériel professionnel de cuisine

Créée en 2020, Vesto est une société spécialisée dans la collecte et le reconditionnement de matériel professionnel de restauration. Elle propose à ses clients la prise en charge intégrale du circuit de reconditionnement de machines du CHR (Café-Hôtellerie-Restauration). 

Fondée par 3 associés, Vesto a pour vocation de lutter contre les 30 000 tonnes de matériel de restauration jetés chaque année. Quels types de matériels ? Armoires réfrigérées, fours, fourneaux, tunnels de lavage, lave-batteries, congélateurs, etc.

Le reconditionnement du matériel passe par 4 phases clés : 

  1. Audit du matériel reçu ;

  2. Reconditionnement avec changement de pièces défectueuses ;

  3. Nettoyage ;

  4. Cosmétique.

A ses débuts, l’entreprise s’est installée dans un atelier de 1 000 m² à Romainville (93) afin de développer un prototype de modèle de reconditionnement. Rapidement, l’entreprise s’est développée et a systématisé son processus de réemploi. Grâce à une levée de fonds à laquelle la Banque des Territoires a participé, l'entreprise s’est installée dans une usine de 7 000 m² à Compans (77), et franchit ainsi une nouvelle étape dans son industrialisation. 

Vesto a réussi le pari ambitieux de structurer une filière de seconde main pour le matériel professionnel de restauration, avec en tête l’objectif de faire entrer le réemploi dans les restaurants et les cuisines collective pour répondre aux objectifs fixés par la loi AGEC et ses décrets sur le gros électroménager et les appareils professionnels dans la commande publique (20% de réemploi en 2024, 30% en 2030).

Le saviez-vous ?

Chaque tonne de matériel reconditionnée par Vesto correspond à 8 T de CO2 évitées. Vesto a déjà permis d’éviter 1359 tonnes de CO2 par le réemploi d’équipements vendus à plus de 300 établissements clients.

Au-delà de l’aspect environnemental, Vesto développe également des parcours d’insertion par l’emploi, avec le soutien de structures locales spécialisées dans l’insertion. L’ADN de l’entreprise est fidèle aux valeurs de l’ESS : impact social et écologique positif, réemploi, éco-responsabilité mais aussi l’inclusion par l’emploi. 

A terme, Vesto ambitionne de diversifier ses activités pour créer de nouvelles filières de reconditionnement : le luminaire industriel, la blanchisserie, l’outillage électroportatif professionnel, la caféterie et la restauration rapide. 

Ecodair : un reconditionneur informatique à vocation sociale

Créée en 2004, Ecodair accueille, insère et forme des personnes éloignées de l’emploi autour des métiers du reconditionnement informatique, dans une démarche d’inclusion et d’économie circulaire. En donnant une nouvelle vie à ces équipements, Ecodair met au cœur de ses engagements l’impact écologique, la solidarité et la qualité de service. Ecodair rend également accessible le matériel informatique à des personnes qui n’ont pas la possibilité de s’équiper avec du matériel neuf et contribue aussi à réduire l'empreinte carbone du numérique.

L’association rassemble aujourd’hui, dans 5 implantations en France (Paris, région parisienne, Rhône-Alpes, PACA, Pays-de-Loire), plus de 170 personnes dont 70 % en situation de handicap ou d'insertion. En 2023, Ecodair a connu une croissance de près de 20 % de son activité. Ecodair accompagne des personnes en situation de handicap ou de précarité professionnelle vers l'emploi, en leur proposant des formations certifiantes et des mises en relation avec des employeurs du secteur. 

Ses missions se structurent autour de 3 activités : 

  1. La vente d’équipements informatiques reconditionnés ;

  2. Le traitement des déchets D3E (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) et le réemploi ;

  3. La gestion de fin de vie de parc informatique.

Pour accompagner son changement d’échelle, la Banque des Territoires a participé à la dernière levée de fonds de la société d’un total de 3,5 M€, signe d’un engagement fort en faveur de l'inclusion et la durabilité.

Le saviez-vous ?

Ecodair c’est plus de 7000 T d’émissions de CO2 évitées et 36 000 appareils reconditionnés en 2023.